Bonne nouvelle pour les 15 000 salariés calédoniens qui étaient au chômage partiel spécifique aux émeutes en septembre. À l'unanimité, ce 23 décembre, les élus du Congrès de Nouvelle-Calédonie ont décidé de prolonger le dispositif jusqu’au 30 juin 2025. "D'après la direction de la Cafat, la mesure ne posera pas de problème de trésorerie pendant les deux premiers mois de l’année", indique Philippe Dunoyer, qui a présenté l'amendement.
Ensuite, il faudra trouver des financements. Et donc convaincre l'État de poursuivre son soutien. "Quand le Congrès a voté la mise en place de la mesure en juin, il n’y avait pas les financements non plus", rappelle l'élu Calédonie ensemble.
Un risque "d'émeutes de la faim"
Il s'agit d'une urgence, soulignent les élus d'une même voix. "Si une dépense ne peut pas être effacée, c'est celle-ci. Il n'y a rien de plus urgent", lance Philippe Dunoyer. Sans, "ces familles, et nous avec, serons entraînés dans un nouvel abîme économique et social qui pourrait se traduire par des émeutes de la faim, nous sommes plusieurs à le penser." Le sénateur indépendantiste Robert Xowie avait déjà alerté Paris sur le sujet en novembre. Mais quelques jours plus tard, la délégation interministérielle aurait prévenu les organisations patronales de l'arrêt du financement du dispositif, assure Philippe Dunoyer.
Le non de l'État est insupportable, il sera mortifère pour l’économie, désastreux pour les familles calédoniennes.
Philippe Dunoyer, élu Calédonie ensemble
"Plusieurs entreprises ont déjà initié des mesures de licenciement en prévision de la fin du chômage partiel", poursuit-il, évoquant 3 000 chômeurs de plus. Or, le chômage total représente 75% du salaire minimum garanti (SMG), rappelle-t-il. "Qui peut vivre avec ça en Nouvelle-Calédonie ?", lançait-il avant la séance du Congrès.
23 milliards alloués au chômage partiel en 2024
En mars et en juin, pour aider les entreprises à faire face à la crise du nickel et aux conséquences des exactions, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie avait élargi le dispositif de chômage partiel général. Objectif : maintenir des salariés dans l'emploi malgré une activité réduite, pour conserver des compétences sur le territoire et assurer un revenu à un maximum de Calédoniens.
Concrètement, la Cafat indemnise les entreprises à hauteur des heures non travaillées par leurs employés. En 2024, 23 milliards ont été alloués.
L'indemnisation en baisse
Difficile d'évaluer le coût pour 2025. Mais tous les élus espèrent une reprise de l'économie. Ils ont également adopté des changements dans les modalités d’indemnisation. Jusqu’à présent, une personne pouvait être indemnisée à hauteur de 70% de sa rémunération brute, dans la limite de 2,5 fois le salaire minimum garanti.
Dans le nouveau texte, la somme touchée ne pourra pas être supérieure à 60% de la rémunération nette de la personne concernée, dans la limite de deux fois le SMG.