Le 19 juin dernier, des personnalités de la société civile de la Nouvelle-Calédonie se sont réunies en collectif pour promouvoir un retour à la paix par le dialogue. Les entraves rencontrées sur les routes ne leur permettent pas de se rendre en province Nord. Depuis un mois, l'essentiel de leurs rencontres s'effectue sur les communes du Grand Nouméa.
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L’idée de faire société ensemble n’est pas une idée abandonnée.
Patrice Godin
De citoyens à citoyens
- Volonté de faire société
Les membres du collectif ont rencontré des habitants de quartier, des personnes sur les barrages, de toutes les communautés, de toutes les opinions, pour essayer de récolter les doléances, les colères, les souffrances.
"Pour le moment, notre action s’est cantonnée au Grand Nouméa." Ces rencontres ne sont pas médiatisées pour avoir une parole libre. "Le sentiment que nous avons sur le terrain, dans la rencontre avec les acteurs, est qu’il y a une volonté de dialogue et que l’idée de faire société ensemble n’est pas une idée abandonnée. Et le but du collectif, que nous avons constitué au lendemain du 13 mai, c’est aider à faire advenir ce dialogue."
- Retrouver le chemin du dialogue
Comment retrouver le chemin du dialogue ? Selon l'anthropologue : "C’est aux politiques de le trouver. Il y aura un débat politique. Il n’est pas de leur ressort. En revanche, l’ensemble des membres du collectif feront tout leur possible pour que la société civile puisse avoir son mot à dire : des patrons, des syndicats, des employés, des consommateurs, que tout le monde ait voix au chapitre."
Il y a une volonté de dialogue et l’idée de faire société ensemble n’est pas une idée abandonnée.
Patrice Godin
- Un sentiment d’injustice, une jeunesse mal comprise
Aujourd’hui, elle a le sentiment d’être mal comprise, d’être victime d’injustice. Il faut entendre ces cris là. Et il n’y a pas que cette jeunesse là, il y a toute la société à comprendre. Il est important de poser ces problèmes sur la table et de ne pas les esquiver.
Patrice Godin
Les législatives 2024
- L’entrée d’Emmanuel Tjibaou en politique
Patrice Godin a côtoyé et a travaillé avec le défunt leader indépendantiste Jean-Marie Tjibaou. A l’issue des législatives de juillet dernier, Emmanuel Tjibaou a été élu. Un second indépendantiste depuis Rock Pidjot élu entre 1964 et 1986. Une élection historique puisque pour la première fois, siègent au parlement un sénateur et un député de l’Union calédonienne.
"Pour ceux qui connaissent Emmanuel Tjibaou, c’est avant tout un chercheur et un acteur culturel. Il s’est engagé pour porter une parole politique qui soit en adéquation avec la vision de la culture, de la place de la culture et avec sa vision d’indépendantiste, vision héritée de celle de son père."
- La légitimité des urnes
"Chacun est sur des positions assez claires. On va voir s’ils sont capables de discuter, de faire évoluer la situation en Nouvelle-Calédonie par rapport aux appareils politiques dans lesquels ils s’inscrivent, s’ils arrivent à faire entendre la voix de la Nouvelle-Calédonie à Paris. Une chose est sûre : ils sont élus. Personne ne peut contester leur légitimité."
- La société plurielle calédonienne est-elle en danger ?
Au fil des rencontres, ces dernières semaines, l'anthropologue a le sentiment que, "malgré ce qui se passe en ce moment, malgré les difficultés qui s’annoncent, malgré ce que l’on peut prendre comme des échecs du passé, sans doute les occasions ratées, cette société a envie, justement de faire société. Nous sommes condamnés à l’union."