Crise en Nouvelle-Calédonie. Païta, une commune qui a perdu de très nombreux services de proximité

Plus de bus, ni de supermarché, ni de distributeur de billets, ni d’agence OPT à Païta depuis le début des émeutes en mai 2024.
Après plusieurs semaines de violences, le calme est revenu à Païta, mais la vie quotidienne reste difficile pour la population privée de nombreux services et commerces.

Ce jeudi 11 juillet, les cantinières de Païta préparent le repas du midi. Une situation qui peut paraître anodine, mais qui marque le début d’un retour à la normale pour la population. "Pour la première fois depuis le 13 mai, les enfants vont pouvoir aller à la cantine aujourd'hui dans les écoles communales, maternelles et élémentaires. En classe, il y a des taux de présence relativement importants, constate Antoine Romain, secrétaire général de la mairie de Païta. C'est important pour les enfants. Je pense que c'est important pour les parents. C'est également important pour la vie de la société." 

"On revient à zéro"

Une société qui est encore privée de nombreux commerces et services. Il n'y a plus de bus, ni de supermarché, le distributeur de billets a été détruit et l’agence OPT est fermée. Seul un service minimum de distribution du courrier a été délocalisé au dock socioculturel.

Alors, certes, la vie continue, mais les habitants sont dépités. "Il n'y a plus grand-chose ici. Je viens d'une génération qui a vu tout se construire, là on revient à zéro", regrette Emile, qui habite Païta. "On est obligé d'aller sur Nouméa pour s'acheter du riz et faire les courses, constate Sapeta Oudoudopé, qui habite elle aussi Païta. "C'est pareil pour les stations, heureusement pour nous qu'il y en a une qui vient d'ouvrir. C'est vraiment dommage. Ce n'est pas pour moi personnellement, mais c'est plutôt pour les personnes âgées."

Plus d'un milliard de francs

La mairie a fait ses comptes. Il faudra plus d’un milliard de francs pour reconstruire les infrastructures publiques, à condition de trouver l’argent. "On est évidemment en discussion avec nos partenaires classiques, que ce soit l'Etat, la province Sud ou le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, poursuit Antoine Romain. Nous gardons bien à l'esprit que les dotations qui arrivent sur nos collectivités seront en nette diminution. La ville de demain, ça ne sera pas celle qu'on avait prévue pour cette année 2024 et certainement pas pour 2025."

Pour l’heure, pas de grands travaux sur le calendrier de la commune, mais des opérations de nettoyage pour faire disparaître les traces de huit semaines de violences et d’exactions.

Le reportage de Caroline Antic-Martin et Franck Vergès :

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