"Décoloniser les mémoires de l’esclavage" : un colloque universitaire est consacré à la question en Martinique

Public du colloque mémoire de l'esclavage sur les bancs du campus de Schoelcher.
L'université des Antilles et Le Mans université, organisent le colloque : "Décoloniser les mémoires de l’esclavage" sur le campus de Schoelcher. L'invité d'honneur est Norman Ajari, jeune chercheur franco-américain, auteur en 2014, d'une thèse intitulée ''Race et violence : Frantz Fanon à l'épreuve du postcolonial''.

Ce colloque invite à envisager comment repenser les espaces mémoriels et les représentations des lieux du trauma. Il propose d’aborder la manière dont les mémoires de l’esclavage pourraient être formulées et représentées différemment dans le présent afin de décoloniser les esprits et les mentalités.

À titre d’exemple, ce désir de décolonisation culturelle et de changement se manifeste par l’utilisation consciente d’un vocable nouveau dans la langue anglaise. En effet, il est primordial de rompre avec l’esprit de la colonisation qui a réduit l’individu à une marchandise dans les comptes du commerce triangulaire. Il s’agit de changer la manière dont se conçoit l’asservissement de l’autre dans les esprits en utilisant des mots qui attirent l’attention sur les personnes (enslaved) dont le droit à la liberté est retiré par un système qui déshumanise (enslavement) plutôt que sur un statut (slave).

L’action des propriétaires d’esclaves est également mise en lumière par le vocable enslaver employé à la place de celui de master. S’il est vrai que la traduction du terme enslaved en français (esclavisé) commence à être utilisé en France dans les recherches les plus récentes sur l’esclavage, comment ce glissement sémantique s’applique-t-il véritablement en français ou dans d’autres langues comme l’espagnol ?

Le colloque "Décoloniser les mémoires de l’esclavage" a pour invité d’honneur : le philosophe américain Norman Ajari.

Décoloniser les mémoires de l’esclavage consisterait en effet à modifier le cadre terminologique donné tout autant que les modes de penser le passé et la place des individus dans l’Histoire.

Comment les arts et la littérature participent-ils à changer la manière dont est
représenté et commémoré le passé de l’esclavage ? Quelles techniques narratives ou picturales permettent de repenser les dynamiques de pouvoir qui ont produit une culture hégémonique laissant peu de place à l’humanité de l’Autre ?

Comment les universitaires et enseignants s’expriment-ils en rapport avec l’article 2 de la loi Taubira qui affirme : "Les programmes scolaires et les programmes de recherche en histoire et en sciences humaines accorderont à la traite négrière et à l’esclavage la place conséquente qu’ils méritent" ?

Ce colloque invite les intervenants à analyser comment le passé de l’esclavage peut devenir l’objet d’une mémoire commune au-delà des récits de l’abolition.

Voir le programmé détaillé du colloque ICI en présence ce Norman Ajari.