La délinquance est en augmentation, en Guadeloupe. Localement, c’est un retour en arrière qui est observé, puisqu’elle revient au niveau de 2015, année peu glorieuse en la matière. La hausse est progressive, depuis les années marquées par l’épidémie de Covid-19.
Durant le premier semestre 2024, 209 vols à main armée (dits "VAMA" dans le jargon judiciaire) ont été recensés, contre 178 en 2023 sur la même période. Ces faits ont très majoritairement eu lieu sur la voie publique.
Il s’agit surtout de délinquance d’opportunité ; les malfaiteurs s’attaquent à des personnes spontanément, pour leur dérober un bijou, de l’argent, un deux-roues, voire même une voiture. Les actes sont rapides et imprévisibles. La problématique contre laquelle il faut lutter est donc la circulation des armes à feu, très utilisées pour menacer les victimes, voire pour en faire usage.
La coordination des services d’enquête
Quelles sont les dispositifs et actions des forces de sécurités et de la justice, dans l’archipel, pour faire face à de tels faits et aux autres vols avec violences ?
Pour les présenter, une conférence de presse était organisée, ce mercredi matin (17 juillet 2024), au sein du tribunal de Pointe-à-Pitre ; une initiative de la procureure de la République Caroline Calbo, en partenariat avec le commissaire divisionnaire Christophe Gavat, directeur de la police nationale de Guadeloupe et du général Vincent Lamballe, commandant la Gendarmerie de Guadeloupe.
La centralisation des différentes enquêtes, au sein des brigades de recherche (service de gendarmerie) et de la brigade de répression du banditisme (service de la police nationale), est l’un des principes qui participent à une résolution rapide de très nombreux cas. Les différents services d’enquête échangent des renseignements, sachant que les fautifs circulent et, en général, ne se cantonnent pas à un secteur limité.
La gendarmerie de Guadeloupe mise aussi sur la coopération internationale, pour son "Plan armes". Les militaires mènent des opérations spécifiques quotidiennement et ont réorganisé leur service de renseignement criminel.
La police, quant à elle, a renforcé les effectifs de la brigade de répression du banditisme (BRB).
Ainsi, plus d’un fait sur deux est résolu.
Idem au sein du groupe local de traitement de la délinquance, qui est spécialisé sur les armes et qui rassemble, la préfecture, la police, la gendarmerie et la douane, notamment. Cette mutualisation des moyens permet de renforcer la répression contre les trafiquants d’armes.
Le résultat est honorable : environ 400 armes ont été retirées du circuit, en 2023.
Les interpellations sont en augmentation. Elles concernent aussi des démantèlements d’équipes de malfaiteurs.
- Prenons pour exemple un dossier actuellement à l’instruction, dans lequel neuf personnes ont été placées en détention provisoire, soupçonnées d’avoir commis 32 vols avec arme et, dans certains cas, de tentatives de meurtre, sur l’ensemble du territoire.
- Autre affaire qui progresse : celle relative à la très violente agression d’un homme d’une vingtaine d’années, à l’Assainissement, à Pointe-à-Pitre, le 12 mars dernier. La victime, grièvement blessée, a reçu au moins 5 balles, pour ce qui semble être une simple tentative de vol de chaine en or. Trois individus ont été interpellés, identifiés grâce aux caméras de vidéosurveillance de la Chambre de commerce et d’industrie des îles de Guadeloupe (CCI IG).
A noter, par ailleurs, que les sanctions infligées aux mis en cause sont désormais plus importantes.
Une personne risque un an de prison ferme pour port d’arme illégale.
On pense qu’une affaire sur deux est résolue par les services d’enquête et, nous derrière [NDLR : le Parquet], on essaie de suivre. Donc, il y a cette coordination des services d’enquête police/gendarmerie, parce qu’on sait bien que les faits ne sont pas commis qu’en zone police, ni qu’en zone gendarmerie, mais que les équipes, qui sont parfois composées de mineurs et de majeurs, circulent. Et, donc, on essaie de regrouper les faits et de les poursuivre pour tous, devant la justice. Le but est qu’ils soient sanctionnés de la manière la plus forte possible.
Caroline Calbo, procureure de la République de Pointe-à-Pitre
Des mineurs au cœur des mauvaises actions
Souvent, les bandes sont composées de mineurs, qui sévissent en réunion et en série. Dès qu’ils tombent dans le filet de la justice, avant de répondre d’être jugés, ils peuvent être placés sous contrôle judiciaire, ou en foyer.
Autre poste d’action, pour faire reculer les chiffres de la délinquance : faire de la sensibilisation auprès des jeunes, en milieu scolaire, en collaboration avec le rectorat.
A noter que la Guadeloupe est aussi le deuxième département français, pour le nombre d’homicide à déplorer.