Dengue : face à l'augmentation des cas, les agents de lutte anti-vectorielle mobilisés à Saint-Joseph

Opération de lutte anti-vectorielle
Les cas de dengue sont en recrudescence à La Réunion. Avec près de 260 cas recensés depuis le début de l'année, l'ARS veille au grain pour éviter l'épidémie. La cellule de lutte anti-vectorielle intervient actuellement à Saint-Joseph, où la moitié des cas de dengue a été observée dernièrement.

La dengue est de retour à La Réunion : depuis le début de l'année 2024, le nombre de cas ne fait que croître, sans toutefois atteindre le niveau épidémique... pour l'instant. 

Toutefois, le nombre de cas recensés est bien supérieur à celui de 2023 à la même période. 258 cas avaient été avérés au 22 mars 2024, contre 53 cas à la mi-mars 2023. L'an dernier, le nombre de cas de dengue avait chuté, après quatre ans d'épidémie de cette maladie transmise par le moustique. 

"Intensification de la circulation virale autochtone"

Le 22 mars dernier, face à la recrudescence des cas de dengue, le préfet de La Réunion et le directeur général de l'ARS de La Réunion ont ainsi décidé d'enclencher le niveau 2B du dispositif ORSEC de lutte contre les arboviroses, correspondant à "l'intensification de la circulation virale autochtone" et au "risque d'évolution en épidémie". 

La moitié des cas à Saint-Joseph

Parmi les 108 cas de dengue constatés en deux semaines du 26 février au 10 mars, une grande majorité sont concentrés dans le sud de La Réunion. Mais une commune est plus particulièrement touchée par cette pathologie transmise par le moustique : 55 cas ont été recensés à Saint-Joseph, soit la moitié des cas. 

"Cela traduit une recrudescence du nombre de cas sur l’île, associée à une dispersion grandissante dans l’île. En effet, si plus de la moitié des cas (51%) ont été identifiés à Saint-Joseph où l’on observe plusieurs regroupements actifs de cas, le nombre de communes concernées par au moins un cas de dengue a augmenté"

Agence régionale de santé (ARS) de La Réunion

Traque aux gîtes larvaires et conseils aux habitants

Voilà qui nécessite l'intervention des agents de l'Agence régionale de santé (ARS) de La Réunion dans les zones où la circulation de la dengue est observée. 

Opération de lutte anti-vectorielle

Dans ce quartier de Saint-Joseph ce jeudi, Loïc et Judex, deux agents de l'ARS passent de maison en maison pour visiter et scruter les cours. Une personne malade de la dengue y a été recensée, ce qui a provoqué le passage de ces agents de lutte anti-vectorielle afin d'éliminer les gîtes larvaires du secteur, notamment ceux qui auraient échappé à la vigilance des occupants.

Ils échangent également avec les riverains, leur apportant notamment des conseils en cas d'observation de moustiques. 

Regarder le reportage de Réunion La 1ère : 

Parmi les cas de dengue recensés ces dernières semaines, la moitié est à Saint-Joseph. Alors les équipes de lutte anti-vectorielle passent de maison en maison. ©Réunion la 1ère

"Il y a énormément de moustiques"

A l'examen rapide de ce jardin, selon Judex "ça paraît nickel".

"Apparemment cette dame fait attention à tout ce qui dit eau stagnante, elle ne garde pas de récipients qui puissent garder l'eau, la végétation est légère, l'air circule. Elle serait plutôt à l'abri, tout est fait pour ne pas avoir de moustiques"

Judex, agent lutte anti-vectorielle de l'ARS

Pourtant, la résidente de la maison dit avoir constaté davantage de ces insectes que d'habitude. "Il y a énormément de moustiques, on pulvérise de l'anti-moustique sur la peau, on essaie de porter des manches le soir", remarque-t-elle.

Une démoustication s'impose. La deltaméthrine, un insecticide, est pulvérisé dans les minutes qui suivent.

Opération de lutte anti-vectorielle

 

Des gîtes larvaires dans des piscines, gouttières bouchées... 

Les gîtes larvaires peuvent se cacher dans les piscines, dans les fosses septiques, des gouttières bouchées... Des endroits que les agents s'appliquent à systématiquement vérifier dans chaque cour visitée.

Dans celle-ci par exemple, un bac en plastique attire l'attention de Loïc et Judex. Quelques larves y sont déjà visibles. Il sera vidé de son eau. Car dès que de l'eau stagne dans un coin du jardin, surtout à l'ombrage, les larves de moustique-tigre y prolifèrent au bout de trois jours seulement. 

Cachés dans la végétation dense

Parfois, ces insectes nuisibles sont même dans la végétation, lorsqu'elle est bien dense. C'est le cas ici, dans ce buisson à l'arrière d'une maison abandonnée que désigne Judex, agent de l'ARS : "Ça, c'est un abri pour les moustiques : ils se cachent à l'intérieur, pour éviter le vent, les courants d'air, voire le soleil". 

Opération de lutte anti-vectorielle

Lorsque c'est une porte close qui s'offre à eux, en cas d'absence du résident, un petit avis de passage est glissé dans la boîte aux lettres pour prévenir de la circulation de la dengue dans le quartier. 

Des habitations inoccupées

D'autres fois, l'absence de réponse à l'appel des agents peut signifier que l'endroit est inoccupé.  "La maison paraît inhabitée, on va noter l'adresse pour faire un suivi et voir si ça ne provoque pas de nuisances pour les voisins", explique Judex.

Selon Daniel Ferrere, technicien sanitaire de l'ARS, il y a au moins une maison abandonnée dans chaque quartier visité. Lorsqu'ils peuvent y accéder, la démoustication intervient. 

Période de vigilance 

"On est plutôt sur une période de vigilance. Ce niveau 2B appelle la population à la vigilance, à respecter les consignes habituelles, se protéger des piqûres de moustiques, de consulter dès l'apparition de symptômes et vider les gîtes larvaires", précise Nicolas Hodon, ingénieur coordinateur de l'ARS pour les arrondissements Ouest/Sud. 

12 hospitalisations depuis le début de l'année 

Selon l'ARS, c'est une dengue de type 2 qui circule actuellement. Depuis le début de l'année 2024, la maladie a provoqué 40 passages aux urgences, et 12 hospitalisations. "L’impact hospitalier de la dengue semble augmenter modérément avec 4 hospitalisations recensées entre le 11 et le 17 mars", précisait l'agence de santé la semaine dernière. 

Epidémie à Maurice 

Sur l'île soeur, la dengue circule toutefois activement : il est donc recommandé aux Réunionnais rentrant de Maurice de faire preuve de vigilance et de consulter un médecin en cas d'apparition de symptômes. 

Les gestes recommandés pour lutter contre la dengue 

Pour empêcher les moustiques de s’installer chez soi (dans son jardin, sa cour…) :

• Videz les récipients contenant de l’eau stagnante (coupelles, seaux, plantes qui retiennent l’eau,
pneus usagés, encombrants…)
• Entretenez les gouttières
• Jetez les déchets verts en respectant les jours de collecte
• Contrôlez les réserves d’eau (citernes, collecteurs d’eau de pluie…)
• Couvrez ou rangez les piscines non utilisées…

Pour se protéger des piqûres de moustiques :

• Utilisez du répulsif, des moustiquaires pour dormir et pour les bébés, les personnes alitées…
• Continuez à se protéger, même si on a déjà été malade de la dengue antérieurement

Consulter un médecin dès les premiers symptômes :

Fièvre, maux de tête, douleurs musculaires/articulaires, nausées, vomissements... consultez votre
médecin. Il vous prescrira un prélèvement à réaliser en laboratoire d’analyse médicale pour
confirmation du diagnostic de la maladie.


Si vous êtes malade :

• Continuez à vous protéger contre les piqûres de moustiques pour éviter de transmettre la
maladie à votre entourage et surveillez votre état de santé
• Consultez votre médecin traitant, ou en son absence un service d'urgence, en cas de dégradation
de votre état de santé.