Dictée kréol-français : une finale dans l'hémicycle de Région

Finale de la dictée bilingue français/kréol à la Région
Ce jeudi 29 février 2024, la finale de la dictée bilingue français-kréol a eu lieu à l'hôtel de Région, pour une trentaine de marmailles de CM1 et CM2 apprenants en langue vivante régionale.

Bana té 80 marmay zordi pou particip la finale dikté bilingue fransé kréol. In fason met en lèr nout lang kréol ke zot i aprenn lékol. 

Agard' lo reportaz Réunion La 1ère : 

La finale de la dictée créole-français s'est tenue ce matin dans l'hémicycle de Région ©Réunion la 1ère

Il y a quelques jours, le 20 février dernier, ce sont les élèves de CM1, CM2, 4ème et 3ème des filières langue vivante régionale de l'académie de La Réunion, qui avaient participé à une dictée bilingue, à l'occasion de la journée internationale de la langue maternelle.

Finale de la dictée bilingue français/kréol à la Région

 

Dans l'hémicycle de Région

Dans la continuité, ce jeudi 29 février 2024, 37 élèves de CM1 et de CM2, apprenants en créole, sont venus de toute l'île et ont pris part à la grande finale de cette dictée bilingue, réunis dans l'hémicycle de l'hôtel de Région au Moufia. Une dictée animée par Jean-Laurent Faubourg, qui s'est faite aussi en visioconférence avec Saint-Pierre pour la quarantaine d'autres petits participants. 

Finale de la dictée bilingue français/kréol à la Région

Dictée donnée par Huguette Bello et Pierre-François Mourier

C'est d'ailleurs la présidente de Région, Huguette Bello qui a donné la dictée aux marmay en créole. Pour la dictée en français, c'est le recteur d'académie Pierre-François Mourier qui s'en est chargé.

Un moment "historique" 

Selon le recteur, il s'agissait ce matin d'un moment "historique". 

"C'est la première fois dans l'histoire de l'académie, qui a 40 ans cette année, qu'on reconnaît l'égale dignité de langue par cette dictée bilingue", sourit Pierre-François Mourier, qui se distingue depuis son arrivée par son engagement pour l'apprentissage de la langue vivante régionale.

"On affirme ainsi que l'apprentissage de deux langues en même temps, c'est un moyen extraordinaire de s'ouvrir au plurilinguisme, c'est ma conviction personnelle. Quand on a la chance d'avoir 80% d'enfants dont la langue maternelle est le créole, il faut en profiter pour faire fonctionner ensemble le créole et le français".

Pierre-François Mourier, recteur de l'académie Réunion

Montrer la nécessité de respecter les règles 

L'exercice de la dictée, dit le recteur, est un bon exemple de la nécessité de respecter les règles, quelle que soit la langue. "C'est un exercice qui est contraint, qui montre que, et le français et le créole ont des règles. Et que ces règles, il faut les respecter si on veut bien maîtriser les deux langues", souligne-t-il. 

"Ça participe du vivre-ensemble réunionnais"

L'enseignement du créole, "à la poésie particulière", participe selon Pierre-François Mourier, à la richesse pédagogique de l'académie. 

"On a bien vu, dans la dictée de madame Bello et la mienne, que c'était le même texte, mais que ce n'étaient pas les mêmes sentiments qui étaient convoqués. Ça permet vraiment d'avoir une offre pédagogique complète pour nos enfants. C'est pour ça que c'est historique, c'est pour ça que c'est vraiment utile. Une langue, c'est une culture. Tout ça, ça participe du vivre-ensemble réunionnais, qui repose précisément sur cet échange entre les langues"

Pierre-François Mourier, recteur de l'académie Réunion

 

Retrouvez la dictée en créole donnée à l'hémicycle de l'hôtel de Région ce jeudi 29 février 2024 : 

"C'est un grand jour"

Pour la présidente de Région, ancienne enseignante de métier, la lecture de cette dictée en créole revêtait un caractère particulier. "C'est une langue qui a été étouffée. Aujourd'hui c'est donc un grand jour. Aujourd'hui, il est nécessaire que l'enseignement se fasse à la fois en français et en créole. C'est heureux que les deux langues soient respectées", a commenté Huguette Bello. 

"Moin lété maîtresse d'école depuis 1968, et on n'avait pas le droit de faire ça. Moin moin lé content pou bann ti marmay La Réunion, zot lé fier zot lang. Nous on était grondés lorsqu'on parlait créole, on était bouches cousues dans la classe" 

Huguette Bello, présidente de Région

Une première dans l'hémicycle 

La présidente de Région n'était pas peu fière du lieu choisi pour la tenue de cette grande finale de dictée bilingue. L'hémicycle de l'hôtel de Région, où élus de la majorité et de l'opposition échangent sur les projets pour l'avenir de l'île. 

"Les enfants sont heureux, ils viennent là dans un lieu où il y a des débats, en français et en créole. Ca fait réfléchir, et ça peut faire naître aussi des vocations. Quand on voit des jeunes Réunionnais agrégés en créole, c'est formidable !", conclut-elle. 

Une graphie unifiée à respecter

Finale de la dictée bilingue français/kréol à la Région

Ces élèves apprenants en créole, qui sont inscrits en filière langue vivante régionale, ont dû respecter les règles de syntaxe et de graphie propres au créole réunionnais. C'est une graphie unifiée qui a été définie depuis la rentrée scolaire 2020 par un groupe de travail. Elle reprend une grande partie de la graphie dite "77", avec des aménagements empruntés à la graphie "Tangol". 

Finale de la dictée bilingue français/kréol à la Région

Actuellement, plus de 7 000 élèves à La Réunion sont inscrits dans un parcours langue vivante régionale, de la maternelle à l'agrégation, selon les chiffres du rectorat.