Il était connu comme un homme discret. Dominique Molé aimait se décrire comme un « pragmatique ». Aîné d’une fratrie de neuf enfants, il naît en 1959 dans une famille de pasteur.
L’enfant de Lifou découvre la Grande Terre au gré des affectations de son père, de la tribu de Poï à Touho, à la tribu de Pothé à Bourail ou encore à la tribu de Nepou à Poya, et même Nandaï où son père devient l'aumônier du camp militaire.
Une formation d'éducateur spécialisé en Métropole
Après sa scolarité au lycée Blaise Pascal, il part ensuite se former en Alsace comme éducateur spécialisé. Dans l’Hexagone, le jeune étudiant kanak découvre les joies de la montagne : le vélo, le ski, mais aussi l’ascension du Mont-Blanc en 1984. Un fait d’arme, arraché dans la douleur, dont il était très fier raconte ses proches.
De retour au pays, Dominique Molé exerce comme éducateur spécialisé au foyer de Néméara à Bourail. Puis il est nommé directeur général de l'APEI, l'association des parents et amis de personnes handicapées intellectuelles.
De 1995 à 1997, grâce au dispositif 400 cadres, il complète son cursus à Pau, en se spécialisant dans l’aménagement du territoire. Une nouvelle corde à son arc, qui lui ouvre les portes de l’administration. Pendant treize ans, de 1999 à 2012, il est secrétaire général de la commune de Lifou au côté des maires UC Robert Xowie, puis de Néko Hnepeune.
Troisième vice-président de la province Sud
Mais en 2014, il s'engage avec les non indépendantistes de Calédonie ensemble pour les élections provinciales. Pari gagnant, il hérite du fauteuil de 3ème vice-président de la province Sud de Philippe Michel, avec pour portefeuilles : le social, la santé, la jeunesse et le sport. En 2019, il fait ensuite campagne avec Jean-Eric Naxué pour une liste commune non indépendantiste dans la province des Iles. Mais sans succès cette fois.
Depuis trois ans, Dominique Molé travaillait pour les jeunes en difficulté à la DPJEJ (Direction de la protection judiciaire de l'enfance et de la jeunesse), comme chef de service. Il devait prendre sa retraite au mois de juin. Décédé suite à une maladie ce samedi 13 mai, il laisse derrière lui une épouse et quatre enfants.
Des hommages politiques
Dans un communiqué, la province Sud souligne que "Dominique Molé manifestait son humanisme par une attention aux autres quotidienne". Pendant son mandat en 2016, il avait appellé dans un discours à « redonner à notre jeunesse la possibilité de s’épanouir, de vivre pleinement son époque en s’appuyant sur ses racines, en faisant de ses marqueurs identitaires une force et un atout, et non une faiblesse. »
Hélène Iekawé, son ancienne collègue de Calédonie ensemble, membre du gouvernement entre 2015 et 2019, présente "un homme avec des valeurs de progrès. Il s'était affranchi des barrière culturelles, politiques, personnelles et coutumières, ainsi que son ancien poste de secrétaire général, qui empêchent les hommes de notre communauté à sortir de leur confort. C'était quelqu'un de très accessible et un bon vivant."