Élections législatives 2024. Consignes de vote et appels aux urnes, à l'approche du second tour

Après les considérations mathématiques des reports de voix en prévision du second tour, les considérations purement politiques : les consignes de vote des différents mouvements calédoniens. Des consignes qui peuvent sembler superflues, tant les résultats du premier tour ont de nouveau "sacralisé" l'habituel affrontement entre loyalistes et indépendantistes. Tour d'horizon, mis à jour au fur et à mesure des annonces. 

L'intersyndicale des retraités leur demande d'aller voter

Pas d'orientation politique exprimée par l'intersyndicale des retraités, qui regroupe le Soenc retraites, le Syndicat des retraités territoriaux, l'Association des pensionnés civils et militaires ainsi que l'Amicale des retraités des communes rurales. Mais ce jeudi, elle invite "tous les retraités du pays à se rendre dans les bureaux de vote ce dimanche, compte tenu de la situation économique et sociale que vit la Nouvelle-Calédonie".

"Lettre ouverte" de Gaël Yanno face au "risque de voir un député indépendantiste élu"

Il a été député, président du Congrès, premier adjoint au maire de Nouméa. Gaël Yanno prend la plume pour adresser ce jeudi une "lettre ouverte aux Calédoniens qui veulent rester Français". Et d'y écrire : "jamais le risque n'a été aussi grand de voir un député indépendantiste être élu. Face à ce risque réel, l'heure est au rassemblement et à l'union sans faille de tous les électeurs non-indépendantistes derrière nos deux candidats."

Un "soutien autochtone" émanant du Sénat coutumier

Les suggestions de vote ne proviennent pas seulement des mouvements politiques. Une partie du Sénat coutumier, par exemple, prend position dans un communiqué diffusé ce jeudi. Il est notamment signé par dix sénateurs et six présidents de conseil coutumier. "Nous appelons les électeurs autochtones kanak, océaniens et en particulier la jeunesse à se mobiliser massivement pour porter à l'Assemblée nationale deux jeunes enfants du pays pour occuper ce levier institutionnel", écrivent-ils.

Les appels de l'UGPE

L'Union des groupements des parents d'élèves entend aussi se faire entendre. "L’UGPE ne donne traditionnellement pas de consignes de vote pour les scrutins nationaux ou même locaux", dit-elle dans un communiqué, ce jeudi. "Cependant, le contexte actuel empreint de beaucoup de violences et d’incompréhensions nous amène à lancer un appel à tous les citoyens du pays pour le second tour des élections législatives." Ou plutôt des appels, à lire ci-dessous.

Le Rassemblement national, "anti-indépendantiste", ne donne pas de consigne de vote

Dans la première circonscription, le candidat Rassemblement national, Simon Loueckote, a recueilli 2 562 voix au premier tour. Pour le second, les représentants du parti entendent suivre sa ligne en ne donnant pas de consigne, puisque le parti du président appelle à faire barrage au RN. "En ce qui nous concerne, on respecte la consigne de vote puisque ce sont des gens qui nous combattent", a déclaré Alain Descombels ce mercredi à NC la 1ère. "Chaque Calédonien est libre de son droit." Mais de rappeler "que nous sommes anti-indépendantistes". Des représentants qui l'affirment, si le RN remporte ces élections, il soutiendra la reconstruction de la Calédonie. 

L'Éveil océanien "laisse la liberté de choix"

Lors d'une autre conférence de presse, ce mercredi, l'Eveil océanien a choisi également de ne pas appeler à voter pour l'un ou l'autre duelliste. Ses candidats ont obtenu 2 731 voix dans la première circonscription et 8 906 dans la seconde. "La consigne est claire", a indiqué Veylma Falaeo à NC la 1ère. "Nous laissons la liberté de choix à nos adhérents et nos militants. Sachant qu'il y avait un schéma, celui de 2022, d'avoir les deux tendances en représentation. 
Mais libre à chacun de choisir en son âme et conscience."

À Calédonie ensemble, Philippe Dunoyer soutient "le candidat non indépendantiste"…

Au sein de Calédonie ensemble, pas d'homogénéité dans les consignes de vote, livrées ce mercredi par communiqué.

Pour la première circonscription, le député sortant Philippe Dunoyer (5 791 voix) indique que "l'engagement d'un dialogue demeure la priorité absolue" et se dit "en totale opposition avec [les] postures radicales". Cependant, "lors des consultations référendaires, nous avons fait campagne pour le Non à la pleine souveraineté. En cohérence, j'appelle nos électeurs à porter leurs voix sur le candidat non indépendantiste".

…Gérard Poadja ne se prononce pas

En revanche, Gérard Poadja (3 946 voix) ne donne pas de consigne : "Le droit de vote étant individuel et secret, nous considérons qu'il appartient à chaque électeur de la seconde circonscription de se déterminer librement au second tour".

Le FLNKS exprime son soutien aux candidats indépendantistes

Mercredi toujours, dans l'après-midi, le FLNKS réuni à Dumbéa apportait son soutien aux candidats indépendantistes dans les deux circonscriptions. À savoir Emmanuel Tjibaou et Omayra Naisseline, qu'il estime "porteurs à la fois de citoyenneté calédonienne, du vivre ensemble et de l'unité du FLNKS". Une position sans surprise, même si le front n'a pas pu investir de candidats.

Pour le Palika, "les porteurs d'une voie médiane" doivent "se positionner"

Le Palika s'est aussi fendu d'un communiqué en son nom, ce mercredi. Selon le Parti de libération kanak, les résultats du premier tour "démontrent que la question d'indépendance est plus que jamais d'actualité et qu’il n’y a aucune place pour une troisième voie". Par conséquent, "il revient à celles et ceux qui sont les porteurs d’une voie médiane de se positionner de manière définitive et d’apporter les clarifications nécessaires". Le Palika appelle "à se rendre aux urnes en nombre et voter pour les deux candidats Indépendantistes et nationalistes". Il "insiste" aussi "sur la nécessité de faire un front citoyen" aux deux candidats non-indépendantistes.

Les Loyalistes et le Rassemblement se posent en défenseurs de la fermeté et du dialogue constructif

Dans un communiqué commun, les deux partis non-indépendantistes, alliés pour ce scrutin, saluent la forte participation. Garantie, selon eux, "de résultats légitimes et sans-ambiguïté". Ces résultats qualifient leurs candidats Nicolas Metzdorf, dans la première circonscription (39,7 %), et Alcide Ponga dans la seconde (36 %). Ils témoigneraient "du choix clair des Calédoniens non-indépendantistes en faveur d’une ligne qui réclame une réponse ferme face aux récentes violences et qui défend un dialogue constructif avec les indépendantistes démocrates". 

Les Loyalistes et Le Rassemblement voient en leurs deux représentants la seule solution "face au risque majeur de voir des indépendantistes entrer à l’Assemblée nationale et pour préserver l’avenir de la Nouvelle-Calédonie", même pour ceux qui n'auraient pas voté pour eux au premier tour. Un appel du pied aux électeurs de Calédonie ensemble.

Le "constat" de l'UPM

Dans un communiqué, mardi, l'Union progressiste en Mélanésie indique que le choix des candidats Indépendantistes et nationalistes est la conséquence logique d'un constat : "Il n'y a plus d'autre voie possible que celui de l'accession du pays à sa pleine souveraineté par la construction collective d'un véritable destin commun".

L'Union calédonienne "inquiète"

De son côté, l'Union calédonienne (UC) a livré mardi son "analyse de cette séquence électorale" en commençant par remercier les électeurs ayant voté pour les candidats indépendantistes et saluer la forte participation. Une mobilisation que le parti voit comme "une réponse cinglante au passage en force du projet de loi portant sur le dégel du corps électoral à l’Assemblée nationale". L'UC dit toutefois rester "inquiète" de la qualification des candidats "anti-indépendantistes" car ils sont, dit-elle, "les principaux responsables de la situation". Le parti entend donc "amplifier la mobilisation pacifique" et "faire barrage aux deux candidats loyalistes".

Jeudi, dans un autre communiqué, le président de l’UC Daniel Goa a lancé un appel précis. "Appel aux électeurs de l'Eveil océanien, à Souveraineté calédonienne, à Calédonie ensemble à soutenir les candidats indépendantistes et nationalistes dans la première et la deuxième circonscription."

Le MOI appelle à l'union indépendantiste

Pas de communiqué formel pour le Mouvement des Océaniens Indépendantistes, mais un courrier listant ses positions pour le second tour. Courrier virulent à l'encontre des responsables loyalistes qu'il estime responsables des violences des dernières semaines. À grand renfort de majuscules, le MOI appelle ainsi à "mettre un terme définitivement à la carrière de député de M. Metzdorf". Le mouvement appelle aussi à une mobilisation forte, notamment des abstentionnistes, et à "ce que l'ensemble de la mouvance indépendantiste fasse un communiqué commun dans ce sens". De quoi permettre, selon lui, "d'envoyer deux indépendantistes à l'Assemblée nationale" et "un message fort au monde et surtout en France".

La France Insoumise prône le changement

Si elle encourage bien les électeurs à voter pour Omayra Naisseline et Emmanuel Tjibaou, l'antenne locale de LFI met en avant d'autres arguments que l'accès à la pleine souveraineté. Les Insoumis calédoniens disent "soutenir le changement" face à Nicolas Metzdorf qualifié de "candidat du passage en force". Ils se basent aussi sur la politique nationale, appelant à ne pas donner "un député de plus" à " la macronie et le RN, propulsés par les mêmes oligarques qui mènent les peuples à la guerre, dans le seul intérêt d'une poignée de capitalistes qui pillent le peuple et la nature."