A Nouméa, après la colère des commerçants du marché municipal, lundi 21 février, c'est le ras-le-bol des commerçants du centre-ville qui s'est invité dans l'actualité. Ils ont manifesté leur colère dans la rue et jusqu'à la mairie, ce mardi 22 février.
Lutter contre les inondations
Confrontés aux inondations à répétitions, les commerçants estiment que les nouvelles canalisations du quartier sont sous-dimensionnées et dénoncent la lenteur des travaux qui doivent limiter le problème. En effet, le dernier épisode pluvieux, de samedi 19 février, a submergé une dizaine de locaux de la rue Clemenceau.
Plusieurs commerçants du centre-ville ont donc marché mardi matin en direction de l'hôtel de ville. Mais à défaut de voir la maire de Nouméa, Sonia Lagarde, ils ont été accueilli par les forces de l’ordre. Et l'amertume était bien présente, chez les manifestants.
"Pas assurés pour ça"
Alain Flak est gérant d’une boutique de prêt-à-porter. "Je demande au moins des aides pour les meubles qu'on a perdus, la marchandise qui est moisie...", explique-t-il.
Je vends des costumes pour des mariages, qui ont été inondés. J'en ai une quinzaine à donner à nettoyer. La mairie devrait faire un effort, puisqu'on n'est pas assurés pour ça.
Alain Flak, commerçant du centre-ville
La mairie au cœur des crispations
Des travaux d’assainissement seraient prévus en 2023. Mais, pour les commerçants, impossible d’attendre sans que la mairie ne soit partie prenante. "Nous subissons des inondation depuis plus d'un an", explique Alain Navarro, représentant des commerçants de la rue Clemenceau. "Les assurances ne prennent pas en compte les dégâts des eaux car ils proviennent de l'extérieur, de la rue. Nous demandons un soutien financier pour toutes les entreprises touchées dans leur stock et dans leur mobilier", s'indigne le porte-parole.
Une détermination qui serait aussi nourrie par un silence, de la part de la mairie. Celle-ci "a reçu plusieurs lettres recommandées de la part des acteurs économique de la rue. Mais nous n'avons eu aucune réponse", poursuit Alain Navarro.
La faute à La Niña, dit la mairie
Mais pour la municipalité, ces inondations n’ont rien à voir avec la rénovation des canalisations. D’autant que rue Clémenceau, seul le réseau des eaux usées a été changé. Pas celui des eaux de pluie. Le secrétaire général adjoint de la mairie l’assure : si l’eau est montée aussi vite dans les rues, c’est à cause de La Niña. "Personne ne peut dimensionner des réseaux pour évacuer les phénomènes de très forte intensité de type orageux", insiste Philippe Jusiak. "Ce serait du surdimensionnement de réseau, pour des événements rarissimes, et qui coûteraient une fortune au contribuable."
Inondations du centre-ville : Philippe Jusiak, secrétaire général adjoint de Nouméa, joint par Coralie Cochin
Ce n'est pas le réseau d'assainissement qui crée les inondations, au contraire. Quand on refait le réseau d'assainissement pluvial, on le redimensionne plus fort. Il y aurait eu de plus grosses inondations si on ne l'avait pas refait.
Philippe Jusiak, secrétaire général adjoint de la mairie
Pluies records
Du côté de Météo France, on confirme des précipitations records. "On mesure les pluies depuis 1996 sur Nouméa. On n'avait jamais relevé de pluies, en six minutes, à la station de Nouméa", résume Alexandre Peltier, météorologue. Pour les commerçants, La Niña a bon dos. Agnès Lavoix n’en démord pas : "On a eu La Niña il y a dix ans. Il y a eu de l'eau qui montait, jusqu'à notre première marche. Mais qui rentrait très peu dans les commerces."
Rue Clemenceau, le réseau d’eaux pluviales devrait lui aussi être changé… Mais pas avant 2023. Comme dans les autres quartiers, les canalisations seront redimensionnées sur la base des précipitations de ces 50 dernières années.
Mobilisation de commerçant après les inondations à Nouméa, le reportage de Coralie Cochin
Le reportage de Karine Arroyo et David Sigal :