Fin de la grève des contrôleurs aériens mais "le combat continue" pour l'USAC Cgt

Les contrôleurs aériens sont en grève, juste avant le long week-end. (16 mai 2024)
La grève des contrôleurs aériens, lancée par le syndicat USAC Cgt, a pris fin lundi 20 mai comme prévu. À l’issue des quatre jours de mobilisation, le bureau de la direction générale de l'aviation civile à Paris s'est engagé à recompter les vols traités par la tour de Tahiti-Faa'a en 2023 pour leur accorder ou pas un reclassement qui permettrait d'augmenter les effectifs.

Fin de la grève à 7 heures ce lundi matin, comme prévu. Tiarama Lehartel, de l’USAC Cgt, union syndicale de l'aviation civile, dresse le bilan : "il y a eu une forte mobilisation. Je tiens à remercier les collègues qui ont osé faire grève, pour leur courage et leur détermination. Je remercie aussi ceux qui n'ont pas osé, mais qui ont témoigné leur soutien au mouvement social."

Le syndicat est parvenu à obtenir un premier engagement du bureau de Paris : le recomptage des vols traités par les contrôleurs aériens de Tahiti-Faa'a en 2023. "Si le seuil des 65 000 mouvements est atteint, ce que nous pensons, alors le groupe C sera acté. C'est déjà une petite victoire", considère Tiarama Lehartel.

Que revendique l'USAC Cgt ?

Le syndicat est parti en grève jeudi 16 mai, après l'échec des discussions avec sa direction, le service de l'Etat de l'aviation civile en Polynésie française (SEAC/PF, représentant de la DGAC au fenua)... L'USAC Cgt revendique davantage de personnel pour se relayer dans la tour de contrôle, au vu d'une activité importante et d'un trafic aérien de plus en plus dense, selon Tiarama Lehartel. Afin d'obtenir ces effectifs supplémentaires, le syndicat demande à être reclassé en groupe C, comme c'était le cas jusqu'en 2013 "parce qu’on avait les 65 000 mouvements requis pour être dans cette tranche." Depuis leur déclassement en groupe D, les mouvements ont réaugmenté, notamment suite au covid. Et avec l'objectif de 600 000 touristes voulu par le président Brotherson, "le trafic risque encore d'augmenter. Nous, on est contents pour la Polynésie, mais il faut mettre les moyens" plaide la syndicaliste, interrogée par Ibrahim Ahmed Hazi :

Selon Tiarama Lehartel, ce reclassement, qui entre en vigueur le 1er juillet prochain, représente une première étape vers le recrutement de personnel. "Nous sommes 31 agents à se partager le travail. Idéalement, on devrait être 42 contrôleurs qualifiés", ce dont ils pourraient prétendre en liste 5...

Mais la direction du SEAC/PF répond que "ce n'est pas lié." Alors pourquoi ne pas les reclasser, si ça ne change rien ? Tiarama Lehartel s'interroge. "C'est Paris qui décide" rétorque le SEAC, qui ajoute que "depuis deux ans, on a réaugmenté les effectifs. Cette année, on a cinq postes ouverts". Le service de l'État suggère également que les revendications de l'USAC Cgt ne sont pas forcément représentatives puisque "ce n'est pas le syndicat majoritaire." Le SEAC/PF qui, dans un communiqué envoyé le 16 mai aux rédactions, a tenu à s'excuser "aux passagers ainsi qu’à l’ensemble des utilisateurs du transport aérien pour les désagréments que ces derniers pourraient connaître" à cause de la grève.

Environ 1 800 passagers ont été impactés par la grève des contrôleurs aériens, surtout via Air Tahiti, qui détient la plus grosse flotte. De son côté, Air Moana, avec ses deux avions, s'estime "gâté", puisque "la grève nous touche moins, on a eu très peu d'impacts."

Par ailleurs, Tiarama alerte aussi sur un manque de moyens techniques. "Par exemple, le service d'Etat a décidé de démanteler le radar du Mont Marau, qui nous permet de voir les avions et nous aide dans nos missions à assurer" ou encore "de vieilles interfaces."