Ce rapport du Sénat publié en fin d'année 2022 et rédigé par Viviane Malet (Les Républicains La Réunion) et Gisèle Jourda (Les Républicains - Aude) a demandé près de 6 mois de travaux et 160 auditions. Il en ressort que pour l'ensemble de l'outre-mer, la cote d'alerte, en matière de gestion des déchets est dépassée. Sur certains territoires, la mise en place d'une "économie circulaire et adaptée" relève même de l'urgence sanitaire et environnementale.
La Guadeloupe encore trop désorganisée
Le département accuse un manque de structures de gestion et de recyclage des déchets. Il n'y a pas d'incinérateur ce qui conduit à l'enfouissement massif (77%). La revalorisation est, elle, anecdotique (20%). Le réseau des déchetteries est encore "fragile" ce qui conduit à un tri insuffisant, voire même un refus de tri dans un tiers des cas alors même que la production de déchets par habitant est supérieure à la moyenne nationale.
Ces données expliquent, en partie, pourquoi les incivilités se multiplient et prennent la forme de décharges sauvages. Pour les VHU (Véhicules Hors d'Usage) seulement, en 2017, on recensait 375 sites d'abandon sur tout le territoire.
Des politiques plus ambitieuses
Alerté par la teneur du rapport, Jean-François Carenco, ministre délégué aux Outre-Mer, a demandé la mise en œuvre de plans d'actions plus ambitieux, et ce, dans les meilleurs délais.
En 2020, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire prévoyait que les éco-organismes livrent un plan de recyclage des déchets pour certains produits (meubles, emballages, piles, déchets électroniques) en lien avec la filière à responsabilité élargie de producteurs à laquelle ils sont attachés, cette année.
L'ennui, c'est que le rapport précise que, dans le cas de la Guadeloupe, les éco-organismes sont très "discrets". C'est peut-être pourquoi le rapport préconise un mécanisme incitatif de pénalités pour ceux qui n'atteignent pas les objectifs chiffrés par territoire ainsi qu'une exonération de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) de 7 voire même 10 ans pour donner un peu de souffle au budget des collectivités locales.
Enfin, il va aussi falloir produire un double effort, d'abord de structuration en simplifiant la gouvernance par un opérateur unique de traitement des déchets ménagers puis d'investissement ne serait-ce que sur un réseau performant de déchetteries.