Suite du lobbying dans le dossier cyclotron avec la lettre du président du conseil régional de Martinique. Fricotage ou approximation ? Il y fait en tout cas l’amalgame entre « baby » et « mini » cyclotron sur fond de risque pour la santé publique. Un spécialiste éclaircit ici la situation.
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Le cyclotron est un équipement qui participe au diagnostic plus efficace et rapide de nombreux cancers et pathologies cardiovasculaires. Il fonctionne de concert avec un autre outil, le TepScan. C’est ce dernier qui est au cœur du processus de l’imagerie médicale, mais c’est le cyclotron qui l'alimente en produisant le marqueur radioactif qui cible les cellules cancéreuses.
Pour l’instant, ni la Guadeloupe ni la Martinique n’en sont pourvues et la question de l’implantation géographique de cet outil pose problème.
Deux missions d’expertise ont été diligentées par le gouvernement pour déterminer où il serait le mieux en place.
Jeudi 9 avril, Serge Letchimy, président du conseil régional de Martinique écrit une lettre à Marisol Touraine, ministre des affaires sociales de la santé et des droits des femmes. Une copie est également envoyée au premier ministre Manuel Valls.
Dans son courrier de deux pages, le président du conseil régional de Martinique rappelle tout d’abord que les Départements Français des Amériques ont besoin de l’implantation d’outils tels que le TepScan et le cyclotron. Les populations de Guadeloupe Martinique et Guyane bénéficieraient ainsi d’équipements importants pour une couverture médicale « de pointe ».
Aussi selon lui, le vieillissement des populations en particulier de Guadeloupe et Martinique « plaide en faveur de la mise en place urgente et cohérente d’un équipement en la matière ».
Par la suite, le courrier revient sur les missions diligentées par la ministre de la santé puis sur la question au cœur du débat depuis plusieurs mois aux Antilles : « un cyclotron ou trois cyclotrons de petit format ».
Transitions toute trouvée pour l’élu, qui évoque alors les expériences de baby cyclotron bulgares et britanniques. S’en suit une série d’appréciations de Serge Letchimy concernant la procédure d’installation de tels équipements, leur implantation en France et l’aspect de sécurité publique qu’elle soulève.
Enfin il conclut en faisant part de son intention d’être attentif à la prise en compte des avis émis par les deux missions d’expertise dans la solution qui sera retenue.
S’il se défend de vouloir « rentrer dans une compétition inopportune entre régions » le président de la région Martinique dresse pourtant un tableau qui prête à confusion.
Après avoir parlé du choix à faire entre un cyclotron unique ou trois cyclotrons de petit format, l’auteur du courrier met en garde contre les baby cyclotrons, dont il qualifie les premières expériences, à l’étranger, de « problématiques », puis il rappelle l’enjeu pour la vie des populations « au vu des manipulation de produits radioactifs adossées à un tel appareillage ».
Entre les baby cyclotrons et le projet guadeloupéen (qui défend l'implantation d'un cyclotron dans chacun des DFA), il faut noter une réelle différence, passée sous silence par le député ou qui lui est tout simplement inconnue : les baby cyclotrons pointés du doigt ne sont pas ceux qui entrent dans le cadre du projet Guadeloupéen. L’amalgame interroge.
Le choix dont il est question ne se pose pas entre un cyclotron et trois baby cyclotrons, il se pose entre un cyclotron et trois mini cyclotrons. Un simple mot mais en fait une nuance de taille quand on sait qu’il existe 6 types de cyclotrons, classés notamment suivant leur puissance.
Pour le docteur Lyonel Bélia, chef du service de médecine nucléaire au Centre Hospitalier Universitaire de Guadeloupe, on devrait avant tout se demander comment garantir aux populations un même accès aux soins. Selon lui, l'idée d'une structure unique qui se voudrait centralisée est totalement disproportionnée et ne permettra pas de répondre avec équité aux besoins des populations et des malades. Selon lui, l'exemple du Cyclotron de la Réunion devrait servir à tous.
Il recommande l'emploi d'outils adaptés et non la surenchère technologique :
En Guadeloupe plusieurs milliers de personnes ont signé la pétition en faveur d'un TepScan et d'un cyclotron dans le département. Les derniers chiffres faisaient état de 25000 personnes.
Parallèlement, le Conseil régional s’est prononcé le 23 septembre dernier en faveur de l’attribution d’une enveloppe budgétaire de 8 millions d’euros destinée à l’acquisition des deux outils et à la construction du Centre d’imagerie moléculaire de la Guadeloupe. Un appel d’offres a également été lancé fin janvier 2015, en vue de l’attribution du marché de conception et de réalisation de ce centre. Aussi, un terrain est offert par la Ville des Abymes.
Seul bémol pour l’instant, le ministère de la Santé n’a pas encore donné son feu vert au Centre d’imagerie moléculaire de la Guadeloupe.
Pour l’instant, ni la Guadeloupe ni la Martinique n’en sont pourvues et la question de l’implantation géographique de cet outil pose problème.
Deux missions d’expertise ont été diligentées par le gouvernement pour déterminer où il serait le mieux en place.
Jeudi 9 avril, Serge Letchimy, président du conseil régional de Martinique écrit une lettre à Marisol Touraine, ministre des affaires sociales de la santé et des droits des femmes. Une copie est également envoyée au premier ministre Manuel Valls.
Que dit la lettre ?
Dans son courrier de deux pages, le président du conseil régional de Martinique rappelle tout d’abord que les Départements Français des Amériques ont besoin de l’implantation d’outils tels que le TepScan et le cyclotron. Les populations de Guadeloupe Martinique et Guyane bénéficieraient ainsi d’équipements importants pour une couverture médicale « de pointe ».Aussi selon lui, le vieillissement des populations en particulier de Guadeloupe et Martinique « plaide en faveur de la mise en place urgente et cohérente d’un équipement en la matière ».
Par la suite, le courrier revient sur les missions diligentées par la ministre de la santé puis sur la question au cœur du débat depuis plusieurs mois aux Antilles : « un cyclotron ou trois cyclotrons de petit format ».
Transitions toute trouvée pour l’élu, qui évoque alors les expériences de baby cyclotron bulgares et britanniques. S’en suit une série d’appréciations de Serge Letchimy concernant la procédure d’installation de tels équipements, leur implantation en France et l’aspect de sécurité publique qu’elle soulève.
Enfin il conclut en faisant part de son intention d’être attentif à la prise en compte des avis émis par les deux missions d’expertise dans la solution qui sera retenue.
L’amalgame sur fond de crainte pour la santé publique
S’il se défend de vouloir « rentrer dans une compétition inopportune entre régions » le président de la région Martinique dresse pourtant un tableau qui prête à confusion.Après avoir parlé du choix à faire entre un cyclotron unique ou trois cyclotrons de petit format, l’auteur du courrier met en garde contre les baby cyclotrons, dont il qualifie les premières expériences, à l’étranger, de « problématiques », puis il rappelle l’enjeu pour la vie des populations « au vu des manipulation de produits radioactifs adossées à un tel appareillage ».
De quels outils parle t- on ?
Entre les baby cyclotrons et le projet guadeloupéen (qui défend l'implantation d'un cyclotron dans chacun des DFA), il faut noter une réelle différence, passée sous silence par le député ou qui lui est tout simplement inconnue : les baby cyclotrons pointés du doigt ne sont pas ceux qui entrent dans le cadre du projet Guadeloupéen. L’amalgame interroge.
Le choix dont il est question ne se pose pas entre un cyclotron et trois baby cyclotrons, il se pose entre un cyclotron et trois mini cyclotrons. Un simple mot mais en fait une nuance de taille quand on sait qu’il existe 6 types de cyclotrons, classés notamment suivant leur puissance.
Le député connaissait- il cette particularité avant qu’il n’attire l'attention de la ministre sur des baby cyclotrons finalement hors de propos ?
Oublie t- on l'essentiel ? L'avis du professionnel
Pour le docteur Lyonel Bélia, chef du service de médecine nucléaire au Centre Hospitalier Universitaire de Guadeloupe, on devrait avant tout se demander comment garantir aux populations un même accès aux soins. Selon lui, l'idée d'une structure unique qui se voudrait centralisée est totalement disproportionnée et ne permettra pas de répondre avec équité aux besoins des populations et des malades. Selon lui, l'exemple du Cyclotron de la Réunion devrait servir à tous.Il recommande l'emploi d'outils adaptés et non la surenchère technologique :
Interview Julien Babel et Yannick Rosine
Julie Aristide est porte parole de la pétition La Guadeloupe a vraiment besoin d’un TepScan. Elle aussi a lu la lettre du député martiniquais :Julie Aristide/ lettre Letchimy cyclotron
En Guadeloupe plusieurs milliers de personnes ont signé la pétition en faveur d'un TepScan et d'un cyclotron dans le département. Les derniers chiffres faisaient état de 25000 personnes.
Parallèlement, le Conseil régional s’est prononcé le 23 septembre dernier en faveur de l’attribution d’une enveloppe budgétaire de 8 millions d’euros destinée à l’acquisition des deux outils et à la construction du Centre d’imagerie moléculaire de la Guadeloupe. Un appel d’offres a également été lancé fin janvier 2015, en vue de l’attribution du marché de conception et de réalisation de ce centre. Aussi, un terrain est offert par la Ville des Abymes.
Seul bémol pour l’instant, le ministère de la Santé n’a pas encore donné son feu vert au Centre d’imagerie moléculaire de la Guadeloupe.