4ème vague de la pandémie : Les soignants tirent la sonnette d'alarme pour éviter une catastrophe humaine

Après la décision du Gouvernement de placer la Guadeloupe en état d'urgence sanitaire, le Préfet a présenté ce mercredi le bilan de la situation sanitaire. Un bilan déjà mauvais et qui devrait s'amplifier. Les mesures prises doivent tenter de juguler une crise qui s'annonce catastrophique

Le Préfet de Région a d'abord tenu à rappeler le respect des mesures "ordinaires" : la nécessité de porter le masque systématiquement et de se laver les mains.

Les mesures 

- Limite de 500 à 50 le nombre de participants pour les manifestations sportives

- couvre feu : il est instauré à compter de ce vendredi 21h et ceci pour trois semaines

- à partir de lundi, les motifs impérieux sont à nouveau exigibles pour les non vaccinés pour les voyages transatlantiques dans les deux sens. Et l'observation d'une septaine s'impose à tous. 

- Le Pass sanitaire s'imposera dans les mêmes conditions que sur le reste du territoire national.

Le Préfet prévoit d'aller vers d'autres mesures plus dratiques si celles qu'il a annoncer aujourd'hui ne suffisent pas. 

Voir l'ensemble des nouvelles mesures 

Les nouvelles mesures 

Les raisons de ces mesures 

La semaine considérée est celle allant du lundi 19 juillet 2021 au dimanche 25 juillet 2021 (semaine 29). Une semaine au cours de laquelle la dégradation des indicateurs virologiques se poursuit et s’amplifie. On assiste donc à un triplement du nombre de nouveaux cas. La circulation du virus s’intensifie très nettement sur notre territoire. Le système hospitalier est mis sous tension

Et les chiffres sont là pour parler d'eux-mêmes de la situation sanitaire que l'Archipel guadeloupéen traverse en ce moment : 

* Nombre de contaminations : 1072 cas (contre 281 cas la semaine dernière). C’est la frange 15 à 44 ans qui est la plus impactée

* Plus de 11 000 tests réalisés

* Taux d'incidence 284,84  : seuil d’alerte 50. Les taux d’incidence ont nettement augmenté dans la plupart des zones du territoire et au-dessus du seuil d’alerte à l’exception des communes de la Désirade, de Terre-de-Haut et de Terre-de-Bas.

* Taux de positivité 15,6 contre 4,5 la semaine dernière

* Taux de reproductivité 2,22 contre 1,56 la semaine dernière

* Taux de vaccination  28 % en 1ère dose et 17% en 2ème dose Guadeloupe. Au mardi 27 juillet : 132 499 injections cumulées en semaine 29 en Guadeloupe contre 124 136 en semaine 28, soit :

- Pfizer : 122 695 injections dont 75 164 1ères injections
- Astrazeneca : 5 901 injections dont 3 713 1ères injections et 2 188 2èmes injections
- Moderna : 3 903 injections dont 2 751 1ères injections et 1 152 2èmes injections


2 057 adolescents de 12 à 17 ans ont reçu la 1ère injection et 159 ont reçu la 2ème injection à ce jour en Guadeloupe
* Taux de couverture vaccinale des moins de 18 ans : 5,81 %
* Taux de couverture vaccinale (au moins une injection) des personnes de plus de 18 ans :
- Guadeloupe : 27,77 %
- Saint-Martin : 36,61 %
- Saint-Barth : 66,56 %

Conditions et conséquences de ces chiffres 

En semaine 29, le variant préoccupant Alpha reste toujours majoritaire en Guadeloupe, à Saint-Martin et Saint-Barthélemy.
Parmi les tests PCR positifs criblés, on identifie des mutations évoquant la présence des variants Beta (Sud-africain), Gama (Brésilien) et en grande partie du variant Delta (Indien) 35% des contaminations.
Leur présence n’est pas toujours liée à la notion de voyage ; le variant Delta commence à circuler de façon autochtone.
Durant cette semaine, quatre nouveaux clusters ont été dénombrés (3 en milieu professionnel et un rassemblement temporaire de personnes). 

Les jeunes sont d’abord comtaminés et souvent asymptomatiques puis contaminent les plus âgés

- 4 hommes sont décédés cette semaine : 3 étaient hospitalisés en médecine au CHU, le 4ème en soins critiques au CHBT. Ils avaient 84 ans de moyenne d’âge.

- 7 évacuations sanitaires de Saint Martin vers la Guadeloupe.

Tout cela a justifié que le plan blanc hospitalier soit déclenché lundi dernier. Il traduit déjà une tension hospitalière trop élevée. En moins de 8 jours on est passé de 2-5 passages aux urgences COVID par jour à 15-18 passages par jour dont 59% nécessitent une hospitalisation avec 50% qui entrent en réanimation directe.

Une gestion de catastrophe sanitaire

En face, les personnels soignants ont un sentiment de sacrifice dans l’indifférence générale. Une gestion qui se traduit par du burn-out, des vacances écourtées, des impacts sur la santé

Pour le secteur de la santé, des mesures de freinage drastiques doivent être prises et plus sévèrement qu’en Martinique pour les raisons suivantes :

- 30% de la population atteint de comorbidités

- Capacités hospitalières dégradées depuis l’incendie du CHU

- Désengagement sur les soins des maladies chroniques pour la gestion COVID avec des impacts sur cette population fragile

- On peut moins compter sur la réserve sanitaire nationale car elle sera mobilisée sur l’Hexagone ou la 4ème vague frappe de plein fouet. Il ne faut compter que sur les leviers locaux.

 D'ores et déjà ils le disent : les 15 prochains jours  vont être difficile à vivre

Revoir la conférence de presse : 

Voir l'intégralité du communiqué de presse 

communiqué de presse 

La réaction des présidents de la Région et du département

Réagissant aux annonces du Préfet, le Président du Département Guy Losbar a lancé un appel à l’unité des Guadeloupéens face à la crise sanitaire. Il en a profité pour adresser un message de soutien aux professionnels de santé qui sont au front. Il rappelle qu’il importe que chacun respecte les mesures barrières.

Pour sa part, le Président de la Région a lui aussi lancé un tel appel aux Guadeloupéens. Ary Chalus s'est exprimé directement dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux
 

Déclaration d'Ary Chalus ©Région Guadeloupe