Les marins-pêcheurs de la Guadeloupe auraient dû percevoir la coquette somme de 16,2 millions d’euros, de la part de l’Etat français, au titre des subventions dédiées à la modernisation et au renouvellement de leur flotte. Mais l’enveloppe ne leur est jamais parvenue et risque de leur passer sous le nez.
Pourquoi ? Tout simplement parce que la France n’a pas communiqué les documents demandés par la Commission Européenne ; pas de communication, pas de subventions, a conclu Bruxelles !
Et c’est le cas des quatre autres Régions ultra-périphériques (RUP), à savoir la Martinique, la Guyane, la Réunion et Mayotte. Au total ce sont 63,8 millions d’euros qui sont en suspens.
La France prise à défaut
La Commission européenne avait autorisé la France à aider ces cinq RUP à condition qu’elle lui fournisse un inventaire des ressources halieutiques et un rapport sur la capacité des navires à financer. Ne voyant rien venir, Bruxelles a donc interdit à Paris d’accorder ces aides publiques dédiées à la modernisation des bateaux.
Il faut dire que la Commission attend ces documents depuis plus de 4 ans maintenant ; depuis novembre 2018 précisément.
Le résultat est que cette situation met en péril la filière pêche, dans l’archipel. Localement, les navires ont 17 ans en moyenne, ils sont relativement petits (90% de la flotte mesure entre 6 et 10 mètres) et il y a très peu de jeunes marins-pêcheurs (seulement 16% ont moins de 40 ans).
Un dossier mis entre les mains des Parlementaire
Le Conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement (CCEE) de Guadeloupe, qui est une instance consultative de la Région, a envoyé, en début de semaine dernière, une lettre ouverte aux députés et sénateurs de Guadeloupe, pour qu’ils défendent ce dossier.
Dans ce courrier, le CCEE sollicite donc l’intervention des parlementaires pour connaître la position de l’Etat français. Que compte-t-il faire ?
Deux parlementaires ont réagi, pour le moment.
Le député Elie Califer estime que cette décision est d’autant plus scandaleuse qu’elle résulte d’une négligence de la part du gouvernement français. Il souhaite en discuter avec le secrétaire d'État auprès de la Première ministre, chargé de la Mer, Hervé Berville.
Le sénateur Victorin Lurel parle, lui, d’attentisme du gouvernement. Il compte saisir, avec Elie Califer, la Première ministre et le commissaire européen en charge de la pêche. Le socialiste considère qu’il appartient à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) de réaliser ce rapport, qui répondra aux exigences de la Commission Européenne.