#971Anmouvman : Myriam Maxo, street artiste du monde

Designer, architecte d'intérieur, artiste, Myriam Maxo ne se fixe aucune limite... Amoureuse de la vie et de son île, la Guadeloupe, elle entend aujourd'hui partager son art. Rencontre avec une femme inspirante dont les oeuvres, les objets de décoration n'ont pas fini de faire parler.
Souriante, spontanée sont les deux mots qui viennent à l'esprit en voyant Myriam Maxo pour la première fois. Penchée sur une planche de bois, elle explique inlassablement aux enfants qui l'accompagnent sa méthodologie. A terre, des centaines de bouts de tissu, du wax, sa marque de fabrique. A côté d'elle des pots de colle, des pinceaux... Depuis le matin, elle réalise avec les enfants venus visiter le Salon Kids & family, une fresque, qui sera exposée au Centre hospitalier universitaire de Pointe-à-Pitre. 
Myriam Maxo avec ses élèves du jour © Y. Y.
© Y. Y. Myriam Maxo avec ses élèves du jour
En nous voyant, nouveau grand sourire... Myriam Maxo a la pêche, ça se sent... Tout en répondant à nos questions, elle jette un oeil sur ses "street artistes" d'un jour, visiblement inspirés. 

Elle grandit à Sarcelles, en région parisienne, mais Myriam Maxo est aujourd'hui une femme du monde, avec un attachement tout particulier à la Guadeloupe, son île. 
Ce petit bout de femme, vit aujourd'hui son rêve d'être designer, d'être artiste. Une rêve qu'elle aura construit à coup d'entêtement, de culot et de pensée positive.

Un parcours atypique

Car, si l'on se base sur son parcours, rien ne la prédestinait à cette carrière d'artiste dans laquelle elle s'épanouit aujourd'hui. Après un Brevet d'études professionnelles et un BAC Pro Comptabilité, elle se dirige vers un BTS Action commerciale. "J'ai un parcours assez classique au début de mes études. Mais après tout ça, j'ai voulu me réorienter. J'ai donc changé de pays". Elle décide de se lancer... Direction le London College Communication. "Je suis partie à Londres où j'ai passé 4 années à étudier l'architecture d'intérieur. Je suis rentrée à Paris, et j'ai commencé à réfléchir... Je voulais mettre en place mes compétences de designer, dans l'élaboration d'un produit qui pourrait transmettre une émotion. Je voulais créer un objet connecté. Cet objet, c'est mon Doudou. C'est réellement un objet connecté. Il n' y pas d'internet, il n'y a pas de wifi, mais quelque part, il est connecté au coeur des gens".

Sa pièce phare, le Doudou, DD

Son Doudou, si bien nommé, c'est un Teddy Bear, un ours en peluche couvert de wax (ou pagne), ce tissu à la mode. Le pagne est, en Afrique, un moyen de communication, grâce à ses motifs qui sont un véritable langage pour les femmes. Ce concept d'échange, on le retrouve dans le DD, le Doudou de Myriam Maxo, aux couleurs chaleureuses.
© NHA

"Ce n'est pas un chien, pas un chat... C'est un objet qui a sa part entière dans un espace d'intérieur, si on la lui laisse. A un moment ou un autre, on est obligé de lui parler. Et c'est ce qui est spécial avec cet objet. On ne parle jamais à son micro-ondes, mais, par contre, le Doudou, il voit tout, tout au long de notre vie, si on le garde. Il garde nos secrets aussi, mais en même temps, il transmet une force à un moment où on en a besoin". 

La rencontre du DD et de Beyoncé

Et c'est dans son DD, qu'elle puise la force d'avancer, de se créer ses propres opportunités. Une ambition payante... Puisque quelques mois plus tard, Beyoncé (qui n'est plus à présenter) met en avant le Doudou de Myriam Maxo sur son compte Facebook avec en commentaire "Happy Easter" (bonnes fêtes de Pâques).
© Facebook Beyoncé
Une reconnaissance largement appréciée et vue par des millions de fans de la star. Pour le designer, ce phénoménal coup de pub a été possible grâce à ses connections, mais d'abord à son état d'esprit. "J'ai eu l'envie qu'elle s'y intéresse. Et je pense que c'est là où la démarche commence. Je me suis dit : Quand on veut quelque chose, on l'obtient. J'en avais envie et je me sentais prête à lui donner un produit abouti que j'avais réalisé. Je savais que ça allait lui plaire. Après, je n'avais aucune idée qu'elle allait le diffuser sur les réseaux sociaux. C'est mon grand plaisir. Mais, c'était avant tout une démarche personnelle d'aller vers Beyoncé. J'ai fait appel à ma copine Hélène, du groupe "Les Nubians". C'est elle qui a passé mon Doudou à Beyoncé".

"DD Nation" ou rendre le quotidien des enfants hospitalisés plus gai

Depuis, ils sont nombreux à avoir adopté un DD. Mais aujourd'hui, Myriam Maxo souhaite aller encore plus loin. Pas forcément de la manière attendue... Elle a créé une association, DD Nation, il y a quelques temps. Un projet qui lui tient à coeur, car il met à disposition des enfants hospitalisés un kit de peinture et du papier. Outils essentiels pour la femme jeune, qui leur permettra de continuer à s'exprimer, de modeler le monde à leur façon, tout en égayant le quotidien de l'hôpital. Je suis vraiment soutenue sur ce projet. Les gens savent que mon initiative va au-delà de ma compétence de designer. Je suis vraiment impliquée pour faire avancer les choses, au niveau du pays, mais plus particulièrement au niveau des enfants. Quand par exemple, on voit les enfants hospitalisés, on voit que c'est difficile ce qu'un enfant peut traverser dans la vie. Pour moi, il était important de transmettre une idée, comme celle de DD Nation. Que ce soit aux Etats-Unis, en Europe ou en Asie... Et dans la Caraïbe. 

La Guadeloupe, son nouveau défi

Elle souhaite désormais travailler davantage en Guadeloupe. "Il y a beaucoup de gens qui viennent me voir travailler sur mes oeuvres, mes fresques, qui me soutiennent en achetant mes produits. Je suis venue en vacances ici, ma famille originaire du Moule. J'ai un lien particulier avec mon île. Ce serait dommage de pouvoir apporter des choses, faire des choses en France et ne pas pouvoir le faire chez soi"
C'est pour tout cela qu'elle revient souvent "au pays". Pour voir la famille, les amis, mais aussi pour partager son art, le street art. 
"Je ne fais pas quelque chose d'extraordinaire, je fais juste quelque chose de logique. Il est vrai qu'on peut penser que j'ai une dimension plutôt internationale. Effectivement, c'est important, mais ce n'est pas tout. En tant que Guadeloupéenne, c'est important pour moi d'arriver à mettre des oeuvres de mon vivant ici, de partager ma compétence avec l'île, de montrer ce que les gens ici peuvent faire. C'est bien de briller à l'international, mais c'est bien aussi de faire des choses chez nous. Que les gens se disent "C'est notre artiste !". C'est pour cela que j'essaie d'avoir un maximum d'opportunités sur l'île pour que je laisse un peu mes traces ici autant qu'à l'étranger." 

Un message pour la jeunesse guadeloupéenne ?

"Le message c'est tchimbé red pa moli. Que les rêves sont faits pour être réalisés. Il faut aller jusqu'au bout, parce que la plus belle surprise qu'on puisse avoir dans la vie, c'est de voir que lorsque l'on a pas baissé les bras, on a obtenu encore plus que se qu'on attendait. C'est une joie, une fierté qui n'a pas de valeur". 
© Ludovic Claire
© Ludovic Claire

Et dans un dernier sourire, Myriam Maxo retourne à sa fresque, à ses élèves d'un jour, à son art...