En trois mois, le groupe a transporté 26,9 millions de personnes, une hausse de 7,6 % par rapport à la même période de 2022, tandis que son chiffre d’affaires a crû de 6,8 % à 8,66 milliards d’euros.
L’entreprise, qui avait subi plus de 11 milliards de pertes pendant la crise sanitaire avant de revenir dans le vert en 2022, a dégagé en juillet et août le plus important bénéfice d’exploitation trimestriel de son histoire, à 1,34 milliard, synonyme d’une marge opérationnelle de 15,5 %.
Air France-KLM a certes été aidée par un répit des cours du pétrole et un effet de change positif qui ont permis d’effacer la hausse de ses coûts, mais elle a aussi réussi à augmenter ses recettes par passager.
Par rapport au troisième trimestre 2022, Air France-KLM a déployé 6 % de sièges en plus pour atteindre 94 % du niveau de 2019, a bénéficié d’un coefficient de remplissage plus important de ses appareils (+1,3 point, à 90 %) et d’un rendement "toujours élevé" par passager, en clair de billets plus chers (+1,8 %).
Malgré ces bénéfices "très solides", Air France-KLM reste très endettée et doit encore restaurer ses fonds propres, négatifs depuis le début de la crise sanitaire.
Cela devrait être chose faite en fin d’exercice, une fois clôturée l’opération confirmée jeudi soir avec Apollo Global Management, a indiqué Benjamin Smith lors d’une conférence téléphonique.
Le fonds américain a en effet accepté d’injecter 1,3 milliard d’euros dans une nouvelle filiale adossée au programme de fidélité du groupe aérien Flying Blue.
Quatre destinations suspendues
Quant à la dette, elle atteignait encore 5 milliards d’euros fin septembre contre 6,3 milliards neuf mois plus tôt. Le ratio dette nette sur excédent brut d’exploitation (EBITDA), scruté par les investisseurs, car il traduit la capacité d’une entreprise à rembourser ses créditeurs, est tombé à 1,1, soit mieux que l’objectif du groupe (1,5 à 2).
Air France-KLM, sauvée de la faillite par les États français et néerlandais pendant la pandémie, a affiché sa confiance ces dernières semaines, d’abord en annonçant fin septembre sa volonté d’acheter au moins 50 Airbus A350 pour renouveler la flotte de long-courriers d’Air France.
Et début octobre, le groupe s’est porté acquéreur de 19,9 % de la compagnie aérienne scandinave en difficulté SAS. Se disant décidé à participer à la consolidation en cours du transport aérien en Europe, Air France-KLM a aussi des visées sur la compagnie portugaise TAP en cours de privatisation.
Ombre au tableau, la situation géopolitique a compliqué les opérations ces derniers mois. "Quatre de nos destinations sont suspendues", a rappelé Benjamin Smith : Tel-Aviv depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, ainsi que Niamey, Bamako et Ouagadougou.
Les conséquences financières pour le groupe sont atténuées par le fait qu’il s’agit de la basse saison vers Israël, tandis que les trois ou quatre avions desservant les destinations ouest-africaines ont été déployés sur d’autres lignes où la demande est forte.
Le groupe "surveille de près" les conséquences éventuelles des tensions géopolitiques sur la demande, mais n’a pas vu d’indices d’un ralentissement, a souligné son directeur financier, Steven Zaat.
L’entreprise a en outre accéléré ses achats de kérosène pour se protéger d’éventuels emballements des cours, et est déjà couverte à 64 % pour le premier trimestre 2024.
Enfin, Benjamin Smith s’était inquiété début 2023 d’une concurrence faussée avec les compagnies chinoises qui ont le droit de survoler le territoire russe, gain de temps et coûts allégés à la clé.
Mais de nombreux clients réguliers du groupe Air France-KLM "évitent les transporteurs chinois, car ils ne sont pas à l’aise à l’idée de survoler la Russie", a-t-il expliqué : "cela n’a pas l’impact négatif auquel nous nous attendions".