Attaque d’un fourgon pénitentiaire dans l’Eure : la journée "prisons mortes" également suivie en Guadeloupe

Journée "Prisons mortes" au centre pénitentiaire de Baie-Mahault - 15/05/2024.
Ils n’avaient que des armes de poing alors que les membres du commando venu libérer le détenu Mohamed Amra ont agi avec des armes de guerre. Deux agents pénitentiaires sont morts, mardi, en France hexagonale. C’est toute une profession qui est aujourd’hui en deuil. Les syndicats observent une journée "prisons mortes". Ce mercredi, la tristesse prime mais, demain, ils demanderont des comptes au ministère de la justice.

Une opération "prisons mortes" est menée partout en France, y compris en Guadeloupe, ce mercredi 15 mai 2024, au lendemain de l’attaque d’un fourgon pénitentiaire dans l’Eure, qui a causé la mort de deux agents et blessés trois autres (deux sont en urgence vitale). Durant ces faits d’une extrême violence, un prisonnier s’est évadé, lors de son transfert au tribunal, dans le cadre d’une procédure criminelle : Mohamed Amra, un multi condamné qui est toujours en fuite. Le commando qui s’en est pris à l’équipage, au niveau d’un péage, s’est montré particulièrement déterminé ; il a tiré. L’escorte n’a pas eu le temps de riposter.

Journée "Prisons mortes" au centre pénitentiaire de Baie-Mahault - 15/05/2024.

Tristesse, lassitude et colère

"La famille pénitentiaire est en deuil" et sous le choc. D’où le mouvement de soutien de ce jour, dans tout le pays, envers les familles et les professionnels endeuillés, à l’initiative des syndicats FO Justice, UFAP-UNSA Justice, CGT Pénitentiaire et SPS.
En Guadeloupe, le centre pénitentiaire de Baie-Mahault et la maison d’arrêt de Basse-Terre sont bloqués ; personne ne rentre et personne en sort, il n’y aura ni parloirs, ni transferts judiciaires et médicaux.

Journée "Prisons mortes" au centre pénitentiaire de Baie-Mahault - 15/05/2024.

Ce jour est consacré au recueillement : une minute de silence sera observée, pour honorer les collègues qui ont perdu la vie dans l’exercice de leur fonction.

Demain, ce sera l’heure des comptes. Les syndicats d’agents pénitentiaires demandent une audience au ministre de la Justice et ses services, afin d’évoquer les problématiques dénoncées de longue date dans la profession, à commencer par le manque de moyens humains et matériels, particulièrement dans les Outre-mer. 

Ce sont nos frères en fait qui ont été touchés. Ce qu’on souhaite aussi, au travers de cette mobilisation, c’est qu’on soit logés à la même enseigne que les établissements de métropole et qu’on puisse avoir des moyens matériels et humains adaptés pour accomplir nos missions. En fait, chaque fois qu’on passe la porte de la prison, nos vies sont en danger ; en danger dedans et, hier, on a pu le voir, à l’extérieur aussi.

Karine Prétériens, secrétaire locale à l’UFAP-UNSA Justice, au Centre pénitentiaire de Baie-Mahault

Karine Prétériens, secrétaire locale à l’UFAP-UNSA Justice, au Centre pénitentiaire de Baie-Mahault

Dans les Outre-mer, nous sommes carrément les oubliés de la pénitentiaire, du ministère de la justice. On est encore plus en difficulté au niveau des effectifs et encore plus en difficulté au niveau matériel. Le matériel n’est pas adéquat. Vous avez bien vu, lors de l’exécution de nos collègues, le commando est arrivé avec des armes de guerre, alors que les agents sont équipés d’armes de poing ; ils ne pouvaient pas rivaliser et sur les cinq, deux sont morts.

Eric Pétilaire, secrétaire régional de la CGT Pénitentiaire

Eric Pétilaire, secrétaire régional de la CGT Pénitentiaire

Parmi leurs revendications, les organisations syndicales exigent la réduction des extractions et prônent notamment l’utilisation de la visioconférence pour les échanges avec les magistrats.

Leur mouvement "pourra être reconductible", annoncent-elles. Elles n’excluent pas la possibilité d’un durcissement, comme en 2018. Les agents guadeloupéens seront alors au diapason de leurs collègues de l’Hexagone.

Journée "Prisons mortes" au centre pénitentiaire de Baie-Mahault - 15/05/2024.

Par ailleurs, les agressions de surveillants surviennent bien trop souvent, au goût des syndicats qui se plaignent aussi de la surpopulation carcérale.

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