Les professionnels qui paralysent plusieurs points stratégiques de l'archipel ont imposé un préalable à toute réunion de négociation : la présence de tous les responsables politiques et institutionnels. Trois étaient absents. Les échanges ont donc été écourtés et le mouvement sera reconduit demain.
Un petit tour et puis s'en vont.
La première réunion de négociation a tourné court, entre le "Collectif des organisations professionnelles de Guadeloupe", à l'origine des blocages routiers qui paralysent une bonne partie du trafic de l'archipel, depuis le tout début de matinée de ce mercredi 24 février 2021, et les institutions et collectivités locales.
Le préalable imposé n'a pas été respecté, puisque deux présidents d'EPCI ne se sont pas présentés : Eric Jalton, président de Cap Excellence et Guy Losbar, son homologue à la Communauté d'agglomération du Nord Basse-Terre (CANBT). Le président de l'Association des maires de Guadeloupe (AMG), Jocelyn Sapotille, était également absent.
Les parties ont tout de même échangé durant un peu plus d'une heure et demie.
Le collectif promet d'intensifier sa mobilisation, demain.
Des négociations en lieu et place de la CTAP
C'est une conférence territoriale de l'action publique (CTAP), sur l'organisation du transport public de voyageurs, qui devait initialement se tenir, ce mercredi 24 février, à l'initiative de la Région Guadeloupe. Les parties étaient convoquées à 15h00, au vélodrome "Amédée Detraux", à Baie-Mahault.
En ce même lieu, mais une heure plus tard, à 16h00, c'est un tout autre rendez-vous qui a été programmé, compte tenu du climat social dans lequel s'est éveillée la Guadeloupe, aujourd'hui : 28 organisations professionnelles bloquent une grande partie des axes routiers principaux de l'archipel, excédés notamment par l'absence d'accompagnement de leurs structures, par l'Etat et les collectivités, alors que la crise sanitaire et économique pèse lourdement sur leurs trésoreries.
Leur mobilisation musclée a permis aux acteurs de ce mouvement (entreprises des secteurs du BTP, des transports, du tourisme de proximité, de l'évènementiels, etc.) de poser leurs exigences, avant toute réunion de négociation.
Préalable imposé par les organisations professionnelles, à toute négociation
Les chefs d'entreprises mobilisés ne s'assiéront pas autour de la table si un seul de leurs interlocuteurs est absent.
Plutôt qu'enchaîner plusieurs réunions, qu'ils jugent stériles, avec les uns, puis les autres, ils entendent négocier avec le préfet, les dirigeants des services de l'Etat, les présidents des collectivités majeures (Région et Département) et des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), mais aussi une délégation de Parlementaires, en même temps.
Ils refusent aussi de s'adresser à des représentants des organismes aptes à leur apporter satisfaction sur leurs revendications, dont la liste est longue.
Ils (ne) sont (pas tous) venus
Parmi les premiers arrivés, sur les lieux, il y avait le Préfet, Alexandre Rochatte et le président de Région, Ary Chalus.
La présidente du Département, Josette Borel-Lincertin, a suivi, puis les Parlementaires Justine Bénin, Victoire Jasmin, Hélène Vainqueur-Christophe et Victorin Lurel :
Les parties ont observé une minute de silence, en hommage au cycliste de l’UVN, décédé le mardi 16 février dernier, sur la suggestion de la sénatrice Victoire Jasmin. Les obsèques de Lucas Arstand ont été célébrées ce mercredi.
Puis tous se sont retrouvés autour de la table.
La presse n'a pas été autorisée à assister aux échanges.
A 17h30, il y a eu une suspension de séance.
Et le fait que Jocelyn Sapotille, président de l'Association des Maires de Guadeloupe (AMG) et les présidents Eric Jalton, de Cap Excellence et Guy Losbar, de la Communauté d'agglomération du Nord Basse-Terre (CANBT) soient aux abonnés absents a été souligné. Ce dernier était en réunion avec l'UTC-UGTG, qui observe une grève illimitée, à Petit-Bourg, depuis lundi.
La plateforme de revendications a été remise aux institutionnels présents... et la réunion a finalement été définitivement stoppée, pour aujourd'hui.
Le préalable des organisations demandeuses n'a pas été respecté.
Reste aux destinataires du document d'en prendre connaissance, avant la tenue d'un autre rendez-vous, demain, jeudi 25 février 2021, à 9h00, toujours au vélodrome "Amédée Detraux", à Baie-Mahault.
Le "Collectif des organisations professionnelles de Guadeloupe" promet de rester mobilisé encore demain, comme le confirme Jean-Yves Ramassamy, le porte-parole des socio-professionnels mobilisés :
Le prefet, Alexandre Rochatte, a d'ores et déjà fait des propositions, mais sa marge de manoeuvre est limitée, concède-t-il :
Réceptifs aux demandes des entrepreneurs, les présidents des collectivités majeures veulent être force de propositions :
Une méthode qui ne fait pas l'unanimité, chez les entrepreneurs
Notons, tout de même, que la méthode du "Collectif des organisations professionnelles de Guadeloupe", qui consiste à bloquer l'archipel, pour se faire entendre, n'est pas du goût de tous les patrons du territoire.
La Chambre de commerce et de l'industrie des îles de Guadeloupe (CCI-IG) "déplore la méthode utilisée, qui pénalise et empire encore plus les difficultés des entreprises, pour lesquelles chaque journée de travail compte, alors que la situation économique est des plus préoccupantes et désespérées".
L'institution consulaire a eu, à maintes reprises, à interpeller les autorités et les collectivités sur la situation des entreprises (...).
Il est urgent que des mesures soient prises afin de sauvegarder les emplois des Guadeloupéens.
Autre avis désapprobateur, celui de l'UDE-MDEF qui, comme elle le rappelle, regroupe plus de 500 entreprises, dont 85% de TPE et PME, des indépendants et quelques groupes. L'organisation patronale "s'associe pleinement aux Guadeloupéens qui souffrent déjà des mesures restrictives à nos libertés, consécutives à la lutte contre la Covid-19".
De tels agissements, contraires à la loi, sont une méthode totalement inappropriée dans un tel contexte.
Ils ne peuvent que conduire à la "mort" de notre Guadeloupe que nous aimons tous (...).
L'UDE-MEDEF réaffirme sa détermination à s'engager avec l'ensemble des partenaires dans la définition et la mise en oeuvre des mesures indispensables, pour faire face à cette situation exceptionnelle.