Affaire de la CASBT : deux prévenus disent avoir agi par solidarité et amitié, ce mardi

Palais de justice de Basse-Terre
Parmi les 15 prévenus dans le procès pour trafic d'influence, prise illégale d'intérêt, ou encore recel de bien, au sein de la Communauté d'agglomération du Sud Basse-Terre, entre 2010 et 2017, figurent deux intermédiaires : Brice Billy Et Éric Laquitaine. C'était à leur tour d'être entendus, ce mardi.

C'est, ce mardi 12 avril 2022, le troisième jour du dit "procès de la CASBT", pour  divers trafics d’influence actifs, prise illégale d’intérêts ou encore recel de bien présumés, entre 2010 à 2017, au sein de la Communauté d’Agglomération du Sud Basse-Terre, désormais baptisée "Grand Sud Caraïbes".

A la barre, aujourd'hui, sur les quinze prévenus qui doivent être entendus, deux intermédiaires : Brice Billy Et Éric Laquitaine.

Brice Billy à la barre

Un élément revient de manière récurrente : Fred Madinecouty comptait à l’évidence beaucoup d’amis, dans le Sud Basse-Terre, principalement chez les gérants de société de bâtiment et travaux publics.

C’est donc en toute amitié que ces derniers, à commencer par Brice Billy, gérant de la société "Feelin Green", lui offraient des billets d’avions, des matériaux de construction pour la rénovation de sa maison, voire le prêt gracieux d’ouvriers pour effectuer les dits-travaux et, pour finir, quelques enveloppes contenant de l'espèce.

Mais, "pourquoi ne pas aider Fred Madinecouty avec vos fonds propres, au lieu de passer par votre entreprise ?", demande le procureur de la République de Basse-Terre, Xavier Sicot.

"Cela me permettait de bénéficier des remises qu’avait ma société, auprès de certains fournisseurs", répond Brice Billy.

Mais delà de l’amitié, Fred Madinecouty est aussi le Directeur général des services (DGS) de la CASBT, rappelle Xavier Sicot, qui souligne un "bien curieux mélange des genres".

Cela peut prêter à confusion, a reconnu le gérant de "Feelin Green", mais je n’ai pas le sentiment d’avoir profité de la situation. L’homme est pourtant poursuivi pour trafic d’influence actif.

Son avocat œuvre à minimiser l'implication de Brice Billy dans cette affaire :

On est quand même sur une petite île, donc on noue forcément des relations d'amitié, ou en tout cas des relations très proches.

Me Christophe Samper, avocat de Brice Billy

Me Christophe Samper, avocat de Brice Billy. ©Eric Stimpfling - Guadeloupe La 1ère

Eric Laquitaine à la barre

Les reproches adressés à Eric Laquitaine sont les mêmes. L’ancien chauffeur personnel de Lucette Michaux-Chevry a expliqué à la barre avoir assisté à de nombreuses réunions, entre l'ancienne présidente de la Communauté d'agglomération du Sud-Basse-Terre et son DGS, Fred Madinécouty.

"J’étais assis dans un coin et j’entendais ce qui se disait. J’en informais mon frère et mon neveu, qui ont une société de BTP à Gourbeyre, mais je ne m’occupais pas du reste", a t-il expliqué.

"Vous vous occupiez également du paiement des factures, voire de fausses factures", a souligné le président du tribunal, en donnant lecture d’interceptions téléphoniques.

"Non pas du tout !", a rétorqué l’agent territorial, aujourd’hui affecté au service du courrier, "je ne faisais que rendre service à ma famille". 

Selon Maître Roland Ezelin, Eric Laquitaine, dont on ne doit pas douter de la moralité ni de l'honnêteté, n'avait pas conscience que ces agissements pouvaient constituer une infraction pénale :

On pense que l'on peut demander à quelqu'un de l'aide, pour obtenir assez rapidement un règlement, sans se rendre compte que cela peut, à un moment donné, représenter une infraction pénale (...). La jurisprudence est ce qu'elle est : il suffit que vous ayez une intervention auprès de quelqu'un qui a le pouvoir d'intervenir pour faire avancer un dossier et vous êtes dans l'infraction qui est reprochée à mon client.

Me Roland Ezelin, avocat d'Eric Laquitaine
Me Roland Ezelin, avocat d'Eric Laquitaine ©Eric Stimpfling - Guadeloupe La 1ère

A écouter les prévenus et leurs défenseurs, ce mardi, la bonté et l’altruisme étaient des qualités indispensables, pour travailler avec et à la CASBT.

Mais c’est oublier, un peu vite, que tout cela a coûté cher aux contribuables du Sud Basse-Terre.

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