Dans l’urgence, la préfecture de la région Guadeloupe a produit un arrêté, daté du 5 décembre 2024, obligeant l’exploitant de la carrière de la Société Antillaise de Granulats (SADG), basée au lieu-dit Guyonneau à Deshaies, à prendre des mesures d’urgence.
Tout un pan du site doit demeurer fermé, car potentiellement fragilisé après le glissement de terrain de mardi dernier. Un diagnostic précis s’impose ; il est de la responsabilité de l’exploitant.
L’activité partiellement suspendue
Dans l’arrêté qu’il a signé hier, le préfet Xavier Lefort impose à la SADG de maintenir l’interdiction d’accès "au carreau de la carrière et aux zones d’exploitation susceptibles d’être impactées par le décrochement de matériaux issus du front de taille présentant des instabilités (front de taille Nord)".
Les gestionnaires de la carrière doivent par ailleurs "mettre en œuvre des dispositions transitoires de surveillance journalières du front de taille Nord".
Voilà pour les mesures immédiates à observer.
Sous deux semaines, la SADG doit faire réaliser une étude de stabilité et de mise en sécurité du front de taille Nord de la carrière de Deshaies ; de quoi présenter, a posteriori, sur cette base, des plans et programmes de travaux de mise en sécurité envisagés. Le service de contrôle pourra formuler ses propres préconisations.
L’arrêté municipal du 3 décembre interdisait déjà l’accès à la zone, "tant que le danger pour les usagers persiste".
Un sol fragilisé, un exploitant pointé du doigt
Pour rappel, cette carrière est pointée du doigt, après le glissement de terrain qui s’est produit vers 19h00, mardi dernier (3 décembre).
Le décrochage massif du sol a emporté environ 100.000 m3 de matériaux et d'autres éboulements sont à craindre.
Cette catastrophe n’a pas fait de victime, mais elle a conduit à l’évacuation des habitations de la route Savane Paille, voisine du site de production de granulats. Une portion de cette voie de circulation s’est effondrée, privant des familles d'accès à leur propriété et/ou exploitation agricole. Une maison aussi a fini en bas de la falaise.
La propriétaire de cette dernière, Julie Garcia, a mandaté un avocat pour engager plusieurs procédures visant à faire cesser l’exploitation de la carrière et faire ouvrir une instruction, pour "mise en danger de la vie d’autrui, abstention à faire prévenir un sinistre et non-assistance à personne en danger".
Les risques liés à une telle exploitation des ressources des hauteurs de Deshaies ont plusieurs fois été signalés. On se souvient notamment de requête en justice intentée par le maire de l’époque, en novembre 1980, devant le tribunal administratif de Basse-Terre. Félix Flemin luttait en faveur de la défense de l’environnement et du cadre de vie de ses concitoyens et, par ailleurs, contre les nuisances générées par la carrière. Une action mise à mal par des décisions préfectorales, autorisant la poursuite de l’activité par le groupe Audemard.
La ville au chevet des sinistrés
La mairie de Deshaies se dit mobilisée pour apporter un soutien immédiat aux sinistrés, en coordination avec les services de l'Etat et le Samu social. "Toutes les mesures nécessaires sont mises en œuvre pour garantir la sécurité des habitants et, surtout, prévenir d'autres incidents", assure l'actuelle maire Jeanny Marc.
Cette dernière promet une communication continue avec les personnes concernées, au fil de l'évolution de ce dossier. Mais chacun devra s'armer de patience, vue l'ampleur des dégâts, des risques et de la tâche qui incombe désormais aux responsables.