Rony Cély abattu par un gendarme : un an après, une vidéo met le feu aux poudres et la famille éplorée réclame justice

La soeur et la mère de Rony Cély témoignent de leur douleur, de leur incompréhension et de leur besoin de justice - 13/01/2025.
Que dire un an après le décès de Rony Cély ? Sa famille, murée dans la tristesse, trouve le temps long et réclame justice. En janvier 2024, le schizophrène de 39 ans était abattu par un gendarme dans le bourg de Goyave, alors qu’il était en pleine crise. Un extrait vidéo de la caméra-piéton du militaire a fuité sur les réseaux sociaux, le week-end dernier ; une diffusion illégale qui met de l’huile sur le feu.

Une vidéo a fuité durant le week-end dernier et a été largement commentée sur les réseaux sociaux : celle de la caméra-piéton portée par le gendarme qui a tiré sur Rony Cély, le 9 janvier 2024, à la résidence Ferée, dans le bourg de Goyave. La victime, un schizophrène de 39 ans qui venait d’agresser et légèrement blesser deux voisins avec une arme blanche, avait été mortellement touchée.

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Sur les images, on voit (et on entend) le militaire faire usage de son arme à 9 reprises, alors que Rony Cély est à plus de dix mètres, coutelas en main et s’avançant en courant. Auparavant, le forcené a reçu plusieurs fois l’ordre de lâcher son arme.

Un an après, la famille attend que justice soit rendue à cet homme qui, au moment des faits, était en pleine crise.

Une violation du secret de l’instruction

La procureure de la République de Pointe-à-Pitre dénonce la diffusion des images précitées.
Caroline Calbo rappelle qu’il s’agit d’une violation du secret de l’instruction, conformément à l’article 434-7-2 du Code pénal, celui-ci vise à garantir l’efficacité et l’équité de la procédure judiciaire en cours et, par ailleurs, à protéger la présomption d’innocence des personnes mises en cause.

Tout contrevenant s’expose à une peine de 3 ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende.

La magistrate a avisé le juge d’instruction chargé de l’affaire, de cette violation. À ce jour, les parties concernées, comme le gendarme qui à ce jour est "témoin assisté", n’ont pas déposé de plainte.

La famille de Rony Cély en attente de justice

Un an après la mort de Rony Cély, la justice se fait attendre, aux yeux des membres de la famille de cet homme, qui souhaite que la vérité éclate enfin.
Sa sœur parle d’assassinat. Elle estime que celui qui a tiré doit répondre de ses actes.

Un an après, on n’a toujours pas de réponse sur l’assassinat de notre frère, les réponses qu’on demande. On demande justice pour Rony (...). Si c’était quelqu’un d’autre qui l’aurait assassiné, cette personne serait peut-être déjà en prison ou condamnée (...).

Yanise Cély, sœur de Rony

Yanise Cély, sœur de Rony ©Lydia Quérin et Ronhy Malety – Guadeloupe La 1ère

Certes, le temps est long mais, selon l’avocate de la famille, le délai d’instruction reste "dans la moyenne" ; les expertises et contre-expertises se poursuivent, les demandes d’actes ont cours, dans un dossier où la maréchaussée est mise en cause. Cela demande du temps, explique Maître Maritza Bernier.
L’avocate de la famille a demandé une expertise de l’attitude de Rony Cély le jour J.

Effectivement, un an, ça commence à faire long. Mais un an où, finalement, l’instruction avance, puisque nous avons reçu un premier avis de fin d’information et, suite à nos demandes d’actes, l’enquête se poursuit. Donc, nous sommes dans la moyenne, en matière de violences de la maréchaussée (...).

Me Maritza Bernier, avocate de la famille de Rony Cély

Me Maritza Bernier, avocate de la famille de Rony Cély ©Lydia Quérin et Ronhy Malety – Guadeloupe La 1ère

 

La profonde tristesse d’une mère

Sa mère, équipée d’un stimulateur cardiaque, a perdu son bâton de vieillesse, son principal soutien. Rony, l'un de ses six enfants, vivait avec elle.
Cette dame reste inconsolable, dans une profonde tristesse. Pour elle, Rony était serviable et nombreux sont ceux qui bénéficiaient de ses services. 

Je ne dors pas le soir, je pense à lui. C’est lui qui faisait tout pour moi ! (...).

Venise Laomédon, mère de Rony [Traduction du créole]

Venise Laomédon, mère de Rony [Traduction du créole] ©Lydia Quérin et Ronhy Malety – Guadeloupe La 1ère

 

La schizophrénie de la victime prise en compte ?

Dans les cas d’interpellations de personnes souffrant de maladie mentale, il convient, pour les forces de sécurité, d’opérer suivant un protocole établi. Celui-ci n’a pas été respecté par les deux gendarmes qui sont intervenus à Goyave, le jour où Rony Cély a été tué, selon Me Bernier.

Dans l’affaire Cély, le sentiment qu’on a c’est qu’il n’y a pas eu de dialogue adapté à l’état de Rony Cély, dont les gendarmes et particulièrement le tireur avaient connaissance au moment de l’interpellation (...).

Me Maritza Bernier, avocate de la famille de Rony Cély

Me Maritza Bernier, avocate de la famille de Rony Cély ©Lydia Quérin et Ronhy Malety – Guadeloupe La 1ère

Il faut, selon l’avocate, que l’issue de cette affaire redonne confiance en la justice et que l’on puisse se dire que, qui que l’on soit, on peut répondre de ses actes, aujourd’hui, en France, y compris en Guadeloupe.

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