Conférence de presse, hier (mardi 5 décembre 2023), à l’hôtel de ville de Vieux-Fort, en présence d’un avocat du barreau de Paris : le maire Héric André a décidé de porter plainte, notamment pour faire la lumière sur la gestion financière de l’Office municipal de la culture et des sports (OMCS).
Nous ne pouvons pas rester toute une mandature avec une demande de fournir des justificatifs concernant des subventions qui s’élèvent à près d’un million d’euros, entre celles données par la collectivité communale elle-même et celles données par la caisse d’allocations familiales (CAF). Nous ne trouvons pas de justificatifs. Il n’y a pas de document pouvant expliquer l’utilisation de ses fonds-là
Héric André, maire de Vieux-Fort
Le premier magistrat de la petite commune du Sud Basse-Terre dénonce une mauvaise gestion comptable des deniers publics, qui remonte à avant le début de sa mandature et dont il n’entend pas assumer la responsabilité. Dès 1990, la situation financière de l’OMCS avait été contestée par des élus du conseil municipal de l’époque, rappelle le maire.
Maintenant qu’un cabinet d’avocat de la capitale a été saisi de cette affaire, le pot aux roses est peu à peu dévoilé.
Nous avons des éléments qui reviennent d’une procédure qui est entamée, qui a nécessité l’intervention d’expertises comptables. Ils ont permis de révéler des failles et des carences vraiment très dangereuses, laissant penser... pas à des détournements, mais à la nécessité d’explications quant à l’absence de pièces comptables.
Héric André, maire de Vieux-Fort
L’enquête révélerait que des indemnisations indues auraient été versées à des conseillers municipaux.
Le maire actuel parle aussi de faux en écriture, de favoritisme et de prise illégale d’intérêt.
Autant de points qui expliquent la plainte qu’il a déposée.
Il y a deux séries d’infractions. D’abord, en 2016, la commune transmet une délibération sur laquelle le conseil municipal n’a jamais statué ; ça c’est un faux. Deuxième série d‘infractions : on parle de l’OMCS (...). L’association n’a pas donné ses comptes depuis 1990 à la préfecture, on n’avait ni comptabilité, ni facturation depuis 2015 et 2017 selon les cas, en 2017 elle a arrêté de s’occuper de la petite enfance alors qu’on a continué à la financer... bref, il y a plus de 400.000 euros d’utilisés, pour lesquels on n’a pas de trace comptable.
Eric Landot, avocat
Héric André affirme que sa démarche n’est pas une attaque, visant son prédécesseur Rolland Plantier, également responsable de l'OMSC.
Ce dernier serait encore en possession du chéquier et de la carte bancaire de l’Office, précise l’actuel maire.
Nous comptons sur la justice pour clarifier la situation. Les Guadeloupéens doivent savoir que ce type de situation n’est pas acceptable. Nous avons un discrédit au niveau des élus. Moi, je ne peux pas me permettre de cautionner ces situations-là, qui laissent encore planer le doute sur la sincérité et le côté vertueux de l’exercice de cette fonction de maire.
Héric André, maire de Vieux-Fort
L’ancien maire considère, lui, que cette affaire est une tempête dans un verre d’eau et s’inscrit en faux.
Il explique que les 400.000 euros versés par la commune à l’OMCS ont permis à cette structure d’assurer plusieurs prestations : le fonctionnement de la radio Climax (qui employait deux animateurs permanents), ou encore les cours de musique, de danse, l’organisation de la fête patronale annuelle, etc.
Je peux vous dire que, depuis 2014, pendant ma mandature, la CAF n’a jamais subventionné l’OMCS de Vieux-Fort. Cette association a effectivement reçu, pendant cette période, de la part de la CAF, une somme de 43.700 euros, représentant le paiement de ce qu’on appelle la prestation de service, c’est-à-dire les accueils de loisir et les activités périscolaires.
Rolland Plantier, ancien maire de Vieux-Fort (2014-2020) et responsable de l’OMCS
Le vrai sera dit prochainement.
Vieux-Fort, petite commune au maigre budget, ne peut pas se permettre de laisser béant un éventuel trou dans sa caisse.
Une enquête pénale est d’ores et déjà en cours.
La plainte déposée par le maire vise à apporter, à la justice et à la Cour des comptes, de nouveaux éléments aux sujets de ce qui semble être des infractions.