La Compagnie maritime d'affrètement - Compagnie générale maritime (CMA-CGM) a réalisé des bénéfices record, en 2022, soit 23 milliards 500 millions d’euros. Jamais une entreprise française n’a fait de bénéfices aussi élevés, dans l’histoire de l’économie.
23,5 milliards d’euros restent dans ses caisses, une fois tout payé : les navires, les salaires, les loyers, les charges, etc.
L’armateur de porte-conteneurs, dont le siège mondial est à Marseille, devance ainsi les plus grandes entreprises du CAC40, dont TotalEnergie qui aussi avait annoncé, le mois dernier, des bénéfices faramineux (20 milliards d’euros) et attiré les foudres de l’opinion publique et de l’opposition gouvernementale.
Ce nouveau superprofit devrait relancer le débat, d’autant que le groupe qui fait parler de lui aujourd’hui bénéficie d’un régime fiscal favorable.
La CMA-CGM est une organisation tentaculaire qui œuvre autour du Monde : elle dispose de 400 bureaux, dans 160 pays et emploie 155.000 salariés, pour organiser le trafic d’un océan de containers et marchandises diverses transportés par 593 navires et 10 avions (CMA-CGM Air Cargo).
Le géant de l’industrie a tiré parti de la hausse du trafic maritime, à la faveur des confinements et du fait que la demande de conteneurs et leurs tarifs aient augmenté de manière conséquente. La direction a aussi opté pour une judicieuse diversification d’activités, en réinjectant 90% de ses bénéfices dans des investissements, notamment dans le port de Los Angeles, une entreprise de logistique, ou encore en devenant actionnaire de la compagnie Air France. Sortant de son domaine du fret et du transport, elle a aussi racheté le journal La Provence, prévoit de sponsoriser l’Olympique de Marseille et a des vues sur un opérateur de satellite.
Cette réussite est synonyme de résurrection, quand on sait qu’en 2019, l’entreprise a failli mettre les clés sous la porte.
Alors que la CMA-CGM est un acteur économique important localement, la Guadeloupe en réalité ne pèse pas lourd, face à de tels montants ; quoiqu’il en soit, les consommateurs locaux contribuent à payer la facture. Le coût très élevé du transport de marchandises (notamment les denrées alimentaires) et de matériaux est, en effet, inévitablement répercuté sur les prix proposés aux citoyens.
Viendra peut-être un moment où les maigres bourses des foyers de l’archipel ne pourront pas suivre. Quoiqu'il en soit, si seule la Guadeloupe entre en révolution en privilégiant massivement la production locale, cette baisse éventuelle de consommation n'aura qu'un impact limité sur les finances de l'armateur.
D’ici là, ce n’est pas en eau trouble que navigue la CMA-CGM.