Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a limogé le chef de l'armée, Julio César de Arruda, deux semaines après les attaques contre des centres du pouvoir, à Brasilia, ont annoncé, hier (samedi 21 janvier 2023) des sources au sein des forces armées.
Julio César de Arruda assumait cette fonction, par intérim, depuis le 30 décembre dernier, soit deux jours avant la fin du mandat du président d'extrême Droite Jair Bolsonaro ; puis, il y avait été confirmé, début janvier, par la nouvelle administration de Lula.
Lula marche sur des oeufs, face au pouvoir militaire
Le désormais ex-chef de l'armée sera remplacé par le commandant militaire du Sud-Est, Tomas Ribeiro Paiva, selon le média GloboNews. Celui-ci avait affirmé, dans un discours public, mercredi, que l'armée continuerait "à garantir la démocratie". "C'est le régime du peuple, de l'alternance au pouvoir. C'est le vote. Et lorsque nous votons, nous devons respecter le résultat des urnes", avait-il déclaré, selon une vidéo publiée par le site d'informations G1.
Julio César de Arruda, quant à lui, avait participé, vendredi, à la première rencontre de Lula avec les chefs militaires, au sortir de laquelle aucun n'avait fait de déclaration. Les chefs militaires "acceptent" que des sanctions soient prises contre les membres des forces armées impliqués dans les émeutes, avait toutefois dit le ministre de la Défense, José Mucio, à l'issue de cette réunion, soulignant cependant que les participants à la rencontre n'avaient pas évoqué à proprement parler les émeutes. Le ministre avait aussi avancé qu'il n'y avait pas eu d'"implication directe" de l'armée dans les émeutes à Brasilia.
La relation avec les forces armées est l'un des plus grands défis immédiats de Lula, selon les analystes, qui soulignent l'importante présence de militaires au sein de l'administration précédente. Le dirigeant de Gauche a entamé une "révision profonde", dans l'appareil militaire au service de l'exécutif, après avoir exprimé sa méfiance à l'égard de certains membres chargés de sa sécurité.
Au total, 53 d'entre eux ont été renvoyés, cette semaine ; treize faisaient partie du Cabinet de la sécurité institutionnelle, une instance gouvernementale chargée d'assister le chef de l'Etat dans sa politique de sécurité nationale et de défense.
Que deviennent les participants interpelés de la tentative de coup d'Etat ?
Pour rappel, plus de 4.000 partisans de l'ancien président Jair Bolsonaro ont semé le chaos, à Brasilia, le 8 janvier dernier, envahissant et saccageant le palais présidentiel, le Congrès et la Cour suprême.
Depuis, près d’un tiers des 1400 personnes interpellées et placées en détention, a été remis en liberté provisoire, sur la décision d’un juge du Tribunal suprême fédéral. Ces 464 individus restent soupçonnées d'avoir participé au violent soulèvement ; il s’agit principalement de personnes âgées, de femmes enceintes et de mères de jeunes enfants, libérés pour des raisons humanitaires, mais sous certaines conditions, telles que le port d'un bracelet électronique et l'interdiction d'utiliser les réseaux sociaux.
Les 942 autres resteront en détention ; pourraient avoir commis des actes "illicites et extrêmement graves", et la détention provisoire, d'une durée indéterminée, est nécessaire pour "garantir l'ordre public et assurer l'efficacité des enquêtes", selon le juge.