Budget : -200 millions d’euros pour les Outre-mer, "une purge sans précédent" s’insurgent des parlementaires

Le sénateur Victorin Lurel et les députés Elie Califer, Karine Lebon et Éric Coquerel s’insurgent contre la baisse programmée du budget de la mission Outre-mer : -200M€.
Coup de massue pour les Outre-mer : en vue de l’examen du projet de loi de finances pour 2025, le gouvernement annonce une coupe budgétaire de 200 millions d’euros, au détriment de la mission Outre-mer. Le sénateur Victorin Lurel et les députés Elie Califer, Karine Lebon et Éric Coquerel s’insurgent, dénoncent et ne comptent pas laisser faire, en ces temps de crise sociétale et de difficultés sociales et économiques grandissantes, dans les territoires ultramarins.

Les voix de plusieurs parlementaires s’élèvent, ce vendredi 20 septembre 2024, pour dénoncer la baisse programmée du budget de la mission Outre-mer du projet de loi de finances pour 2025. La publication des premiers chiffres, mentionne une coupe budgétaire de 200 millions d’euros (-9,2%) ; le budget de cette mission passerait de 2,7 milliards à 2,5 milliards d'euros.
Pour l’heure, il est question de plafonds de dépenses prévisionnels ; des ajustements sont encore possibles.
Pour autant, la tendance laisse craindre une cure d’austérité exceptionnelle à venir.

Victorin Lurel : "Alerte purge budgétaire !"

Le sénateur de la Guadeloupe Victorin Lurel (Parti socialiste) constate avec amertume que, dans le cadre des économies prévues, "les Outre-mer sont les grands sacrifiés sur l’autel de l’austérité avec -200M€". Il annonce être résolu à combattre ce projet.

Pour l’ancien ministre des Outre-mer, l’ensemble des politiques publiques est concerné par les coupes sèches.

Empêtré dans une situation budgétaire calamiteuse dont il est aujourd’hui l’héritier, le Gouvernement s’apprête à faire payer l’incurie budgétaire de la Macronie à l’ensemble des Français.

Victorin Lurel, sénateur de la Guadeloupe

Les territoires ultramarins sont en première ligne, une fois de plus ponctionnés, "après la purge inédite de 78,8 millions d’euros des crédits du ministère en février dernier", rappelle Victorin Lurel.

Alors même que nos peuples continuent de souffrir de l’accumulation de crises économiques et sociales et que nos territoires pâtissent d’un désengagement continu de l’État depuis 2017, je peine à comprendre comment le Gouvernement pourra justifier demain de rogner les crédits de la continuité territoriale, de baisser les aides au logement, de désinvestir dans les plans de convergence et de transformation, de grever les aides économiques aux entreprises…

Victorin Lurel, sénateur de la Guadeloupe

Le sénateur demande au "premier ministre de reconsidérer les trajectoires établies par le précédent gouvernement".

Élie Califer : "Une décision, à la fois injuste et irresponsable"

Même condamnation, ferme et sans appel, de la part du député de la 4ème circonscription de la Guadeloupe. Élie Califer (apparenté Socialiste) affirme que, par cette décision, le gouvernement "ignore les réalités économiques, sociales et environnementales critiques auxquelles ces territoires sont confrontés". L’élu fait, là, référence au chômage endémique, à l’insécurité grandissante, au coût de la vie en constante augmentation, ainsi qu’aux effets dévastateurs du changement climatique ; autant de plaies béantes que la réduction budgétaire ne peut qu’agrandir.

Cela revient à nier l'ampleur des difficultés locales et à ignorer les tensions sociales croissantes qui en découlent. Cette coupe budgétaire ne fera qu'exacerber la souffrance des populations locales. Elle sous-estime la gravité de la situation et contribue à nourrir les mouvements de contestation sociale qui se multiplient dans ces territoires.

Élie Califer, député de la Guadeloupe

Élie Califer craint un accroissement de l’instabilité et, parallèlement, une nouvelle fragilisation de la cohésion sociale. Il appelle le gouvernement à revenir sur cette décision injuste. Pour lui, il convient de permettre aux territoires ultramarins de "surmonter les défis colossaux auxquels ils font face et leur offrir un avenir meilleur".

Karine Lebon : "Une déconsidération prévisible"

La sénatrice de la 2ème circonscription de La Réunion, Karine Lebon (Gauche démocrate et républicaine) exprime aussi des regrets, devant le manque de considération des problématiques ultramarines, de la part du gouvernement.

Nous avons été nombreux à alerter, depuis plusieurs mois, les équipes ministérielles, quant aux graves conséquences qu'une diminution de crédits budgétaires engendrerait, sur le plan économique et social des pays dits d'Outre-mer. Une telle ponction, si elle venait à être confirmée, lors de l'examen du budget, serait dramatique pour l'ensemble des habitants de nos territoires (...). Cette baisse n'a absolument aucun sens, d'autant plus qu'en prenant en compte l'inflation nous faisons face à une diminution budgétaire encore plus impressionnante.

Karine Lebon, députée de La Réunion

L’élue réunionnaise considère que "le président Macron poursuit sa politique de déconsidération à l'égard des Outre-mer", des territoires qui ne sont pas "reconnus à leur juste valeur", mais comme des "territoires secondaires".

Eric Coquerel : "Une grosse saignée dans une situation d'inégalités et de difficultés sans précédent !"

La baisse annoncée choque aussi Éric Coquerel, le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale et député de Seine-Saint-Denis (La France Insoumise / Nouveau Front populaire).

Le document envoyé par le gouvernement indique que le budget alloué aux Outre-mer représente une des plus grosses baisses : - 9,2% ! Une grosse saignée dans une situation d'inégalités et de difficultés sans précédent !

Éric Coquerel, député de Seine-Saint-Denis

Il s’est ému de cette coupe sur les réseaux sociaux.