CANNE. 1er mars : jour d’ouverture de la campagne sucrière en Guadeloupe... ou pas

Mobilisation du Kolèktif des Agriculteurs devant l'usine Gardel, à Moule - 01/03/2024.
En ce jour de démarrage de campagne sucrière, l’attention de tous les acteurs de la filière canne est tournée vers l’usine de Gardel, à Moule. Sur place, les balances devaient ouvrir dès 6h00, ce vendredi. Mais le Kolèktif des Agriculteurs est en embuscade, en amont du site. Pour eux, si ses revendications ne sont pas entendues, la récolte ne peut être lancée.

Les planteurs contestataires, qui exigent l’augmentation du tarif de la tonne de canne livrée, étaient postés sur le chemin d’accès à l’usine sucrière de Gardel, à Moule, ce vendredi 1er mars 2024, dès 6h00 du matin, horaire d’ouverture annoncée des balances du site. Ils se sont rendus sur place, en convoi. D’importants effectifs de gendarmerie sont aussi présents, pour parer tout débordement.

Un mot d’ordre du KDA de ne pas démarrer

Ce jour est, en effet, celui arrêté pour le démarrage de la campagne sucrière 2024, en Grande-Terre et en Basse-Terre. À Marie-Galante, la date choisie par les acteurs du secteur est le 14 mars.

Mais, en Guadeloupe dite "continentale", c’est sans compter sur le Kolèktif des Agriculteurs (KDA), qui représente une minorité de planteurs (ceux qui ont peu d’hectares plantés en canne) ; il entend empêcher toute livraison, tant qu’il n’obtiendra pas satisfaction, sur ses revendications. Le bras-de-fer continue, donc.

On est venus parce qu’on a entendu que la date de démarrage était prévue ce matin. On va voir quels sont les gens qui emmènent la canne. Normalement, on a passé le mot d’ordre à tous les opérateurs de ne pas démarrer. Tant qu’on n’a pas trouvé un terrain d’entente, on ne peut pas démarrer.

Eugène Mardivirin, exploitant agricole installé en Groupement Foncier Agricole (GFA) à Petit-Canal, membre du KDA

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Un prix plancher prôné par l’association des maires de Guadeloupe

Selon nos informations, une réunion a eu lieu, hier (jeudi 29 février 2024), au siège de la Coordination Rurale, à Jarry, avec le KDA, les Jeunes agriculteurs (JA) et l’UDCAG, SICA de la Basse-Terre partie prenant de la mobilisation. Ces organisations devaient rédiger un protocole de sortie de crise à soumettre au préfet, en vue d’un démarrage effectif de la récolte lundi prochain. Le texte propose de payer la canne selon un prix plancher de 120 euros par tonne de canne, quelle que soit la richesse saccharimétrique de la production ; ce tarif unique provisoire serait appliqué durant trois ans, le temps de restructurer la filière.

Une autre réunion est prévue ce vendredi, à Paris, entre des représentants de ces mêmes organisations et des membres du cabinet du ministre de l’Agriculture.

Un prix plancher, c’est aussi la revendication de Jocelyn Sapotille. Dans un communiqué daté 28 février, le président de l’Association des maires de Guadeloupe (AMG) s’appuie sur un comparatif, pour justifier sa proposition :

Sur les trois territoires que sont la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion, c’est en Guadeloupe que les planteurs sont les plus désavantagés. Alors qu’à la Réunion et qu’à la Martinique la participation de l’industriel est respectivement de 57% pour un montant de 59,20€ et de 31% pour un montant de 44,34€, en Guadeloupe la contribution de l’industriel correspond à 16% de la formation du prix et 84% sont apportés par le secteur public (Europe, Etat, Région, Département).

Communiqué de Jocelyn Sapotille, président de l’AMG

Jocelyn Sapotille est lui aussi favorable à un démarrage rapide de la campagne sucrière, pour le bien de tous les acteurs de la filière canne. D’où sa proposition d’une alternative provisoire, pour cette année, alors qu’une longue et pointue réflexion est nécessaire pour des changements satisfaisants pour tous.

À noter que le centre de transfert de Béron, à Sainte-Rose, a ouvert à 7h00, ce vendredi, pour réception des cannes de la Basse-Terre.