CANNE. Les planteurs mobilisés sont déterminés et prêts à sacrifier la campagne sucrière 2024

Les planteurs de canne mobilisés étaient en assemblée générale extraordinaire, à Petit-Canal - 10/03/2024.
C’est le statu quo, dans le secteur canne-sucre en Guadeloupe. La récolte ne débute toujours pas, dans la mesure où le Kolèktif des Agriculteurs et ses sympathisants campent sur leur position : soit l’usine Gardel accepte ses conditions, à savoir le versement d’un prix fixe indépendant de la richesse saccharimétrique de la production, soit la campagne sucrière n’aura pas lieu cette année. Les planteurs contestataires étaient en assemblée générale, ce dimanche, à Petit-Canal.

Salle comble à la mairie de Petit-Canal, ce dimanche 10 mars 2024. Les membres du Kolèktif des Agriculteurs (KDA), de la coordination rurale Gwadloup, des Jeunes Agriculteurs (JA), du Mouvement de défense des exploitants familiaux (MODEF), de la SICA cannière de la Basse-Terre UDCAG et de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) de Guadeloupe se sont donné rendez-vous à 9h00, pour une assemblée générale extraordinaire. L’objet de cette réunion était "la situation d’URGENCE de la campagne sucrière 2024".

Les planteurs de canne mobilisés étaient en assemblée générale extraordinaire, à Petit-Canal - 10/03/2024.

Des planteurs déterminés

Tous ces producteurs de canne ont réaffirmé leur position : il n’y aura pas de récolte cette année, s’ils n’obtiennent pas satisfaction. Après avoir revu leurs exigences à la baisse, il réclame à l’usine sucrière Gardel de leur verser 120 euros par tonne de canne livrée, quelle que soit la teneur en sucre de la production ; ils demandaient précédemment 160€/t.

Pour l’heure, Gardel propose de partager ses bénéfices après la récolte, sans en préciser les modalités. Les militants jugent cette proposition insuffisante et, surtout, imprécise. 

Ils sont donc bel et bien déterminés à vivre une année blanche, malgré les positions unanimes exprimées par les autres acteurs de la filière : le préfet, la région, le Département, l’usinier, les SICA cannières (outre l’UDCAG) appellent à un démarrage rapide de la campagne, alors que la richesse saccharimétrique de la canne est à son maximum. La saison aurait dû être lancée il y a 10 jours. 

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Dans le contexte actuel de blocage, les opérateurs de coupe et les transporteurs de canne sont eux aussi privés d’activité.

Des négociations au point mort

Les planteurs mobilisés l’affirment : poursuivre selon les termes de la Convention canne 2023-2028 signé en avril dernier, reviendrait à travailler à perte. Ce qu’ils gagnent ne couvre pas l’entièreté des charges que doivent assumer les agriculteurs, en ces temps d’inflation, selon eux.
La Convention prévoit un versement de 109€/tonne au maximum, en fonction de la richesse en sucre ; mais cette dernière est rarement suffisante pour que cette somme maximale soit réellement perçue.
Cela, l’usinier ne veut pas l’entendre, regrettent les planteurs, qui restent dans l’attente de nouvelles négociations.

C’est l’industriel qui ne veut plus négocier ; ce n’est pas nous. Dans cette posture dictatoriale, moi je dis qu’on en est à ne pas livrer de la canne, puisqu’en fait c’est nous qui détenons la matière première et il faut qu’on puisse négocier !  (...).

Wilhem Monrose, planteur de canne à Anse-Bertrand, sur 19 ha

Wilhem Monrose, planteur de canne à Anse-Bertrand, sur 19 ha ©Jordi Rayapin et Ronhy Malety - Guadeloupe La 1ère

Gabrielle Louis Carabin, maire du Moule, commune où est implantée l’usine Gardel, est venue appeler à l’ouverture des négociations, de même que Patrick Sellin, président de la Chambre de l’agriculture de la Guadeloupe.
Ce dernier a tenu à rappeler que la Convention canne est un document ouvert et évolutif ; il craint l’impact économique et social d’une éventuelle année blanche.

Il ne faut pas qu’on soit dos à dos. Il faut qu'on puisse rétablir le dialogue et, moi, c’est ma mission cette semaine (...) Il faut que l’usinier revienne à la table des négociations.

Patrick Sellin, président de la chambre de l’agriculture de la Guadeloupe

Patrick Sellin, président de la chambre de l’agriculture de la Guadeloupe ©Jordi Rayapin et Ronhy Malety - Guadeloupe La 1ère

Une fois de plus, donc, les regards se tournent vers Gardel, appelé à entendre la "souffrance des agriculteurs" et à revoir sa copie. Un appel en tout cas lancé par les parties présentes, ce dimanche.