Une crise politique grave vient de s'ouvrir en Haïti, au sein même du Conseil de transition de transition. C'est une résolution, adoptée par huit membres du Conseil sur neuf, le vendredi 8 novembre et publiée au Journal Officiel, qui a mis le feu aux poudres. Seul Edgard Leblanc Fils s’est abstenu. Cette résolution fait état que les membres du Conseil font le choix par consensus d'Alix Didier Fils-Aimé comme Premier ministre.
Une décision contestée par Garry Conille
Alix Didier Fils-Aimé est un homme d'affaires, ancien candidat au Sénat. Il devrait être nommé ce lundi mais Garry Conille refuse de laisser sa place. Dans une déclaration officielle, le Premier ministre limogé conteste une décision "prise en dehors de tout cadre légal et conventionnel". Il affirme que s'il peut nommer un Premier ministre, aucun texte ne permet au Conseil de transition de le renvoyer.
Toute tentative de déstabilisation institutionnelle à ce moment précis n'est rien d'autre qu'une manoeuvre qui affaiblit encore davantage notre pays et compromet gravement nos chances de surmonter cette crise. /... / Je suis prêt à poursuivre ce combat pour la stabilité de notre pays, à défendre la légalité et à contester toute action illégale motivée par des intérêts politiques étroits qui ne font qu'ajouter à la souffrance de notre peuple.
Garry Conille, Premier ministre
Une instabilité politique chronique
La décision de démettre M. Conille de ses fonctions intervient après des semaines de conflit entre le dirigeant et le conseil de transition. Le conseil souhaitait changer les responsables des ministères de la Justice, des Finances, de la Défense et de la Santé, contre l'avis du Premier ministre, selon le journal Miami Herald. Haïti pâtit depuis des dizaines d'années d'une instabilité politique chronique. Mais depuis quelques mois, le pays doit faire face en plus à une résurgence de la violence des gangs, qui contrôlent 80% de la capitale Port-au-Prince.
Après la démission du Premier ministre controversé Ariel Henry en avril, des autorités de transition ont été mises en place, avec pour lourde mission de rétablir la sécurité et d'organiser des élections.
Médecin de 58 ans qui fut déjà Premier ministre d'Haïti pendant six mois entre 2011 et 2012, Garry Conille avait été désigné par ce Conseil présidentiel de transition.
Une population en souffrance
Mais la situation continue de s'aggraver malgré la mise en place de la mission multinationale de soutien à la police. Soutenue par l'ONU et les Etats-Unis, cette mission menée par le Kenya a commencé à se déployer cet été avec pour l'instant un peu plus de 400 hommes arrivés dans ce pays des Caraïbes. Jeudi, les Nations unies ont mis en garde contre une aggravation des niveaux de faim dans le pays.
La vague de violences et une situation humanitaire catastrophique ont forcé plus de 700.000 personnes, pour moitié des enfants, à fuir leur domicile pour trouver refuge ailleurs dans le pays, selon les derniers chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).