Derrière la liquidation du restaurant Cochon + des Abymes, les difficultés de la filière viande de Guadeloupe

Restaurant Cochon + à Perrin, aux Abymes
Le restaurant spécialisé dans le porc grillé, ferme ses portes après plus de deux décennies d'activité sur la route de Perrin, aux Abymes. Une fermeture qui, pour certains observateurs, symbolise tout de même les difficultés d'une filière viande en crise en Guadeloupe.

C’est la fin d’une aventure pour "Cochon +", établissement incontournable de la route de Perrin, aux Abymes, aujourd’hui en liquidation judiciaire, après avoir été placé en redressement en mai 2023.

D'abord une roulotte, cet établissement créé en 2001 par Fabrice Calabre, s’est rapidement imposé comme une référence en matière de viande de porc grillée en Guadeloupe. Une aventure qui fait suite aux difficultés dans l’élevage de l'entrepreneur. Il décide de changer de cap en se lançant dans cette entreprise ambitieuse.

Au fil des années, le succès est au rendez-vous. Le restaurant de Perrin attire des clients, qui affluent chaque jour pour profiter des spécialités de la maison, sur place ou à emporter. "Jusqu’à 1 200 repas par jour", explique fièrement le gérant. 

Pourtant "Cochon +" fermera définitivement ses portes. "On a fait de notre mieux… On a fait tout ce qu’on pouvait… On a essayé. En vain…", confie Fabrice Calabre avec une certaine amertume. Vingt employés se retrouvent ainsi directement affectés par cette fermeture. Parmi les causes principales : la crise sanitaire, les travaux de la Nationale, l’augmentation des coûts des matières premières et des charges, ainsi que la baisse du pouvoir d’achat. Autant de facteurs qui, après la pandémie de Covid-19, ont contribué à réduire le chiffre d’affaires de l’entreprise de moitié.

©Guadeloupe

Mais cette fermeture révèle un problème plus vaste. Elle touche un secteur déjà fragilisé : celui de la viande en Guadeloupe.
Gary Velayandon, président des artisans bouchers de l’archipel, tire la sonnette d’alarme. Il faudrait que les autorités compétentes lancent un véritable plan de relance du métier, selon le professionnel qui explique que la filière est en difficulté non seulement à cause des charges élevées mais aussi de la concurrence déloyale des abattages clandestins. "C’est une filière qui fait vivre 800 à 900 familles", insiste-t-il, en évoquant les inquiétudes des professionnels face à l’avenir.

Pour Gary Velayandon, le métier de boucher "a de l’avenir mais il faut qu’il soit organisé". Conscient des défis à relever, il espère que les autorités prêteront une oreille attentive aux doléances des artisans et mettront en place les mesures nécessaires pour permettre à la filière de se relever.

©Guadeloupe

Malgré ce revers, Fabrice Calabre reste optimiste. D’autres établissements de l’enseigne Cochon + continueront d’accueillir leurs clients. "Aujourd’hui, ce qui arrive au niveau de Cochon +, je reste convaincu que c’est pour aller ailleurs. Quelque part de meilleur… Je crois en demain… On va continuer", conclut-il, déterminé à surmonter cette épreuve et à poursuivre son aventure entrepreneuriale.