Jeudi 18 avril 2024, une coalition d’environ 20 organisations non gouvernementales rassemblée à Genève pour le Forum permanent des Nations Unies pour les personnes d’ascendance africaine (PFPAD), a annoncé vouloir mettre en place une nouvelle commission indépendante pour superviser la restitution de la dette de la France envers Haïti, qu’ils qualifient de rançon. En effet en échange de la reconnaissance de l'indépendance arrachée par les anciens esclaves d'Hispaniola, Charles X, dans une ordonnance en date du 17 avril 1825, exige une indemnité de 150 millions de francs or pour dédommager les anciens colons et l’assurance d’échanges commerciaux privilégiés en faveur de la France. Cette dette sera totalement remboursée en 1947 mais Haïti continuera à rembourser des intérêts aux banques américaines et françaises jusqu'en 1952.
Le soutien de Volker Turk
Vendredi 19 avril, Volker Turk, Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, dans un discours prononcé lors de la clôture du PFPAD, qui s’est déroulé sur quatre jours, a soutenu l'action du Forum, pointant, une fois de plus, la France du doigt.
Je me joins à vos demandes d’action immédiate. En matière de réparations, nous devons enfin entrer dans une nouvelle ère. Les gouvernements doivent faire preuve d’un véritable leadership en s’engageant sincèrement à passer rapidement de la parole aux actes afin de réparer les torts du passé.
Volker Turk, Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme
Une dette de la France entre 20 et 108 milliards d'euros
De nombreux Haïtiens considèrent que le paiement de cette indemnité a entraîné un important retard de développement dans le pays. Une indemnité dont les historiens ne parviennent pas à se mettre d'accord sur la valeur actuelle mais qui pourrait atteindre entre 20 et 108 milliards d’euros, selon une enquête du New York Times de 2022. Les autorités haïtiennes estiment que cet argent devrait être affecté à des travaux publics en Haïti, où un conseil de transition a été installé ce mois-ci dans le but de restaurer la sécurité après le règne des gangs armés.
Il est temps que la France reconnaisse cela et que nous avancions.
Monique Clesca, une militante de la société civile haïtienne
Le ministère français des Affaires étrangères n’a pas répondu pour le moment. Le 10 mai 2015, François Hollande, alors Président de la République, avait, lui, parlé d’une « dette morale » envers Haïti, dans son discours prononcé pour l'inauguration du Mémorial ACTe.
À REVOIR : L'amnésie coloniale de la France vis-à-vis d'Haïti, la tribune " en toute subjectivité "de Dov Alfon, Directeur de la rédaction du Journal Libération, sur France Inter et reprise sur Guadeloupe la 1ère la Radio.