Covid-19 : maintien des mesures de lutte et stabilisation de la situation sanitaire

En conférence de presse hebdomadaire, le préfet et la directrice de l'ARS ont annoncé une stabilisation de la situation sanitaire, avec 1048 nouveaux cas de Covid-19, entre le 21 et le 27 septembre. 15 nouveaux décès sont à déplorer. Les mesures de lutte sont maintenues, pour encore une semaine.

A (re)voir l'intégralité de la conférence de presse

Ce mercredi 30 septembre 2020, depuis la salle "Camille Mortenol", à la sous-préfecture de Pointe-à-Pitre, le préfet de la Guadeloupe, Alexandre Rochatte et la directrice de l'Agences régionale de santé (ARS) de Guadeloupe, Valérie Denux, étaient face à la presse, pour leur désormais traditionnelle conférence de presse hebdomadaire.
A l'ordre du jour : le dernier point de situation sanitaire et les mesures prises pour lutter contre la propagation de la Covid-19.
(Cadreur : Jean-Marie-Mavounzy - prise de son : Justin Mirval)

Cette conférence fait suite à une réunion du comité de suivi COVID-19, hier, entre le préfet de région, la directrice générale de l'ARS, la rectrice de région académique Guadeloupe, avec les grands élus de l'archipel : les représentants du Conseil régional et du Conseil départemental, et les présidents des Établissements Publics de Coopération Intercommunale et maires de Guadeloupe.
 

Le point sanitaire

Valérie Denux a opté pour une tonalité positive, dans sa manière de communiquer, pour annoncer que la situation de l'archipel, face à la Covid-19, s'est stabilisée. La circulation du virus reste très active, quoiqu'il en soit.

Parmi les chiffres clés présentés, concernant la période du lundi 21 au dimanche 27 septembre 2020 :

  • 15 personnes sont décédées, majoritairement des hommes. Toutes souffraient déjà de maladies chroniques. La plus jeune avait 55 ans ;
  • 1 048 nouveaux cas de Covid ont été diagnostiqués. Ce nombre reste très élevé, mais est bel et bien synonyme de stabilisation de l'épidémie, par rapport à la semaine précédente ;
  • 4 615 tests ont été réalisés ;
  • 7 clusters sont en cours d'investigations.
  • 13 patients sont sortis du service de réanimation après avoir été stabilisés ; ils ont été redirigés vers la médecine.
La directrice de l'ARS a tenu à rappeler que les clusters sont des sites au sein desquels les cas (plus de 3) sont liés entre eux. On peut alors parler de chaînes de contamination active.
Ces clusters sont principalement détectés dans des sphères privées. C'est, donc, dans les milieux familiaux, puis professionnels, que les personnes doivent se montrer davantage vigilantes.
Nota bene : les cas scolaires proviennent de l'extérieur et ne sont, donc, pas des clusters, selon Valérie Denux.

Par ailleurs, l’activité hospitalière reste très intense. Il y a plus d'entrées de nouveaux patients Covid, que de sorties. Cela parce que les cas les plus graves sont pris en charge jusqu'à trois semaines. Il y a plus d'une centaine de personnes hospitalisées en médecine et 27 patients en réanimation Covid, à l'heure actuelle.
Le service de réanimation Covid du CHU dispose de 36 lits ; un nombre qui peut encore évoluer à la hausse.
Des évacuations sanitaires sont possibles vers la Martinique, particulièrement pour les oxygénations extra-corporelles, spécialité propre à la collectivité territoriale voisine.
 

Nos seniors sont particulièrement touchés par les formes graves de la maladie. Le taux d’incidence augmente dans les tranches de 60-70 ans et de 70-80 ans avec respectivement une incidence de 291,51/100 000 et de 202,65/100 000 habitants.


Un signal encourageant : le facteur de reproduction du virus (R), qui représente le nombre moyen de personnes qu’une personne infectée peut contaminer, est inférieur à 1, soit 0,92. 

Ainsi, depuis le début de l'épidémie de coronavirus, il y a eu :
  • 57 personnes  décédées, en Guadeloupe ;
  • 5 528 personnes ont contracté le virus ;
  • 55 187 tests ont été réalisés.
 

Pas de nouvelle mesure 

Alexandre Rochatte l'a dit d'emblée : il n'ajoute, pour le moment, aucune mesure de lutte contre la propagation de la Covid-19, au dispositif déjà existant et abondé vendredi dernier.
Le préfet entend laisser aux restrictions et recommandations en vigueur le temps d'être évaluées sur un délai raisonnable.
Ainsi, un bilan sera fait d'ici la semaine prochaine, pour en juger l'efficacité et, éventuellement, les renforcer ou les alléger. Cela en fonction de l'évolution de l'épidémie, bien entendu.

Puisqu'il semble que certains arrêtés n'aient pas été bien compris par les personnes concernées, ils seront précisés. C'est le cas, par exemple, de l'interdiction de consommer sur place, qui s'adresse aussi aux boulangeries.
 

Le contexte

Souvenez-vous : il y a tout juste une semaine, Olivier Véran classait la Guadeloupe en "Alerte Maximale", le niveau le plus élevé avant l'état d'urgence sanitaire. En cause, la circulation croissante de la Covid-19, depuis plusieurs semaines, sur le territoire, mais aussi le nombre de personnes impactées par le virus et, surtout, l'engorgement des services hospitaliers.Depuis, le préfet a renforcé les mesures de lutte contre le coronavirus. Des dispositifs restrictifs, tant pour la population, notamment dans les cercles familiaux, que pour les socio-professionnels, dont certains ont été obligés de cesser toute activité.


Impossible de faire l'unanimité ?

Ces points hebdomadaires sont des exercices complexes, pour le préfet de la Guadeloupe et de la directrice de l'Agence régionale de la santé. Quelles que soient les mesures prises, pour lutter contre la propagation du virus, les autorités semblent ne pas pouvoir faire l'unanimité.

Parmi ceux qui crient à l'abus de restrictions, il y a des socio-professionnels inquiets, alors que tout un pan de l'économie locale est à l'arrêt, ou tourne au ralenti.
Les professionnels du tourisme, en particulier, déplorent la mauvaise publicité faite à la Guadeloupe, sur les médias nationaux et internationaux. L'image d'un territoire gangréné par la Covid-19 est de nature à plomber la prochaine saison touristique.

A l'inverse, des voix s'élèvent pour affirmer que seule compte la santé des Guadeloupéens et que les contrôles, aux ports et aéroports doivent être renforcés.

D'autres estiment que les mesures sont insuffisantes : c'est le cas de plusieurs syndicats de l'Education Nationale, qui se demandent si les enseignants sont les sacrifiés de la crise sanitaire. Alors que les mesures sont renforcées partout ailleurs, pourquoi, demandent-ils, les protocoles d'accueil des élèves ont-t-ils été allégés ?

Enfin, certains considèrent que les mesures sont tout bonnement inefficaces. Les autorités n'activeraient pas les bons leviers, pour endiguer l'épidémie.

Et ne parlons même pas des sceptiques qui ne croient pas un traître mot de ce qui est dit par les autorités...