Divergence de vue quant à la commémoration du bicentenaire de la mort de Napoléon

Le Chef de l'Etat a donc commémoré le bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte. Une "commémoration éclairée" selon le Président de la République mais qui reste inadmissible selon les mouvements nationalistes guadeloupéens qui l'ont fait savoir, tandis qu'Emmanuel Macron s'exprimait à Paris. 

"Napoléon Bonaparte est une part de nous" : Emmanuel Macron a dressé mercredi un portrait "en clair-obscur" de cette figure controversée de l'Histoire de France, dénonçant ses "fautes", comme le rétablissement de l'esclavage, mais aussi célébrant ses qualités de "bâtisseur et législateur" et de défenseur de la souveraineté nationale.

En commémorant le bicentenaire de la mort de l'Empereur, le chef de l'Etat, premier président à s'exprimer sur Napoléon depuis Pompidou, a expliqué dans un discours à l'Institut de France vouloir réaliser une "commémoration éclairée". Avec, a-t-il insisté, "la volonté de ne rien céder à ceux qui entendent effacer le passé au motif qu'il ne correspond pas à l'idée qu'ils se font du présent", en une critique implicite de la "cancel culture".

Retrouvez le discours du président : 

Une part d'ombre

Sur l'esclavage, que Napoléon a rétabli, il déclare ainsi que "la Deuxième République a réparé en 1848 cette trahison de l'esprit des Lumières". Evoquant les pertes en vies humaines dont l'Empereur est responsable, il souligne que la France a depuis "placé la valeur de la vie humaine plus haut que tout que ce soit, dans les guerres ou dans les pandémies", une référence à la gestion du Covid-19. Il a enfin condamné son "exercice arbitraire d'un pouvoir solitaire."

"De l'Empire nous avons renoncé au pire, de l'Empereur nous avons embelli le meilleur."

 

                                                                Emmanuel Macron,

                                                    à propos de Napoléon Bonaparte

 

Une page honteuse de l'histoire de France

Ces propos du Président de la République n'ont en rien atténuer la colère des organisations nationalistes guadeloupéennes. Pour elles, Napoléon Bonaparte est un criminel. EIles l'ont dit haut et fort au cours d'une conférence de presse ce mercredi matin, alors même que le Président de la République s'exprimait à l'Institut de France.

Luc Reinette Fos pou konstwi Nasyon Gwadloup

Mais aussi "une oeuvre de progrès"

Le chef de l'Etat a en revanche rendu hommage à "un stratège, un législateur, un bâtisseur", à "cette part de France qui a conquis le monde". Il a célébré celui qui "a gravé dans le marbre l'égalité civile entre les hommes avec le Code civil, la protection de la loi pour tous avec le Code pénal". Mais a ajouté que l'Etat avait "poursuivi cette oeuvre de progrès en agissant pour l'égalité entre les femmes et les hommes et en abolissant la peine de mort", alors que Napoléon est critiqué pour avoir inscrit l'infériorité de la femme par rapport à son mari dans le Code civil.

Autre écho à l'actualité, Emmanuel Macron a aussi applaudi celui qui a "apaisé les relations avec les grandes religions, par le Concordat, par le Grand Sanhédrin", une cour suprême juive convoquée par Napoléon au début du XIXème siècle. Dans une ode à la valeur individuelle qui résonne avec son propre credo politique, il a célébré enfin une vie de "volonté", de "liberté", de "goût du possible", qui "démontre qu'un homme peut changer le cours de l'Histoire", ainsi qu'une "invitation à prendre son risque, faire confiance à l'imagination, être pleinement soi". 

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