Don du rein de son vivant : le cadeau de vie d'Alex à son cousin Johnny

Johnny Ramaye (à gauche) a reçu un rein de son cousin, Alex Ramaye (à droite), il y a 10 ans
Depuis cinq ans, aucun don de rein par un donneur vivant n'a été enregistré en Guadeloupe, aggravant la situation pour les patients et la filière de greffe. Avec 250 personnes sur liste d'attente pour seulement une soixantaine de greffes annuelles provenant de donneurs décédés, les besoins sont urgents. Il y a dix ans, Alex a donné un rein à son cousin Johnny. Une histoire inspirante.

Alex et Johnny Ramaye, cousins, se retrouvent régulièrement pour échanger et partager des nouvelles. Mais au-delà des liens familiaux, ils sont depuis le 16 décembre 2014 unis par un acte de générosité. Ce jour-là, Alex a fait don de l’un de ses reins à Johnny, en insuffisance rénale. Un geste spontané pour Alex, qu’il décrit comme "tout à fait naturel".

"Je n'ai pas eu de temps de réflexion", se souvient Alex. "Je savais qu'on pouvait vivre avec un seul rein. Je n'ai pas réfléchi, j'ai foncé et je ne le regrette pas." Ce don a permis à Johnny de retrouver une vie normale après des années de dialyse.

Pourtant, en Guadeloupe, cet acte est rare. En effet, il n'y a pas eu de don d'organe vivant dans le département depuis cinq ans, alors que 250 patients de l'archipel, de la Martinique et de la Guyane sont en attente d'une greffe, et 600 sont sous dialyse.

Un parcours encadré

Avant de pouvoir offrir ce don, Alex a dû passer par une série d'évaluations médicales et psychologiques, conformément aux procédures légales.

Le don d'organe vivant n'est autorisé que s'il répond à des critères stricts, visant à protéger la liberté et la santé du donneur. Les risques, conséquences et bénéfices de l'opération doivent être clairement expliqués, et le consentement doit être donné en toute conscience. Un comité d'experts se charge d'évaluer l'état d'esprit des deux parties pour s'assurer qu'il n'y a aucune forme de pression.

Malgré ces démarches complexes, Alex n'a jamais hésité. Déjà titulaire d'une carte de donneur, il était fermement décidé à aller jusqu'au bout. "Il y a du bonheur à aider quelqu'un, surtout quand cette personne s'épanouit personnellement et professionnellement", dit-il.

Un nouveau départ pour Johnny

Pour Johnny, cette greffe a marqué une véritable libération. Après avoir perdu un premier rein à l'âge de 10 ans, puis le second en 2009, il a passé des années à vivre au rythme des séances de dialyse, un traitement lourd et contraignant. "Tout s'est arrêté à ce moment-là", raconte Johnny. "La greffe a été une véritable renaissance."

Aujourd'hui, Johnny vit sans complication majeure, et tout comme Alex, il continue son chemin avec une reconnaissance profonde pour le geste de son cousin. "Il faut que je prenne soin de cet organe", confie-t-il. "Je dois respecter ce qu'il a fait et faire attention."

Un lien indéfectible

Dix ans après l'opération, Alex et Johnny se portent bien. Alex, lui, ne garde qu'une cicatrice et quelques souvenirs de l'opération, mais surtout la satisfaction d'avoir sauvé la vie de son cousin. "Si c'était à refaire, je n'hésiterais pas une seconde", assure-t-il avec le sourire. "C'est juste dommage que je n'aie pas plus de reins !"
Mais pour l’instant, il a l’esprit tourné vers un autre grand événement : Alex se marie ce week-end, une nouvelle étape dans une vie riche de générosité et de joie partagée.

L'histoire d'Alex et Johnny Ramaye rappelle la nécessité de sensibiliser davantage aux dons d'organes, notamment en Guadeloupe, où les besoins restent importants.