Depuis plus de 15 ans, Harry Durimel oeuvre pour que la responsabilité de l'Etat soit reconnue dans le scandale du chlordécone. L'avocat, aujourd'hui maire de Pointe-à-Pitre en appelle désormais à Emmanuel Macron. Après la disparition de pièces du dossier judiciaire.
Harry Durimel, l'avocat des associations qui ont esté en justice contre l'empoisonnement au chlordécone de nos territoires, devenu maire de Pointe-à-Pitre, a pris sa plume pour écrire au président de la République, Emmanuel Macron. L'élu est inquiet du possible non-lieu dans la procédure judiciaire. Il prend Emmanuel Macron au mot. Le Président de la République avait annoncé en Martinique, au Morne Rouge que l'Etat devait prendre toutes ses responsabilités dans cette affaire.
L'Etat doit prendre sa part de responsabilités dans cette pollution et doit avancer dans le chemin de la réparation.
Une "réparation collective"...
Ces mots ont été prononcés par le président de la République, en Martinique, en septembre 2018, lors d'un voyage présidentiel. Visite d'Etat durant laquelle il avait également annoncé que l'exposition à ce pesticide très toxique serait reconnue comme une maladie professionnelle.
Harry Durimel souhaite l'application stricte du principe "pollueur-payeur"
Trois ans plus tard, ce "scandale environnemental", selon les termes employés par Emmanuel Macron pourrait tomber dans l'oubli. Les juges d'instruction ont appris aux associations guadeloupéennes et martiniquaises que des preuves avaient disparu et que le dossier pouvait être sous le coup d'une prescription. Elles avaient déposé plainte dès février 2006 contre l'empoisonnement de leurs îles au chlordécone. Pesticide interdit en France en 1990 mais qui a continué à être autorisé dans les champs de bananes de Martinique et de Guadeloupe par dérogation ministérielle jusqu'en 1993.
Dans son courrier au chef de l'Etat, Harry Durimel, avocat et maire de Pointe-à-Pitre, insiste sur la durée du combat qu'il a entrepris auprès de ces associations. De la découverte de l'empoisonnement en 2002, à la première plainte, en 2006. Il ne requière pas une intervention d'Emmanuel Macron quant à la prescriptibilité du dossier. Mais lui rappelle la nécessité qu'en "qualité de garant de l'indépendance de la magistrature, il lui revenait de mettre l'appareil judiciaire à l'abri de "toutes formes de pression, y compris des vols ou disparitions de pièces de procédure".
Harry Durimel attend du président de tous les Français, une reconnaissance sincère de la gravité de cet empoisonnement et l'application stricte du principe "Pollueur-payeur". Les Guadeloupéens ne comprendraient pas que le silence d'Emmanuel Macron résonne "comme une caution à l'injustice".
Harry Durimel conclut en saluant le "premier et seul" président, en 20 ans, ayant reconnu la responsabilité de l'Etat. Avant de demander "Ne nous laissez pas tomber, Monsieur le Président !"