La panne, depuis octobre 2023, d’un des navires de la compagnie Val Ferry est lourde de conséquences, pour les voyageurs à destination et au départ de Marie-Galante. L’Express des Iles, l’autre transporteur maritime qui dessert l’île, doit à lui seul répondre aux besoins des usagers.
De six rotations quotidiennes, seules quatre, voire deux sont désormais assurées. Cette carence doit durer encore un mois, puisque les réparations s’éternisent
Sur certaines pièces, les côtes n’étaient pas les bonnes. Du coup, cela nous a renvoyé à une date ultérieure. Il est prévu que les techniciens reviennent la semaine prochaine ; on sera déjà en 2024. Il faut compter 3 semaines de travaux. Donc on espère redémarrer les rotations fin janvier/début février.
Claude Vala, gérant de la société Val Ferry
Double impact économique et sanitaire
En attendant, les personnes désireuses de se rendre sur la "Grande Galette", en particulier les Marie-Galantais qui parlent d’une situation "insoutenable", même si L’Express des Iles fait le maximum pour s’adapter à la demande. L’offre demeure insuffisante, du point de vue des habitants, qui réclament une double rotation, entre la Guadeloupe et leur territoire doublement insulaire.
Les acteurs économiques se plaignent de l’impact de cette situation sur leur activité. Ils se sont rassemblés sous la bannière d’un Collectif de défense de la desserte maritime Pointe-à-Pitre/Marie-Galante.
Il n’y a pas de place sur le bateau. Les touristes ne peuvent plus venir à Marie-Galante. Les restaurateurs souffrent... On ne peut plus subir cette situation. C’est inadmissible ! Il n’y a qu’un seul bateau. Il faut résoudre ce problème.
Joël Moysan, président du Collectif et président des acteurs économiques de Marie-Galante
L’insuffisance de rotation est aussi à l’origine d’un risque sanitaire, au détriment des habitants ; leurs déplacements médicaux sont compliqués et génèrent des surcoûts.
Quand vous devez partir à 6h00 pour un rendez-vous à 8h00, vous avez l’obligation de louer une voiture, de louer une chambre d’hôtel, d’attendre quelque part, de déranger un parent peut-être... Il y a des surcoûts inhérents à cette situation de double insularité. Souvent, nous avons des problèmes : des patients se retrouvent déposés comme des colis, à la gare maritime et n’ont pas de conditions d’accueil acceptables.
Maryse Etzol, présidente de la Communauté des communes de Marie-Galante
Les élus réclament une obligation de service public
La revendication d’une réelle continuité territoriale ressurgit, dans ce contexte. Marie-Galante réclame des rotations maritimes beaucoup plus régulières, tout au long de l’année.
Marie-Galante est coupée de la Guadeloupe après 16h00. Ce n’est pas acceptable, si on veut parler d’équité territoriale. Quand vous partez en Guadeloupe le matin dès 6h00, vous ne pouvez rentrer chez vous que le soir à 17h00 [NDLR : le trajet dure environ une heure]. Nous n’acceptons plus d’être traités comme des Guadeloupéens de seconde zone.
Maryse Etzol, présidente de la Communauté des communes de Marie-Galante
Les sénateurs Dominique Théophile et Solange Nadille, ainsi que le député Olivier Serva ont interpellé la première ministre, à ce sujet. Ces parlementaires demandent qu’une obligation de service public soit mise en place d’urgence, à l’exemple de ce qui existe en Corse, à quelques détails près.
En Corse, il n’y a pas d’opérateurs concurrentiels ; donc, l’Etat a dû prendre la main, pour faire la traversée Marseille/Corse. Pour Marie-Galante, c’est un peu différent, puisqu’il y a des opérateurs privés qui se font concurrence. Mais, c’est insuffisant pour le service public. Donc, il faut qu’il y ait la volonté de l’Etat, pour régler ce problème. J’ai cru comprendre qu’il y a 2,5 millions d’euros d’écart, que devrait mettre l’Etat. Nous avons demandé un rendez-vous à la première ministre ; j’espère pouvoir venir avec un dossier travaillé par les élus de Marie-Galante, de la Région et de tout le monde, dont nous, les parlementaires.
Olivier Serva, député de la Guadeloupe
Un entretien avec Elisabeth Borne est espéré pour janvier 2024.