Ecroulement des falaises

Plusieurs maisons de Poirier/Capesterre-Belle-Eau menacent de tomber de la falaise. Certaines sont habitées.
A l’échelle nationale, les littoraux reculent. Un quart des côtes rocheuses et des plages* est rongé par la mer et se dessine au gré du temps et de la nature. Elles sont aussi aidées de la main de l’Homme, pas toujours heureuse. Zoomons ici sur les falaises…
Les mouvements de terrain sont des déplacements des sols et des sous-sols.
Ceux-ci peuvent être lents, ou rapides.
Ils peuvent être d’origine naturelle, ou liés à l’activité humaine.
Il en existe de plusieurs types : glissements de terrainchutes de blocs et éboulements, coulées de boues, effondrements de cavités, érosions de berge**… à chaque phénomène son appellation.
 

ÉBOULEMENTS EN FALAISE DE BORD DE MER


Les éboulements (ou écroulements) sont des phénomènes rapides et/ou événementiels, mobilisant des éléments rocheux plus ou moins homogènes, avec peu de déformation préalable. En fonction de la taille des blocs et du volume de matériaux mobilisés on distingue les chutes de blocs, des éboulements en masse, des éboulements en grande masse.

Exemple à Poirier et Sainte-Marie, deux sections de la commune de Capesterre-Belle-Eau, où les phénomènes sont conjugués : la mer sévit en pied de falaise, des constructions pèsent de tout leur poids au sommet et les sols, quant à eux, sont friables.
Il en résulte des éboulements en masse, synonymes d'importants volumes de matériaux déstabilisés ; en l’occurrence, sur ces sites, plusieurs milliers de mètres cubes se détachent.
Le même phénomène est observé, en Côte au Vent, dans les quartiers de Bovis et Bélair, à Petit-Bourg.

Visite guidée avec Yoann LEGENDRE. Ce géologue régional au BRGM Guadeloupe (Bureau de recherches géologiques et minières) travaille sur les problématiques liées aux risques naturels, à la ressource du sous-sols et s’évertue à développer les connaissances géologiques du territoire et à caractériser les aléas, en terme d’ampleur, de récurrence, d’amplitude…
©BRGM


EN BORDURE DE RIVIÈRE


Autres sites sensibles : le lit des rivières, de surcroît en embouchure. On parle alors d’érosion de berge.
En ces lieux, la rivière et la mer conjuguent leurs efforts. S’ajoute parfois à ses effets néfastes :
  • la nature géologique du sol, qui peut être friable ou meuble ;
  • les constructions ;
  • ou encore la mauvaise gestion de l’évacuation de l’eau.
C’est le cas, là aussi, à Poirier/Capesterre-Belle-Eau, où Yoann LEGENDRE nous a exposé cette problématique 
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RECUL DE FALAISE : PAS QUE LE LITTORAL !


Les phénomènes de chutes de blocs, d’éboulements et d’écroulements des falaises sont aussi observés à l’intérieur des terres. Toutes les parois au dénivelé abrupt peuvent être concernées, pour peu que la nature du sol s’y prête et que des facteurs aggravants soient réunis.

Par exemple, par beau temps, lorsque l’on regarde, au loin, la chaîne montagneuse de la Basse-Terre, on aperçoit des traînées marrons, au milieu de la verdure de la végétation : elles témoignent de ces aléas.

Dans la vidéo ci-après, le cas de Pigeon/Bouillante, où se côtoient deux configurations :
  • une falaise donnant directement sur la mer ;
  • et une autre, plongeante sur la rue, sur laquelle les vagues n’ont pas de prise… sauf phénomènes hors normes.
Les deux ont été fragilisées par les cyclones successifs des dernières décennies, qui ont impacté la Côte-sous-le-Vent, à grand renfort de houle et de vents violents. Les constructions, avec splendide vue sur mer, y sont aussi pour quelque-chose…
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MOUVEMENT DE TERRAIN… OU ÉROSION DU LITTORAL ?


Il existe plusieurs phénomènes naturels liés aux mouvements des sols et des sous-sols ; certains sont officiellement qualifiés de « mouvements de terrain », pour d’autres on parle d’ « érosion du littoral », ou de « recul du trait de côte ».
Et la nuance vaut son pesant d’or !
 
  • L’exemple de l’immeuble « Le Signal ».
Le Code de l’environnement prévoit l’indemnisation, via le Fonds Barnier, des propriétaires de biens ayant fait l’objet d’une expropriation, en raison d’une exposition à certains risques naturels.
L’érosion côtière n’en fait pas partie, à en croire l’arrêt rendu le 16 août 2018, par le Conseil d’Etat, au détriment du syndicat de copropriétaires de l’immeuble « Le Signal » à Soulac-sur-Mer (Gironde).
Cette construction a été édifiée sur une dune de sable qui s’étiole.
Les 78 résidents, exposés au recul du trait de côte* et dont l’immeuble menace de s’effondrer, ont été évacués, en 2014, sans indemnisation.
Leur dernière option est législative : une proposition de loi est dans les tuyaux depuis plus de deux ans, pour prendre en compte l’érosion du littoral.
 
  • La loi.
Le Fonds de prévention des risques naturels majeurs (FPRNM dit Fonds Barnier) a été créé en février 1995.
Il était alors destiné, comme son nom l’indique, à financer les indemnités d'expropriation de biens exposés à un risque naturel majeur. Les menaces graves sur des vies humaines prises en compte sont :
  • Les mouvements de terrain ;
  • Les affaissements de terrain dû à une cavité souterraine ;
  • Les avalanches ;
  • Les crues torrentielles à montée rapide ;
  • Les submersions marines.
L'autorité expropriante peut être l'Etat, une commune ou un groupement de communes.
Cette expropriation doit faire l'objet d'une déclaration d'utilité publique, soumise à enquête publique préalable.
Le montant de l'indemnisation des expropriés est alors fixé par le juge de l'expropriation.
POUR ALLER PLUS LOIN /
* A lire, les articles Alerte Guadeloupe :
- « Le désensablement des plages de Guadeloupe »
- « Le BRGM, spécialiste des sols »

** A consulter :
- le site « géorisque », pour tout savoir des différents types de mouvements de terrain
- le site de l'antenne régionale du BRGM                                              
- et « InfoTerre », qui regroupe l'ensemble des rapports du BRGM.