Le métier d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) est l’une des concrétisations de la volonté nationale de permettre à tous les enfants d’être scolarisés. Ceux et celles qui exercent cette fonction favorisent l’autonomie des élèves en difficulté, car présentant des pathologies de divers ordres. "Ils sont des acteurs-clés, qui contribuent à la mise en place d’une école pleinement inclusive, pour offrir à chaque élève, de la maternelle au lycée, une scolarité adaptée à ses besoins", indique le ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, sur son site Internet.
Leur rôle au sein des établissements scolaires aurait donc dû être valorisé et valorisant, pour les personnes qui ont choisi cette profession.
Mais, en Guadeloupe, la majorité des 1110 AESH de l’académie se plaint d’être déconsidérée, d’iniquité et de "conditions de travail déplorables".
D’où la mobilisation organisée hier (jeudi 31 mars 2022), à l’initiative du Syndicat des personnels de l’Education nationale en Guadeloupe (SPEG).
Les raisons de la colère des AESH de Guadeloupe
Dès 9h00, jeudi, les AESH étaient plusieurs dizaines, tous rassemblés devant le siège du Rectorat de la Guadeloupe, à Dothémare, aux Abymes.
Ces professionnels estiment qu’ils sont mal payés, notamment à cause d’un quota horaire insuffisant. De surcroit, ils ne sont pas tous logés à la même enseigne. En effet, il existe deux pôles de gestion des AESH localement : le Rectorat et le collège du Raizet. Il s’avère que ceux qui dépendent du Raizet ont vu leur temps de travail augmenter jusqu’à une quotité de service à 62%, tandis que les autres stagnent à 50%.
C’est de la discrimination, selon Jean Dernault, secrétaire général du SPEG :
Par ailleurs, les AESH accompagnent tous plusieurs élèves aux profils différents, d’âges différents, scolarisés dans des niveaux différents et dans des établissements différents (écoles, collèges ou lycées), parfois éloignés.
Ce casse-tête, Sabrina Jeanne le vit au quotidien. Elle-même accompagnant d’élèves en situation de handicap, elle s’occupe de cinq enfants à besoins éducatifs particuliers : deux sont scolarisés en CP, un en CE1 et deux en CM1.
"En réalité, au lieu de se donner les moyens pour une véritable école inclusive, c’est tout simplement une politique comptable qui est mise en œuvre et qui ne vise qu’à rentabiliser les moyens et faire, à tout prix, des économies !", dénonce le SPEG dans un tract.
Le syndicat, parmi ses exigences, revendique une affectation sur deux établissements limitrophes maximum et une prise en charge de deux élèves maximum par AESH.
Les grévistes reçus par la rectrice
A 11h00, jeudi, la rectrice de l'académie de la Guadeloupe, Christine Gangloff-Ziegler, a reçu une délégation de grévistes et du SPEG.
L’échange a duré près d’une heure et demie.
Selon la rectrice, les problématiques évoquées seront remontées au niveau national et sont d’ailleurs d’ores et déjà prises en compte, par le ministère.
Localement, Madame Gangloff-Ziegler admet que des moyens sont attribués à un centre de gestion et pas à l’autre.
Elle entend bien que les salariés mobilisés ce jour, souhaitent que leur revalorisation, en termes de temps de travail et de salaire, aille plus vite. Cette possibilité doit être étudiée, "dans le cadre des moyens que nous délègue le ministère", indique-t-elle.
Christine Gangloff-Ziegler a aussi tenu à rappeler le fait que le métier d’AESH a beaucoup évolué, ces dernières années, afin de permettre l’inclusion de tous les enfants.
Les AESH ont donc été invités à attendre le fruit des discussions, avec le ministère.
Mais l'élection présidentielle risque fort d'intervenir entre-temps.