Des mots forts du Pape François pour qualifier la pédophilie dans l'Eglise : le clergé coupable de tels faits devient "un instrument de Satan".

Le Pape François lors de l'ouverture de la Conférence
Depuis jeudi 21 février, tous les présidents des conférences épiscopales de l'Eglise Catholique étaient au Vatican, convoqués par le Pape pour un sommet sur la pédophilie et les abus sexuels dans l'Eglise. Quatre jours qui marqueront un tournant pour l'Église catholique et la protection des enfants.
En concluant ce dimanche, au Vatican la rencontre internationale sur la protection des mineurs dans l’Église, le Pape François a fermement condamné les « abominations » que constituent les abus sur mineurs, - sous toutes leurs formes -, et derrière lesquels se cache « la main du mal » qui n’épargne pas l’innocence des petits.
Alors qu'il présidait la messe dans la Salle Royale du Palais apostolique, le Pape François a conclu le sommet par un discours. Le pape François a alors comparé les abus sexuels perpétrés sur des mineurs au « sacrifice » d’enfants des « rites païens ». « Dans les abus, nous voyons la main du mal qui n’épargne même pas l’innocence des enfants », a-t-il ajouté.
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Des mots qui viennent donc conclure cette rencontre pour la protection des mineurs dans l''Eglise commencée jeudi. Pour l'occasion, ce sont les 114 présidents des conférences épiscopales du monde qui se sont retrouvés à Rome pour participer à cette conférence voulue par le Pape François : 36 en provenance d’Afrique, 32 d’Europe, 24 des Amériques et 18 d’Asie. A leurs côtés, des supérieurs religieux et responsables de la curie romaine. En tout 190 personnes qui participaient à ce sommet minutieusement préparé en amont par un comité organisateur avec les recommandations du Pape lui-même.
Ainsi, dés le mois de décembre dernier, les participants avaient reçu un questionnaire pour évaluer leur prise de conscience sur cette question et il leur avait alors été demandé de rencontrer des victimes. Car après des décennies de déni et de silence, c’est bien d’une prise de conscience collective du drame des abus sexuels et de la responsabilité de chaque évêque dont il s’agit.

« le cri des petits qui demandent justice »

Dès l'ouverture, jeudi 21 février, dans une courte introduction, le pape François a souligné les enjeux du sommet qu’il a convoqué au Vatican sur les abus sexuels, invitant les évêques du monde entier à écouter « le cri des petits qui demandent justice ». Le Vatican a d'ailleurs rendu publics les textes des témoignages de victimes diffusés aux participants du sommet sur les abus sexuels. Ces textes ont été diffusés par enregistrement sonore, afin de respecter la demande des victimes de rester anonymes. Certains cependant ont pu s'exprimer ouvertement devant les participants.
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On aura aussi pu entendre la présentation d'une proposition de réforme des "structures juridiques de responsabilité" pour les évêques accusés d'abus sexuels ou de négligence dans le traitement des accusations d'abus, formulée par  le cardinal Blase J. Cupich, de Chicago.
Le cardinal Blase J. Cupich, de Chicago
Il part du principe que les territoires ecclésiaux sont regroupés en provinces avec un archidiocèse, qui est le siège métropolitain, et des diocèses voisins. En l'occurrence, pour les Antilles et la Guyane, c'est l'archevêque de Fort de France qui assume ce rôle de métropolitain pour la province ecclésiale.
Mgr David Macaire, Métropolitain des Antilles et de la Guyane et Mgr Jean-Yves Riocreux, évêque de Guadeloupe
Canoniquement, l’archevêque ou le cardinal dirigeant le siège métropolitain n’a que très peu de responsabilités. Cela changerait, selon la proposition du cardinal Cupich. Cette réforme qui consiste à utiliser les métropolitains, confère au processus un caractère régional particulièrement important pour assurer le suivi avec la victime.
Le système prévoirait également un remplaçant – peut-être le métropolitain voisin ou l’évêque diocésain ayant le plus d’ancienneté – dans les cas où l'accusé serait l'archevêque métropolitain. Il serait organisé de manière «synodale» en incluant les laïcs «dans un discernement et une réforme qui pénètrent dans toute l'Église» et en formulant des lois et des procédures qui découlent de la réalité de l'Église en tant qu'institution spirituelle.

Nous devons agir pour mettre en place des lois et des structures solides en ce qui concerne la responsabilité des évêques, précisément pour donner une nouvelle âme à la réalité institutionnelle de la discipline de l'Église en matière d'abus sexuel», a déclaré le cardinal au sommet.

Cardinal Blase J. Cupich, de Chicago

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Chacun des participants va maintenant quitter Rome avec une feuille de route pour mettre fin aux errances du passé, et savoir comment régler le cas d’un prêtre abuseur. Harmoniser cette prise de conscience au niveau mondial est un vrai défi. Mais il en va de l’avenir de l’Eglise. 
Au terme de ces quatre jours de conférence et après l'annonce des conclusions du Pape François, le président de la Conférence des évêques de France Mgr Georges Pontier a déclaré :

Du 2 au 5 avril prochain, les évêques de France se réuniront pour leur Assemblée plénière de printemps à Lourdes. Ce sera l’occasion pour moi de transmettre à mes frères évêques les points majeurs abordés ici à Rome. D’une part, les mesures déjà engagées par les évêques de France doivent être confortées par ce qui s’est vécu durant cette rencontre. D’autre part, il a été annoncé que, de cette rencontre, seront tirées « des conséquences opérationnelles et des engagements afin que les impulsions, les propositions et les mesures envisagées puissent être effectivement mises en pratique et que chaque dicastère ou institution sache ce qui lui incombe »