Quartier de Lauricisque, 18 heures. Sous une pluie fine, les lampadaires éclairent le local de VIM. Cette petite case en bois et en tôle, peinte en bleu et orange, s’anime. À l’extérieur, l’encens brûle doucement éloignant les moustiques. Les rires éclatent, les accolades se multiplient.
Ce samedi 4 janvier marque la reprise des adhésions ; une première vague réservée aux anciens membres.
Les fidèles de VIM toujours là
Parmi les adhérents de longue date, il y a Cécile, 31 ans. Elle s’appuie sur le dos de son compagnon pour remplir sa feuille d’inscription. Encore indécise il y a quelques jours, elle a finalement décidé de rempiler. Membre depuis l’âge de 12 ans, elle a été marquée par la disparition de Rudy Benjamin, le leader du groupe, survenue le 14 février 2024. "J’hésitais à m’inscrire, mais en entendant les tambours, je me suis dit : NON, VIM POKO MO, j’y vais !" raconte-t-elle avec enthousiasme.
Rapidement, le lieu se remplit de monde. Une centaine de personnes se rassemblent, les répétitions peuvent commencer. Chaque section trouve son espace, reliée aux autres par un fil invisible, reflétant l’harmonie du groupe. Les contrebasses résonnent dans la pénombre. À l’opposé, les tambours chants s’accordent. Un peu plus loin, coincés entre deux voitures, les ti-bwa marquent leur rythme et, à quelques mètres, les porcelaines affinent leurs notes.
Kessy, joueuse de conque à lambi depuis huit ans, est là, comme toujours. Sa fidélité au groupe est inébranlable. "Je suis loyale envers la musique de VIM, c’est pour ça que je suis là aujourd’hui, par rapport au travail qu’on a fait avec le maestro", confie-t-elle.
Un ADN perpétué : qualité musicale et innovation
Bien qu’il ne soit plus là, Rudy Benjamin reste omniprésent. Dans chaque recoin, son ombre plane, ses enseignements résonnent, son héritage continue d’influencer.
Mais, cette année, VIM doit avancer autrement. "C’est impossible de remplacer un leader de sa trempe", admet Louis Collomb, l’un des piliers du groupe. Il a fallu du temps pour tout peaufiner, "un brainstorming a été nécessaire", explique-t-il.
C’est pour cela que les inscriptions ont pris un peu de retard. Ce silence a semé le doute, même parmi les fidèles, comme Ella, membre depuis trois ans. Pourtant, la passion n’a pas vacillé. "Normalement on reçoit les messages dès le mois de novembre pour s’inscrire et là on ne les a pas reçus dans les délais. Effectivement, on s’est demandé si VIM sortirait cette année. J’ai douté, mais quand vous aimez un groupe il n’y a pas grand-chose qui vous fait reculer. Mon cœur est à VIM” affirme-t-elle.
Un amour indéfectible partagé par Yéléna, Pointoise et membre depuis trois ans également. "Je pense que l’âme de VIM n’est pas morte. J’y vais sereinement, mais toujours en attente de découvrir ce qui va se passer", confie-t-elle.
Pour cette saison 2025 du MAS, une nouvelle organisation a été mise en place. Elle s’articule autour d’une association gérant l’administratif, sous la supervision des tauliers, sans interférer dans les choix artistiques. Le groupe de carnaval lui-même sera divisé en plusieurs sections : musique, costumes, logistique, pilotées par des membres influents. "Tous les fondateurs sont présents. Nous allons écrire une nouvelle histoire de VIM, un autre narratif", annonce Louis Collomb.
Avec un effectif limité à 400 membres, VIM promet de rester fidèle à son ADN : qualité musicale et innovation.
Les répétitions battent leur plein depuis la mi-novembre. Le retour dans les rues est prévu dans deux semaines, avec toujours l’envie de faire différemment.
Une chose est sûre : VIM pa mò !
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