Elle se bat pour être la mère d'un bébé abandonné à la naissance

Colère et tristesse d’une sage-femme qui souhaite adopter un bébé de 7 mois, abandonné et laissé par sa mère à l’hôpital de Marigot. Mais la collectivité de Saint-Martin le lui a repris et placé dans une famille d’accueil. Elle se bat aujourd'hui pour le récupérer.
La mère biologique d'un nourrisson avait souhaité accoucher sous X, avant de se rétracter le lendemain de la naissance, en reconnaissant son nouveau-né. Elle le confie finalement à une sage-femme, celle qui l’a mis au monde. Mais la collectivité de Saint-Martin le lui a repris et placé dans une famille d’accueil. La sage-femme mène aujourd'hui un combat pour être la maman de ce petit garçon.

Plus d'un mois sans voir la lumière du jour

En août dernier, le petit Enzo* voit le jour à l'hôpital de Saint-Martin. Très vite, sa mère fait part à la sage-femme qui l'a mis au monde, son désir de l'abandonner. 
Les services sociaux sont alertés, mais le bébé n'est pas placé en famille d'accueil. Il est laissé au service de néonatalité. 
"A un mois et 10 jours, il n'avait toujours pas vu la lumière du jour... AVec des lumières artificielles tout le temps dans les yeux, avec différentes équipes, aucun visage de référence... Avec des scopes, des bips sans arrêt... Donc jamais un service où il a pu dormir dans le silence. Donc il développait ce que l'on appelle un syndrome d'hospitalisme (syndrome de régression mentale que développent des jeunes enfants séparés brusquement ou longuement de leurs parents et hospitalisés pendant de longues périodes. Seul remède : apporter à l’enfant l’attachement dont il a besoin pour grandir. Souce France 5), il développait un eczéma. Il pleurait sans cesse, il réagissait violemment au moindre bruit" se souvient la sage-femme. 

Un parrainage pour le petit garçon qui trouve un foyer

Pour offrir au petit Enzo de meilleures conditions d'épanouissement, un système de parrainage est mis en place. Des permissions sont accordées au personnel qui souhaite l'accueillir quelques jours. La sage-femme le prend chez elle. "Pendant quatre jours, cet enfant s'est développé chez moi. Il a commencé à gazouiller. Il souriait, il réagissait. Dans le même temps, je reçois l'appel de la maman. Elle me dit que si l'enfant est si bien chez moi, est-ce que je ne voudrais pas garder son enfant. Je lui répond que franchement, je commence à m'attacher à lui".
Devant notaire, la mère lui délègue alors l'autorité parentale. La justice la nomme administratrice ad hoc (mandataire désigné par un juge d’instruction, un juge des enfants, un juge des tutelles, un procureur, ou par une juridiction, à l’effet de représenter ou assister un mineur) et elle entame une procédure pour être définitivement sa tutrice. 

Enzo éloigné de sa nouvelle maman

Mais, en début d'année, l'enfant, considéré comme pupille de l'Etat lui est brutalement retiré et placé dans une famille. Elle se souvient : "En 2 heures, ils me l'ont arraché... Parce que c'était mon enfant, ce n'était pas un paquet, j'ai préparé tout ce qu'une mère aurait mis dans un sac pour son enfant qui part. Même un doudou pour qu'il garde une trace de moi". 
Elle attaque alors cette décision et gagne son procès. Le 22 février dernier, la justice annule l'arrêté ayant fait du petit Enzo un pupille d'Etat et donne la totale autorité parentale à sa sage-femme. 
Son avocate maître Loïse Guillaume-Matime explique la démarche entreprise : "Nous avons pris attache avec la Direction Enfance et Famille et nous leur avons dit de préparer la famille qui a l'enfant afin que ma cliente puisse récupérer son enfant. A la Direction, ils nous ont dit qu'ils ne remettraient pas l'enfant parce qu'ils avaient l'intention de contester. Ils nous ont dit que c'est l'intérêt supérieur de l'enfant. Je n'ai pas connaissance d'appel, ni d'une quelconque procédure de cette décision"

En attendant, le petit Enzo, lui, est toujours loin de sa nouvelle maman. 

Malgré nos nombreuses sollicitations, la collectivité de Saint-Martin n’a toujours pas donné suite à nos demandes d’interviews.

*Le prénom du bébé a été changé à la demande de sa représentante pour les besoins de l'article.