Emplois, salaires : les femmes moins bien loties que les hommes

Plus que les hommes, les femmes ont pâti de la pandémie, dans la zone Caraïbe/Amérique latine ; elles ont davantage perdu leur emploi. En Guadeloupe, la solution de l'entreprenariat est brandie. Mais quant aux inégalités de salaires, le constat est sans appel dans la fonction publique du territoire.

En ce 08 mars 2022, Journée internationale des droits des femmes, l’Organisation internationale du travail (OIT) de la zone Caraïbes/Amérique latine s’est penchée sur l’emploi de la gente féminine, en cette période de crise sanitaire et économique.
Le constat est sans appel : le recul de l’égalité entre l’homme et la femme au travail est sans précédent, comme le souligne la note datée du 3 mars dernier.

En Guadeloupe, une association entend miser sur l'entrepreneuriat, pour l'insertion professionnelle des femmes.

Pour autant, l'égalité hommes/femmes quant aux rétributions n'est toujours pas d'actualité, dans la fonction publique, souligne l'INSEE.

Emploi et pandémie : l'écart se creuse, entre hommes et femmes

Les femmes de la région Caraïbe/Amérique latine sont 4,2 millions à avoir perdu leur emploi, ces derniers mois. La crise sanitaire les a bien plus affectées que les hommes.
Le directeur de l’Organisation internationale du travail pour l’Amérique Latine et les Caraïbes évoque un recul inquiétant de l’égalité entre les hommes et les femmes et estime qu’il faut, aujourd’hui, redoubler d’effort pour générer de nouvelles opportunités, en faveur des femmes.
Les chiffres sont en effet, désormais, à des niveaux proches de ceux des années 90, avec un taux d’activité régional des femmes tombés à 47% et un taux de chômage qui s'élève à quasiment 13% (contre environ 9%, en 2019).

A l’origine de cette dégradation, la fermeture, en raison de la crise sanitaire, de centres d’éducation et de soins, de commerces, de restaurants, d'hôtels, de lieux de loisirs, mais aussi la baisse d’activité dans l’emploi à domicile ou informel ; en somme, là où la main d’œuvre féminine était très importante.

Tout aussi inquiétant : la pandémie a également accentué les inégalités sociales structurelles, en Amérique latine et dans la Caraïbe. Les femmes des milieux ruraux, celles qui sont moins formées, celles d’origine Africaine, ou encore les familles monoparentales ont été les plus touchées par ce phénomène de recul de l’emploi.

L'entreprenariat : une solution d'insertion

L’association "100.000 Entrepreneurs" et ses partenaires ont lancé, hier (lundi 7 mars 2022), la dixième édition des "Semaines de sensibilisation des jeunes - Femmes et entrepreneuriat" aux Antilles.
Depuis 2013, "100.000 Entrepreneurs" s’engage pour l’entrepreneuriat au féminin.
Au programme de cet évènement 2022, qui se tiendra jusqu'au 25 mars prochain : des témoignages d’entrepreneures en milieu scolaire (collèges, lycées et établissements supérieurs) et extrascolaire, pour sensibiliser les jeunes de 13 à 25 ans à l’entrepreneuriat porté par les femmes et à la mixité professionnelle.
Cette année, plus de 1800 entrepreneures de différents secteurs iront sensibiliser près de 40.000 jeunes, explique Michèle Papalia, directrice interrégionale BPI France aux Antilles-Guyane :

Michèle Papalia, directrice interrégionale BPI France aux Antilles-Guyane ©Bruno Pansiot-Villon - Guadeloupe La 1ère


Les écarts de salaires toujours flagrants, en Guadeloupe

Et toujours dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes, l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) a réalisé une publication traitant des écarts de salaire, entre les hommes et les femmes, dans la fonction publique (hors sphère hospitalière). Un rapport baptisé de façon très explicite "En Guadeloupe, dans la fonction publique d’État, l’écart de salaire entre hommes et femmes est lié à la nature des emplois".

Il s'avère que fin 2018, en Guadeloupe, dans la fonction publique d’État, les hommes gagnaient en moyenne 17% plus que les femmes, soit un salaire net majoré de 532 euros. Plus de 40% de l’écart salarial s’explique par la différence des emplois occupés, en termes de professions et de niveau hiérarchique.

Au sein de la fonction publique territoriale, l’écart est plus faible : 8%. Les femmes touchent 164 euros de moins que leurs collègues masculins. La durée de travail y constitue la principale source de l’écart de salaire (69%).

L'INSEE a listé les différents facteurs qui influencent l'inégalité de traitements.
Elle s'explique notamment par les différences d'âge, alors que les femmes sont en moyenne plus jeunes que les hommes en poste.
La durée de travail explique aussi les disparités salariales, c'est même le premier facteur qui les explique au sein des collectivités territoriales, sachant que 16% des agents territoriaux féminins ont recours au temps partiel, contre 8% des hommes.
Dans la fonction publique d’État (hors enseignants), l’écart de salaire est lié à la ségrégation professionnelle à 43% ; ce terme désigne le fait que les femmes et les hommes occupent des emplois différents, à âge, localisation du poste et durée du travail identiques. 
Il y a aussi moins de femmes dans les ministères et administrations où les rémunérations sont plus élevées. Il s'agit cette fois de ségrégation horizontale.