Éruption Saint-Vincent : dans l'attente de nouvelles explosions

De l'eau et des vivres pour aider les réfugiés Vincentais. Les guadeloupéens s'organisent pour prêter main forte à la population de l'île dont le volcan est entré en éruption. Les îles de l'arc antillais pourraient aussi être impactées par des nuages de cendres dans les semaines à venir.

A plusieurs kilomètres de nous, à Saint-Vincent et les Grenadines, plus de 48 heures après une éruption explosive, le volcan de La Soufrière est toujours sous surveillance. 20 000 habitants ont déjà été évacués de la zone rouge, proche du volcan.

Il y a eu de nouvelles explosions vendredi 9 avril dans la journée, d'autres sont encore attendues dans les jours voire dans les semaines à venir. Et c'est toute l'île qui se meut dans un manteau gris, sous un nuage de cendres.

Des milliers de Vincentais ont déjà été transférés vers les îles voisines. Ceux toujours sur place, se sont réfugiés en zone verte (Voir : Éruption de la Soufrière : un habitant de Saint-Vincent témoigne), zone où vit Kenville Horne, journaliste Vincentais. 

Interview de Kenville Horne, journaliste au Vincentians Newspaper

 

Le Koudmen pour Saint-Vincent et les Grenadines est lancé

Le volcan n’était pas entré en éruption depuis 1979 et une certaine panique règne dans la population. Les 12 000 à 16 000 habitants du nord sont donc évacués en ce moment même. 

En attendant, toutes les îles de la Caraïbe se tiennent prêtes à porter mains fortes à l’archipel de Saint-Vincent et des Grenadines.

Ce lundi 12 avril, un navire vénézuelien devrait arriver dans l'archipel avec de l'eau. Chez nous, les initiatives se multiplient. Associations, organisations non gouvernementales… Le Koudmen pour Saint-Vincent est lancé.

La Croix-Rouge par le biais du Pirac, cette Plateforme d'intervention régionale Amérique Caraïbe a déjà apporté une première réponse fournissant des ressources matérielles et humaines. L'association Contacts et recherches Caraïbes (Coreca), de son côté, échange avec des réfugiés installés à Antigua afin d'évaluer leurs besoins urgents.

Regardez le reportage de Paul-Henri Schol et Daniel Quérin

Et si vous voulez proposer de l’aide aux habitants de Saint-Vincent et des Grenadines, vous pouvez vous rapprocher du Coreca ou encore de la plate forme de la Croix Rouge, La Pirac, qui recueille des dons en numéraires.

Un impact des cendres sur les îles de l'arc antillais

Voisine de Saint-Vincent, la Barbade reçoit aussi des nuages de cendres mais aucun des territoires de l'arc antillais n'est pour autant à l'abri, d'autres îles pourraient être impactées. Bien que n'étant pas un volcan majeur, La Soufrière pourrait causer des dégâts au delà des frontières de l'île. 

C'est possible dans les semaines à venir. Aujourd'hui, la Martinique et la Guadeloupe sont épargnées en raison d'un régime de vents très particuliers pour la saison. 

Nous avons des vents qui soufflent de la Caraïbe vers l'Atlantique. C'est une chance pour nous parce que les cendres émises par le volcan de la Soufrière de Saint-Vincent se dirigent directement vers l'Atlantique. Donc pour le moment, elles n'intéressent pas la Martinique, ni Sainte-Lucie et encore moins la Guadeloupe. Mais la Barbade est quasiment dans le panache de ces cendres volcaniques.  

Jean-Noël Degrace, chef de centre Météo France Martinique

 

Ces vents inhabituels devraient changer en deuxième partie de semaine prochaine avec une réorientation vers l'arc antillais.

Les vents d'ouest vont tourner progressivement au sud-ouest par exemple dans les premières couches de l'atmosphère donc on peut et on doit s'attendre à un moment donné à avoir des cendres volcaniques qui vont venir, dans le ciel de la Martinique où il ne va pas forcément y avoir de grosses retombées.

Jean-Noël Degrace, chef de centre Météo France Martinique

 

Avec la reprise du régime d'alizés, les cendres parties à l'est seront de plus à nouveau poussées vers l'arc antillais. Nos îles devront s'attendre à un ciel voilé, plus ou moins opaque et peut-être des retombées au sol. Si ces particules très abrasives sont un danger pour la santé publique, elles peuvent aussi impacter la navigation aérienne. Des restrictions de vols ont déjà été émises à Sainte-Lucie, la Barbade et Saint-Vincent.

Les explosions se succèdent et le phénomène ne fait peut-être que commencer. Le directeur du Centre de recherches sismiques des West Indies l'a annoncé, l'activité pourrait bien durer des semaines voire des mois.