Les présidents des dix-sept Sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural (SAFER) de France sont en Guadeloupe, depuis mercredi 11 janvier 2023, de même que le président de la Fédération nationale des SAFER. Cette visite vise à mieux comprendre les enjeux de notre région, en termes de gestion foncière rurale et agricole. Dans ce cadre, des tables rondes, des rencontres et des visites de terrain sont programmés.
Evaluation 42 ans après la réforme de 1981
Missionnées par l’État, les SAFER ont pour mission d’acquérir des terres, afin de les rétrocéder à des exploitants agricoles. En Guadeloupe, la SAFER pilote la grande réforme foncière lancée en 1981.
Le bilan de l’action de cet organisme était le sujet d’une table-ronde, qui s’est tenue jeudi, dans les locaux de l’INRAE (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement), à Duclos Petit-Bourg.
Cette réforme agraire, qui n’est pas encore terminée, a permis à la SAFER de faire l’acquisition de 10.500 hectares, sur d’anciens domaines sucriers. 688 fermiers, regroupés en 38 groupements fonciers agricoles (GFA), ont été installés sur 7 100 hectares, soit un quart de la surface agricole totale. Chaque exploitant a ainsi obtenu un d’au moins 7 hectares.
Emmanuel Hyest, président de la Fédération nationale des SAFER, parle de réussite.
Globalement, cela a permis l’installation de nombreux agriculteurs, la protection des terres agricoles, parce que ce n’est pas une mince affaire, dans un territoire où il y a une très forte pression et une différence très importante entre le prix du foncier agricole et celui du foncier d’urbanisme. Ca a aussi réussi puisque ça a permis de relancer, à l’époque, la filière canne.
Emmanuel Hyest, président de la Fédération nationale des SAFER (interrogé par Josiane Champion)
Aujourd’hui, au bout d’une quarantaine d’années, il apparait nécessaire à Emmanuel Hyest de redéfinir une politique agricole, en Guadeloupe, pour répondre aux différents enjeux du moment : l’installation des jeunes, ou encore l’adaptation au changement climatique. Et, alors que l’autonomie alimentaire est un défi mondial, il faut aussi maximiser la production locale.
Exemple réussi d’une installation
Suzia Morgène a été installée en 2014 à la section Trinité, à Petit-Bourg. Sur les 9 hectares qui lui ont été attribués, elle produit des bananes plantains, des ananas, des agrumes, ou encore des fruits de la passion. Suzia n’est pas livrée à elle-même, puisqu’elle bénéficie de l’appui technique de la SAFER, par l’intermédiaire d’un conseiller foncier.
Gessy Blanquet et Mickaël Bastide l’ont rencontrée. Voici leur reportage :
Je ne suis pas fille d’agricultrice, je suis tombée dans l’agriculture par hasard, depuis mes 19 ans et j’en ai fait mon métier. C'est u’ métier que j’aime et que je fais avec beaucoup de passion.
Suzia Morgène, agricultrice installée par la SAFER
Mais, comme précisé dans ce reportage, les demandes d’installation sont plus nombreuses que les terrains disponibles. Tous les candidats n’ont donc pas la chance de Suzia Morgène. Des centaines de jeunes formés sont en attente de foncier pour réaliser leur projet.
C’est l’une des remarques faites par Christelle Théophile à Rodrigue Trèfle.
Les enjeux, les projets
Rodrigue Trèfle, le président de la SAFER Guadeloupe était l’invité du journal de 19h30 de Guadeloupe La 1ère, jeudi 12 janvier 2023.
Pour lui, alors que l’archipel importe près de 80% des denrées consommées sur place, l’autosuffisance alimentaire est un objectif inatteignable, à court terme. Mais la marge de progression reste importante, quant à la production locale.
Contrairement à d’autres territoires métropolitains, on a un potentiel de développement non négligeable. C’est vrai qu’on a deux problèmes majeurs, sur lesquels la SAFER va porter sa contribution : les terres en friche et incultes.
Rodrigue Trèfle, président de la SAFER Guadeloupe
Il s’agit désormais de passer le flambeau à la génération suivante. Les terres rétrocédées des dernières décennies doivent rester agricoles et bénéficier aux jeunes agriculteurs formés. La SAFER et ses partenaires doivent accompagner cette transmission.