Frankétienne, figure emblématique de la culture haïtienne disparaît à l'âge de 88 ans

Lors de l'exposition "Pour la lumière et la mémoire" en avril 2014, Frankétienne pose devant son acrylique sur toile, peinte en janvier 2010.
Jean-Pierre Basilic Dantor Franck Étienne d'Argent, plus connu sous le nom de Frankétienne, s'est éteint, ce 20 février, à l'âge de 88 ans. Il était est considéré comme l’un des pionniers de la littérature haïtienne.

L'écrivain, poète, peintre, dramaturge, enseignant, Frankétienne, de son vrai nom Jean-Pierre Basilic Dantor Franck Étienne d'Argent est né le  à Ravine Sèche, dans le département de l'Artibonite. 

Il grandit dans un milieu rural créolophone et pratique le français à Port-au-Prince où il est scolarisé. Il intègre l’Institut des Hautes Etudes internationales. Il devient enseignant puis directeur d'école. 

Au début des années 70, avec l'arrivée au pouvoir des Duvalier, il est proche du groupe "Haïti littéraire" que côtoient d'autres écrivains, à l'instar de René Philoctète ou Anthony Phelps.

La pression de la politique de Duvalier sur la vie culturelle haïtienne pousse plusieurs auteurs à quitter le pays et à s'exiler en France, au Canada... Tel un acte de résistance, Frankétienne choisit de rester dans son pays où il entreprend de lutter, par l'écriture. Il poursuit également sa carrière d'enseignant.

Il publiera ainsi plus de quarante ouvrages dont le fameux Dézafi, en 1975, premier roman écrit en créole haïtien où il dénonce l'oppression et la résilience du peuple. 

Frankétienne est aussi poète. Avec Jean-Claude Fignolé et René Philoctète, il crée le mouvement "spiralisme", dans les années 60. Un style qui privilégie une écriture dynamique, en mouvement, telle une spirale qui mêle français et créole.

L'homme était aussi un peintre talentueux. Son art, proche de l'abstrait, aux couleurs vives fait toujours référence à son pays. 

Haïti perd un écrivain incontournable et une figure emblématique de son histoire.