Joanie habite dans le lotissement "Village Fleury", à Chauvel, sur le territoire de la ville des Abymes. Elle est propriétaire de sa maison. Depuis un mois, les robinets de son logement sont à sec. Les autres habitants du secteur sont soumis au même régime sans eau. La détresse, au sein de tous ces foyers, est donc la même.
Tous ont beau entendre que cette pénurie est causée par une rupture de canalisation indépendante de la volonté de l’opérateur gestionnaire de la ressource, cet argument n’atténue pas les souffrances causées par la situation.
Ces usagers font partie de ceux impactés par la casse de la canalisation principale (FEEDER) qui relie la Basse-Terre à la Grande-Terre, après un acte présumé de malveillance. Sauf que 10 jours avant, ils étaient déjà victimes d’une coupure et, depuis la fin des réparations, rien n’a changé.
Quatre semaines à espérer que l’eau va à nouveau couler, qu’il sera possible de se doucher, de tirer la chasse d’eau, de faire la vaisselle, d’assurer l’hygiène de la maison ou encore de cuisiner, sans avoir à acheter des bouteilles d’eau minérale, ni transporter des mètres cubes de ce liquide indispensable.
Le pire, pour Joanie, c’est le manque de réponses et de solutions.
Nous sommes régulièrement touchés par les tours d’eau, donc nous sommes régulièrement sans eau ; c’est vraiment très dérangeant mais, bon, la plupart des personnes de Guadeloupe sont également sans eau... mais, là, depuis quatre semaines, nous n’avons pas une goutte d’eau ! (...) Nous sommes sans réponse, puisque le SMGEAG met en doute le fait que nous n’ayons pas d’eau dans nos robinets, comme s’il était possible se tromper ! Ils n’envoient personne, donc on ne sait pas si c’est local, si c’est propre à notre résidence, on n’a pas de solution.
Joanie Séné, résidente de Chauvel, aux Abymes
Un cauchemar, un calvaire, une situation pesante au quotidien, pour les familles concernées.
On est un peu désarmés. On ne sait plus à qui s’adresser. On essaie d’appeler la municipalité, les élus... personne n’a de réponse. On essaie de bénéficier de ce qui est mis en place, la distribution d’eau, on ne nous répond pas. Le SMGEAG a l’habitude d’envoyer des SMS pour toutes espèces de factures, mais nous n’avons aucune information sur notre situation. Donc, on se sent lésés, laissés de côté et on se demande si on est considérés comme des citoyens, comme des êtres humains.
Joanie Séné, résidente de Chauvel, aux Abymes
Le manque de réponses limpides et le sentiment de se faire balader provoquent colère ou abattement.
Toutes les réponses qui nous sont faites sont très désagréables. Au SMGEAG, les personnes sont plus énervées que nous, elles ne comprennent pas pourquoi on appelle, elles nous disent que c’est passé à la télé : l’eau est revenue. Elles mettent en doute, vraiment, le fait qu’on n’ait pas d’eau.
Joanie Séné, résidente de Chauvel, aux Abymes
Leurs demandes de déplacement d’un technicien sont restées lettres mortes.
Dans le quartier, la solidarité joue : les voisins s’échangent régulièrement des informations, prennent des nouvelles des plus fragiles, notamment des personnes âgées, mais le quotidien reste compliqué.
On a de la famille, des connaissances qui nous proposent de venir prendre une douche, de faire des réserves... Mais vous vous doutez bien qu’en Guadeloupe, il fait chaud, les gens se douchent deux à trois fois par jour, on ne peut décemment pas embêter des gens tous les jours. Cela impacte leur facture d’eau quand même.
Joanie Séné, résidente de Chauvel, aux Abymes
Ce que vivent les habitants du lotissement "Village Fleury" est intolérable. Chacun d’eux reçoit pourtant des factures d’eau, pour un service en dessous de tout.
*SMGEAG : Syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement de la Guadeloupe.