L’ordonnance sera rendue par le juge du tribunal administratif de la Guadeloupe, demain (jeudi 25 avril 2024) dans l’après-midi, au plus tôt. C’est sur cette annonce que l’audience s’est achevée ce mercredi matin, à Basse-Terre, suite à la demande en référé du collectif Liyannaj Kont Pwofitasyon (LKP) de suspendre l’arrêté préfectoral du 20 avril 2024 portant couvre-feu pour les mineurs dans plusieurs quartiers des Abymes et de Pointe-à-Pitre, pour un mois renouvelable.
Le LKP dénonce une atteinte à la liberté de circuler. Selon ce collectif, face à l’échec des élus sur plusieurs problématiques importantes (le chômage, l’éducation, l’insertion, la pauvreté, l’exclusion ou encore la misère), les jeunes guadeloupéens de moins 18 ans deviennent des boucs émissaires de la société et du gouvernement.
Le couvre-feu décidé par le ministre de l'Intérieur et mis en œuvre dès lundi 22 avril 2024 est une atteinte grave et manifestement illégale, du point de vue du chef de file du LKP, qui parle d’une mesure exclusivement répressive. Elie Domota regrette qu’aucun dispositif éducatif ne soit prévu.
(...) Nous rappelons que les textes en matière de privation de liberté des jeunes sont très clairs. On ne peut pas proposer un couvre-feu sans mettre en place des dispositions d’éducation en parallèle. Pire, quand on regarde ce qui se passe en Guadeloupe : est-ce que les jeunes sont à l’origine du manque d’encadrement sanitaire pour les personnes relevant de la psychiatrie ? Non ! Est-ce que les jeunes de moins de 18 ans sont à l’origine de tous les braquages et tous les meurtres ? Non ! Au final, comme ils sont dans l’incapacité d’apporter des solutions, ils attaquent la communauté la moins en capacité de se défendre : les jeunes.
Elie Domota, leader du LKP [traduction du créole]
Les demandeurs étaient représentés par Maître Roland Ezelin, au tribunal administratif, ce mercredi matin :
D’abord, il [NDLR : l’arrêté préfectoral] est inadapté et, ensuite, il est illégal. Il donne le sentiment de régler un problème qui est fondamental pour nous, le problème des jeunes, alors qu’il ne règle rien. Et, de plus, il se heurte à un certain nombre de principes, qui sont des principes fondamentaux : lorsqu’on veut véritablement aider les jeunes, on commence par enseigner, on commence par recueillir les besoins des jeunes et, surtout, on fait disparaître tous les maux sociaux qui attirent les jeunes dans une situation de délinquance (...)
Me Roland Ezelin, avocat du LKP
Le collectif critique les élus locaux qui acceptent ce couvre-feu alors que, dans l’Hexagone, de tels dispositifs sont appliqués aux adolescents de moins de 13 ans à partir de 23h00.
Elie Domota et le LKP prônent la création d’infrastructures dans les quartiers permettant à la jeunesse locale de s’occuper sainement et d’avoir des perspectives : des sites et associations dédiées aux activités culturelles et sportives, par exemple.
Le porte-parole emblématique de la grève générale de 2009 en Guadeloupe n'était pas présent au tribunal ce mercredi matin. Le LKP était représenté par son avocat et une poignée de militants.