La famille de Cédric Cornet n’entend pas en rester là. Les grands-parents, parents et l’épouse du maire du Gosier et président de la Communauté d’agglomération La Riviéra du Levant (CARL), ne se satisfont pas des conclusions de l’autopsie, réalisée vendredi dernier, au lendemain de son décès brutal. L’avocat de l’élu, Maître Freddy Brillon, qui reste le conseil de ses proches, envisage de demander une contre-expertise indépendante.
Pour rappel, l’enquête sur les causes de la mort de Cédric Cornet a été classée, dès lors que le médecin légiste a produit son rapport. Ce dernier précise que le président de la CARL, âgé de 43 ans, a succombé à une "asphyxie par obstruction alimentaire", le 21 mars 2024, à son domicile. Son corps a été découvert dans la salle de bains.
Des "éléments qui interrogent"
Un certain nombre de points interpelle les proches du défunt. Me Brillon veut donc prendre le temps d’analyser le rapport d’autopsie qui doit lui être transmis. Ce document doit lui apporter des précisions médico-légales
Nous avons un premier bilan très sommaire de la part du Parquet, très insuffisant eu égard aux déclarations qui ont été faites par le directeur du SDIS [NDLR : Service départemental d’incendie et de secours] le soir du drame, qui ne corroborent pas du tout l’expertise médico-légale et quelques éléments exogènes que j’ai relevés (parce que j’étais présent le soir au domicile de Monsieur Cornet) ; un certain nombre d’éléments m’interroge.
Maître Freddy Brillon, avocat de la famille de Cédric Cornet
Maître Freddy Brillon estime que les communications sur les causes du décès du maire du Gosier étaient prématurées. Pour lui, le soir des faits, on ne pouvait pas conclure à une mort accidentelle, dans la mesure où "la première constatation faite par les services des pompiers était une rupture des cervicales".
Je ne comprends pas comment on peut passer d’une rupture des cervicales à un étouffement. J’ai moi-même consulté mes légistes, qui m’indiquent que c’est extrêmement rare, pour un homme de 43 ans. Le corps a ses réactions, qui empêchent que l’étouffement ne se produise.
Maître Freddy Brillon, avocat de la famille de Cédric Cornet
Une contre-expertise réclamée
Le cas échéant, l’avocat réclamera des examens complémentaires auprès du procureur de la République.
Je solliciterai très probablement une contre-expertise avec un collège de médecins venant de métropole, pour nous assurer que la situation de Monsieur Cornet n’est pas celle de quelqu’un qui a été victime d’actes criminels. Ce sont des interrogations, il n’y a pas d’accusation pour l’instant, mais des zones d’ombre qui méritent d’être explorées.
Maître Freddy Brillon, avocat de la famille de Cédric Cornet
Des questions subsistent, notamment par rapport à la position du corps, lorsqu’il a été retrouvé, "à la fois au niveau spatial, mais aussi au niveau physique" argumente l’avocat.
Lorsque vous avez un élément qui paraît ne pas corroborer les autres, immédiatement il faut pratiquer des contre-expertises, des examens supplémentaires, que j’ai demandés : des examens sur la toxicologie. Que cela survienne aussi brutalement nous pose un certain nombre d’interrogations, auxquelles il faudra répondre.
Maître Freddy Brillon, avocat de la famille de Cédric Cornet
Dans ces circonstances, aucune date n’est pour l’heure avancée pour la tenue des obsèques de Cédric Cornet.
Le corps doit rester à la disposition de la justice, doit rester à la disposition des experts, jusqu’à ce qu’il y ait la manifestation de la vérité.
Maître Freddy Brillon, avocat de la famille de Cédric Cornet
Face à ce dossier complexe, Me Brillon promet de revenir vers la presse pour délivrer de plus amples informations.
"Aucune fracture" révélée
Suite aux déclarations de l'avocat de la famille de Cédric Cornet (diffusées sur Guadeloupe La 1ère, en radio et dans cet article) la procureure de la République de Pointe-à-Pitre a tenu à apporter des précisions, sur les résultats de l'autopsie. Caroline Calbo affirme que "la procédure habituelle a été suivie, dans l'enquête pour recherche des causes de la mort" et, comme de rigueur, des "prélèvements pour analyses toxicologiques et anatomopathologiques" ont été pratiqués. Autre précision d'importance, qui va en opposition avec la thèse développée par Me Brillon :
Le scanner du corps avant autopsie qui n’a révélé aucune fracture (...). On peut rappeler que seule l’autopsie permet de déterminer la cause de la mort.
Caroline Calbo, procureure de la République de Pointe-à-Pitre
Par ailleurs, cité par l'avocat de la famille Cornet, le directeur du SDIS Guadeloupe, dément les propos qui lui sont prêtés :
Faisant suite à certaines déclarations faites le lundi 25 mars 2024, la direction du SDIS dément les propos rapportés. En effet, aucune déclaration n'a été faite le soir du drame par le DDSIS. Qui plus est, le rapport d'intervention mentionné n'a, à ce jour, pas encore été établi. Nous rappelons que le SDIS n'est pas habilité à faire le constat d’un décès, ni à en faire la déclaration, missions qui relèvent d’un membre du corps médical.
Félix Anténor-Habazac, contrôleur général, directeur du SDIS Guadeloupe
Il est certain, à en croire les nombreux commentaires, réactions, voire soupçons exprimés dans différentes sphères locales, suite à la mort de l'élu Gosiérien, que cette affaire n'est pas close, contrairement à l'enquête judiciaire.