Faut-il fermer l'église Saint Pierre et Saint Paul de Pointe-à-Pître ?

Eglise de Saint Pierre et Saint Paul lors de l'entrée en Carême
Une question qui est devenue cruciale ces derniers jours et qui anime de nombreuses discussions entre la sous-préfecture, la mairie et la paroisse. L'enjeu est de taille puisqu'il s'agit de tenir compte de deux paramètres désormais opposés : La pratique des fidèles et leur sécurité
C'était mercredi dernier. Ce jour-là, l'église accueillait les nombreux fidèles venus accomplir le rituel des cendres marquant leur entrée en Carême. Très peu d'entre eux auront remarqué la présence inhabituelle de deux agents aux portes de l'église. C'est que, depuis le 21 février, après avoir relancé la mairie par de nombreux couriers pour demander la réalisation de travaux d'urgence pour sécuriser l'utilisation de l'église, le sous-préfet a décidé de prononcer la fermeture de l'église. Une dérogation est cependant accordée pour la tenue des célébrations, des enterrements et des mariages. A condition que ces restrictions se déroulent en présence d'au moins deux agents de surveillance de la voie publique.
Une décision immédiatement appliquable. Mais, en raison du manque de moyens de la mairie et pour éviter une fermeture totale en attendant ces travaux, c'est l'Association de Sauvegarde de Saint Pierre et Saint Paul qui a assumé le paiement de cette mesure. Dès le samedi, deux ASVP étaient positionnés le matin pour un enterrement et le soir pour la messe. Idem le lendemain lors des deux messes dominicales et durant la semaine lors des messes quotidiennes et celle de l'entrée en Carême le mercredi des cendres 
Eglise de Saint Pierre et Saint Paul de Pointe-à-Pître, 26 février 2020
 

La nécessité d'une décision rapide et concertée  


Après cette première semaine, une rencontre a eu lieu entre la mairie, la sous-préfecture, la Région, la DRAC, les entrepreneurs concernés et la paroisse afin d'envisager ce qui est à faire d'urgence et les mesures de sécurité à prendre durant ces travaux. 
De fait, il s'agira surtout de garantir la fiabilité de la toiture  ainsi que celle des circuits électriques de l'église. Des travaux que la Région avait envisagé de prendre en charge, tout ou partie. Elle reste prête à donner une participation à hauteur de 300 000 Euros. De quoi consolider la toiture et entamer les nécessaires travaux d'électricité, sans que pour autant cela suffise, eu égard au vaste chantier que la remise aux normes d'un tel édifice suppose. Le Président de Région n'exclut d'ailleurs pas de mobiliser d'autres niveaux de responsabilité pour aller plus loin dans cet effort financier 

©guadeloupe


Les travaux urgents listés lors de cette réunion devraient durer près de deux mois. Il s'agira alors de mettre en place une organisation de l'utilisation de l'église durant ceux-ci. D'ores et déjà, le curé de la paroisse Edouard Silène a procédé à un relevé des jours et heures où l'église est obligatoirement occupée. Un relevé qu'il a transmis à la Sous-Préfecture afin qu'elle prenne un arrêté qui établira la liste des dérogations à son arrêté de fermeture, toujours avec la garantie de la présence des ASVP. Avec, bien entendu, une pression particulière pour la Semaine Sainte entre le 6 et le 12 avril au cours de laquelle l'Eglise sera beaucoup plus fréquentée. 
Mais il faudra parallèlement trouver les moyens de rémunérer ces ASVP. Aucune certitude n'est encore établie même si on parle d'une éventuelle participation de la DRAC.
 


Une église qui dépend de la ville de Pointe-à-Pître 


En fait, la grande difficulté de ce monument c'est qu'il relève de la commune. Contrairement à la Cathédrale de Basse-Terre qui relève de l'Etat, l'église Saint Pierre et Saint Paul, encore appelée par les Pointois et par beaucoup de Guadeloupéens "Grand église" est certes classée aux monuments historiques mais elle dépend de la commune.
Or, durant ces derniers années, sa remise en état n'a pas été une priorité. Des travaux avaient certes été entamés il y a une vingtaine d'années, mais ils sont demeurés inachevés. 


A plusieurs reprises, les difficultés notamment générées pas la toiture obsolète, ont incité à prendre des mesures de protection ou de mise en sécurité mais c'est la première fois que l'urgence de ces travaux est clairement soulignée.
Il est clair que, la décision de la sous-préfecture intervenant en pleine campagne électorale, le sujet ne manquera pas d'être un argument politique. Argument certes contre la municipalité sortante, mais argument sur lequel tous les candidats auront à se positionner, y compris les sortants, pour expliquer aux paroissiens, par ailleurs électeurs, ce qu'ils comptent faire pour garantir leur lieu de culte et réhabiliter un monument qui fait partie du patrimoine de la ville et, plus largement, de la Guadeloupe. Quand on connait les moyens financiers limités de Pointe-à-Pître et son contexte de déficit budgétaire, on peut imaginer que l'enjeu sera de taille, presqu'aussi haut que cette "grande église" de Pointe-à-Pître.

Eglise Saint Pierre et Saint Paul 26 février 2020