Le Centre des Métiers d'Art en voie de disparition

L'herbe qui envahit les abords du Centre témoigne déjà de la situation qu'il traverse.
Initiative prise par Henri Bangou alors maire de Pointe-à-Pître, le Centre des Métiers d'Art a vu le jour en 1973. L'établissement est alors la première école privée d'arts plastiques et devient même, 18 ans après sa création, un véritable Centre de formation agréé par l'Etat. Mais aujourd'hui, 50 ans après, son avenir est compromis, on parle même de sa fermeture. Une échéance qui fait réagir les artistes, notamment ceux qui y sont passés, et aussi, des élus de Pointe-à-Pître.

Le Centre des Métiers d'Art de Pointe-à-Pître va fermer ses portes. Le mot est passé sur les réseaux sociaux et a très vite entraîné une vive réprobation. L'idée même de la fermeture d'une telle structure ne passe pas.
Géré par une association et garanti par la municipalité de Pointe-à-Pître, le Centre traverse aujourd'hui de grandes difficultés financières qui menacent jusqu'à son existence même. C'est le conseiller municipal d'opposition Loïc Martol qui, le premier, a mis les pieds dans le plat.

©Guadeloupe

Des circonstances sur lesquels le maire de la ville tient à s'expliquer. Il faut d'abord assainir la situation actuelle avant d'envisager un quelconque avenir.

Le sort du Centre des Métiers d'Art, c'est depuis avril 2022 que le conseil municipal de Pointe-à-Pître a voté, à la demande de la Chambre régionale des Comptes, le principe du remboursement par l'association de gestion du Centre des Métiers d'Art, des frais de personnels qui étaient payés par la ville pour environ 9 personnes qui travaillent au Centre des Métiers d'Art. La Chambre régionale des comptes a plusieurs fois depuis 2018, notamment, alerté sur l'illégalité de ce mode de gestion qui est une gestion de fait. Nous sommes élus depuis 2020 et depuis, nous nous employons à résoudre toutes ces situations d'illégalités qui conduisaient la ville à la faillite. Aujourd'hui nous avons demandé à l'association de gestion du centre de rembourser aux contribuables pointois les 900 000 € que cette association doit à la ville. Mais l'association s'est donc trouvée en cessation de paiement car elle ne peut pas payer cette somme puisque, on faisait vivre l'association du CMA sur le dos des contribuables pointois et sans aucune convention.

Harry Durimel, maire de Pointe-à-Pître

Un patrimoine culturel et pédagogique

Si l'institution est discrète, elle n'en a pas moins été efficace depuis sa création. Jusqu'à présent, le Centre des Métiers d’Art de Pointe-à-Pitre a accueilli des jeunes bacheliers de Guadeloupe, Martinique, Guyane, Saint-Martin et les a préparés aux concours d’entrée dans les grandes écoles d’art. Il disposait pour cela de 11 ateliers :

  • Initiation au dessin
  • Arts plastiques
  • Marionnette et masques
  • Modelage et poterie
  • Couture initiation et avancé
  • Initiation au modelage
  • Initiation à la BD, illustration, texte et image
  • Initiation à la photographie 
  • Arts platisques
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Après l'avoir géré directement, la municipalité a confié sa gestion à une association en lui donnant pour objectifs principaux :

  • Former jeunes et adultes, à l’expression plastique, artisanale et aux techniques artisanales ;
  • Accompagnement dans le choix de l’orientation de l’élève ;
  • Préparation aux divers concours d’entrée dans les grandes écoles d’art.

L'idée de perdre un tel atout fait donc réagir. Pour le maire il faut trouver une structure et une organisation adéquates pour gérer le centre.

Pour Loïc Martol, par ailleurs conseiller régional, la Région, de paret ses compétences, pourrait aussi présider au destin du Centre des Métiers d'Art.

Moi je dis aujourd'hui que c'est une compétence formation aussi à laquelle la Région pourrait éventuellement répondre. J'avais aussi sollicité la Région sur le sujet. C'est dommage qu'on arrive à une situation avec une rentrée qui risque de ne pas se faire. La Martinique a réussi à conserver son centre. Je pense que souvent, en Guadeloupe, on pense que ce type de structures est une voie de garage ou une deuxième chance. Je ne crois pas. On a vu effectivement qu'il y a eu beaucoup de Pointois et de Guadeloupéens qui ont été formés ici et qui ont une renommée aussi bien dans l'Hexagone que dans la Caraïbe. Donc je pense qu'il faut vraiment s'en saisir. On sait que la culture c'est quand même un vecteur important au niveau de la société, on ne peut pas laisser le Centre des Métiers d'Art fermer.

Loïc Martol Conseiller régional et conseiller municipal de Pointe-à-Pître

En attendant, les perspectives immédiates sont compromises. Et en attendant l'expression de la justice dans cette affaire et la mise en place d'une éventuelle nouvelle organisation, d'ores et déjà, il va sans dire que la rentrée 2023/2024 n'aura pas lieu au Centre des Métiers d'Art de Pointe-à-Pître.